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Voyage, variants, FFP2: les 10 questions qu’on se posera en 2022 sur le Covid (et leurs réponses)

Le Vif

En 2022, tous sous masques FFP2 ? Une quatrième dose, après la troisième ? La ventilation sera-t-elle synonyme de sortie de crise sanitaire ? Faut-il vacciner d’urgence les pays défavorisés pour éviter l’émergence de nouveaux variants ? Toutes ces questions, et bien d’autres, se poseront en 2022. Le Vif a voulu, d’ores et déjà, leur apporter des réponses.

Voyage, variants, FFP2: les 10 questions qu'on se posera en 2022 sur le Covid (et leurs réponses)

Après une première détection en Afrique du Sud, le variant Omicron s’est largement répandu à travers le globe, y compris en Belgique. De quoi susciter à nouveau le débat sur la répartition des doses de vaccins anti-Covid dans le monde. Le Vif fait le point sur les enjeux.

Le variant Omicron illustre ce que bon nombre d’experts redoutent depuis le début de la campagne de vaccination mondiale : l’enjeu de la pandémie se situe chez nous, mais aussi ailleurs. Des progrès ont été faits pour vacciner le monde, mais force est de constater que l’inégalité vaccinale est toujours bien présente. Selon Our World in Data, qui recense les données Covid à travers le globe, environ 60% de la population mondiale a reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid. Mais ce sont surtout les pays à revenu élevé ou moyen supérieur qui sont concernés. L’objectif fixé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) d’un taux de vaccination de 40% dans chaque pays d’ici la fin de 2021 n’a pas été atteint, avec des écarts surtout marqués en Afrique. Dans une quarantaine de pays, moins de 10% de la population est vaccinée.

« La majorité des doses sont monopolisées par les pays riches, dans des proportions plus importantes que leurs besoins. Et les pays à faible revenu font face à des pénuries », pointe Arnaud Zacharie, secrétaire général du CNCD-11.11.11. « On a donc 80% de la population vaccinée et souvent boostée dans les pays riches, alors que seuls 6% des pays à faible revenu sont dans le cas. »

Protéger d’abord les vulnérables

Avec l’apparition de nouveaux variants, les pays riches se ruent sur les « boosters ». Une mauvaise stratégie ? Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a, une nouvelle fois, appelé les pays à ne pas se montrer égoïstes et à contribuer à une distribution équitable du vaccin : « Des programmes de rappel sans discernement ont toutes les chances de prolonger la pandémie, plutôt que d’y mettre fin, en détournant les doses disponibles vers les pays qui ont déjà des taux de vaccination élevés, offrant ainsi au virus plus de possibilités de se répandre et de muter. »

L’injustice qui existe entre les pays pauvres et riches, c’est que les personnes vulnérables sont moins bien protégées

Nathan Clumeck

L’inégalité vaccinale provoque-t-elle vraiment l’apparition de variants ? Pour Nathan Clumeck, professeur émérite en maladies infectieuses, cette affirmation est un raccourci. « La circulation du virus entraine l’apparition de variants, cela dépend de la quantité de virus qui circule et de la situation de l’immunité générale de la population. » Il estime qu’il faut aujourd’hui changer de paradigme. « On veut contrôler la transmission du virus et l’apparition de formes graves de la maladie. Ce sont deux choses distinctes : on peut vacciner les populations, mais ça n’empêche pas la transmission. Par contre, le vaccin protège de la maladie. L’injustice qui existe entre les pays pauvres et riches, c’est que les personnes vulnérables, comme les personnes âgées, sont moins bien protégées », ajoute-t-il.

« L’enjeu n’est pas de dire qu’il faut se priver au Nord pour les donner au Sud », nuance Arnaud Zacharie. « Il faut répondre mondialement à la pandémie. D’autant que le booster est devenu nécessaire avec le variant Omicron. » Mais on est « dans un cercle vicieux : la répartition est inégale, donc ça augmente les risques de variants plus contagieux et résistants aux vaccins. »

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Taux de vaccination n’est pas taux d’immunisation

Pour Nathan Clumeck, l’important est avant tout de protéger les personnes vulnérables, et ce partout dans le monde. Un besoin qui est différent selon les pays, notamment en raison du taux de personnes âgées, groupe à risque. « Prenons l’exemple de l’Inde. La vague Delta a été extrêmement meurtrière. Et aujourd’hui, il y a beaucoup moins de cas que chez nous. C’est une accumulation de trois facteurs : les personnes – plutôt aisées – qui ont eu accès au vaccin sont protégées contre la maladie, les plus vulnérables qui n’ont pas eu accès sont décédés et le reste de la population, jeune, est immunisé. Malgré un faible taux de vaccination au départ, la circulation du virus a provoqué un taux d’immunisation de 90% », explique le professeur.

La vaccination peut-elle néanmoins réduire l’apparition de variants ? Pour que ce ne soit pas le cas, il faudrait que tous les pays soient vaccinés à 90%. Irréaliste, selon lui. « C’est ce qu’on a obtenu pour la polio et la variole. Mais cela a été un consensus international de l’ONU : les pays ont imposé la vaccination à leur population dans le monde entier. On a dégagé des moyens, des infrastructures, une production de vaccins… Si on veut arrêter la circulation du virus, cela n’arrivera pas en vaccinant la moitié du monde. »

La redistribution des doses du Nord au Sud n’est pas l’unique question. Il y a d’abord eu des couacs. « De nombreuses doses sont arrivées avec une date d’expiration trop proche, rendant le déploiement difficile et amenant à la destruction des doses », indique Arnaud Zacharie. « De plus, les pays en développement sont vigilants pour ne pas devenir les poubelles des pays riches. Il y a aussi une défiance vis-à-vis des vaccins dont certains pays ne veulent pas ou plus, comme AstraZeneca. » Avec le booster, les gouvernements répondent également aux besoins de leur population et à la pression de l’opinion publique, et finalement, les pays pauvres se retrouvent « avec les miettes dont on n’a pas besoin. »

De nombreuses doses sont arrivées avec une date d’expiration trop proche

Arnaud Zacharie

Le vaccin comme bien universel commun

Des dizaines de pays moins favorisés dépendent du programme de partage de vaccins Covax, dont les livraisons se sont accélérées ces dernières semaines. Mais le mécanisme reste loin de ses objectifs. L’UE soutient Covax depuis le début. Mais Covax, qui est une centrale d’achat qui négocie au profit des plus pauvres, s’est retrouvée concurrencée par les pays riches eux-mêmes qui ont secrètement négocié des précommandes. « La Commission européenne rappelle sans cesse qu’elle est le premier exportateur de vaccin. C’est vrai. Mais 95% des exportations sont destinées à 6 pays qui ne sont pas à faible revenu (Canada, Japon, Corée du Sud, Turquie, Royaume-Uni et Brésil) C’est un écran de fumée pour masquer le véritable problème, celui des capacités de production », poursuit Arnaud Zacharie.

En augmentant les capacités de production, chaque région pourrait à terme développer des vaccins pour sa population. Un processus qui avance, lentement, mais qui se heurte aux droits de propriété intellectuelle et aux brevets détenus par les firmes pharmaceutiques. « Des entreprises sont prêtes pour développer des vaccins à ARNmessager, mais elles ne peuvent pas le faire. » Le sujet est à l’ordre du jour de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), mais certains membres continuent de refuser : l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Suisse et la Norvège, précise Zacharie.

« C’est le point le plus important », confirme Nathan Clumeck. « Le vaccin doit devenir un bien universel commun. Ce que, pour l’instant, Moderna et Pfizer refusent. C’est un problème moral, surtout avec les bénéfices qu’ils ont faits. Il faut sortir d’une logique du profit pour entre dans une logique de santé publique. »

Olivia Lepropre

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Grâce à son accord avec le géant pharmaceutique Pfizer, Israël fait un peu office de laboratoire géant pour le reste du monde. L’État hébreu vient de donner son feu vert, non sans débats, à l’administration d’une quatrième dose pour deux catégories de personnes : le personnel médical et les Israéliens de plus de 60 ans.

Les résultats préliminaires, avec ce nouveau booster, sont réels, mais pas mirobolants, d’après le Pr Gili Regev-Yochay, à la tête de la recherche soutenue par le ministère israélien de la Santé. Celle-ci a débuté fin décembre au centre hospitalier Sheba, près de Tel-Aviv. Six mille patients et 150 membres du staff médical ont reçu une quatrième injection vaccinale. A première vue, les résultats – la multiplication par cinq des anticorps – sont « bons mais pas suffisants ».

Peu après l’administration de la quatrième dose de vaccin, le niveau d’anticorps a retrouvé le niveau qu’il avait juste après la troisième dose. La chercheuse en chef de Sheba estime cependant que le second booster est bénéfique aux groupes vulnérables, comme les personnes immunodéprimées ou les plus de 60 ans, « mais je ne suis pas certaine qu’il faudrait la donner à tout le monde, a-t-elle déclaré. Nous avons besoin de plus d’informations. »

La Pr Sophie Lucas, immunologiste et présidente de l’Institut de Duve de l’UCLouvain, confirme l’intérêt des recherches israéliennes : « Ce pays a administré la troisième dose depuis plus longtemps que nous. Et face au variant Omicron, nous sommes tous confrontés à de multiples inconnues. Il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions. Jusqu’à présent, les seuls résultats rapportés concernent des analyses de laboratoire sur le sérum des personnes ayant reçu une quatrième dose. Il faudra encore attendre quelques semaines pour voir si cette dose a un impact sur la protection contre les infections, les hospitalisations ou les décès. Pour nous, la question ne se pose pas, ou pas encore, puisque nous en sommes seulement à la troisième dose. Toutefois, il ne serait pas surprenant qu’on doive à terme administrer un rappel supplémentaire. La question est de savoir : quand ? Mais cela n’a rien de choquant. Il existe déjà des vaccins, comme celui contre la grippe, qu’il faut recevoir chaque année. »

Le vaccin contre le Covid pourrait-il devenir une sorte de « traitement », l’un des éléments de langage des « antivax » ? Pour l’immunologiste de l’UCLouvain, cette formulation est impropre. « Il y a une différence très claire entre la vaccination prophylactique et le traitement d’une personne infectée. Le vaccin est préventif : il protège contre le risque d’infection ou ses complications. Tandis que le traitement s’applique à une personne déjà infectée. Ce n’est pas la répétitions des injections qui détermine s’il s’agit d’un traitement ou de prévention. »

A terme, le virus qui cause le Covid-19 pourrait devenir saisonnier, associé à la baisse des températures en hiver, qui nécessitera des vaccins adaptés régulièrement, à une fréquence difficile à prédire aujourd’hui. Peut-être annuellement, ou tous les deux ans, voire deux fois par an ? Idéalement, il s’agira de vaccins adaptés non pas à un seul variant, mais à plusieurs. Des vaccins dits « universels » contre les variants sont déjà en cours de développement. On n’en est pas à notre dernier vaccin. » Traduction : les scientifiques ne sont pas des néophytes en matière vaccinale.

Marie-Cécile Royen

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La combinaison de vaccins anti-covid de nature différente a fait l’objet de plusieurs études. « Le changement de famille de vaccin, en alternant entre un vaccin à base de vecteur viral non réplicatif comme ceux d’Astra Zeneca ou de Johnson&Johnson, et un vaccin à ARN messager, comme ceux de Pfizer ou Moderna, est même plutôt bénéfique en termes d’efficacité, affirme le Pr Sophie Lucas (UCLouvain). Il n’y a pas de désavantage à mélanger les approches vaccinales, que du contraire. On propose aussi les troisièmes doses en fonction de la disponibilité des vaccins. Il se trouve que Pfizer et Moderna sont disponibles en quantités suffisantes. »

Vaut-il mieux recevoir un Moderna après un Pfizer ou un Pfizer après un Moderna ? « Là, les bénéfices de l’alternance, au sein d’une même famille de vaccins, sont plus modérés. Personnellement, je ne me battrais pas pour avoir le choix entre un Pfizer ou un Moderna : ils sont très similaires. »

Le Pr Lucas rappelle que la baisse de la protection vaccinale face au variant Omicron est compensée par une troisième dose. Cela n’a donc pas entamé sa conviction que la vaccination de masse a protégé la population. « Sans vaccins, ça aurait été une catastrophe, on l’oublie un peu vite. On aurait une situation bien pire de celle qu’on vit aujourd’hui. »

Va-t-il falloir continuer à se faire vacciner régulièrement ? Sophie Lucas n’en écarte pas l’hypothèse, mais, précise-t-elle, « l’approche vaccinale doit être complétée par des approches non-pharmacologiques : le CST ou le pass vaccinal, la distanciation, le masque, la ventilation, les tests PCR et les autotests. Les vaccins ne suffisent pas, mais ils sont indispensables. »

Marie-Cécile Royen

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En raison de la très grande contagiosité d’Omicron, plusieurs pays européens ont généralisé le port des masques de type FFP2, plus filtrants que les masques dits « chirurgicaux ». En Italie, depuis le 25 décembre, il est obligatoire dans les transports publics, les cinémas, les musées, les théâtres et les stades. Des lieux clos où l’affluence peut être forte et où l’air ne circule pas nécessairement. En Grèce, depuis le 3 janvier, tous les lieux publics fermés l’imposent, comme c’est déjà le cas en Autriche, où les clients des bars et restaurants doivent porter un masque FFP2 lorsqu’ils ne sont pas assis. Il en va de même pour les parties communes des hôtels. En Allemagne, certains Länder, comme la Bavière ou la Basse-Saxe, l’ont rendu obligatoire dans les transports et les commerces.

En Belgique, les autorités sanitaires n’ont, pour le moment, pas franchi le pas. Sciensano préconise ce type de masques, « bien ajustés », « aux prestataires de soin qui sont exposés pendant une période prolongée à un patient Covid-19 possible qui ne peut porter de masque chirurgical, en contact avec des patients confirmés et exposés à des traitements médicaux générant des aérosols ». Interpellés, les deux porte-paroles interfédéraux, les Dr Yves Van Laethem et Steven Van Gucht, le recommandent « aux personnes les plus vulnérables, en sortie de quarantaine et dans les transports en commun ». D’autres pressent d’étendre l’usage de ces masques. Marc Van Ranst, virologue à la KU Leuven, qualifie ainsi le port d’un FFP2 comme faisant partie « des mesures qui nous permettront de traverser cette période très difficile ».

En réalité, ce masque fait encore débat en Belgique. Au cours de ces derniers mois, il a été évoqué dans plusieurs rapports du Gems, l’organe consultatifs des gouvernements, dont Marc Van Ranst, Yves Van Laethem ou encore Steven Van Gucht sont par ailleurs membres. Bref, résumons : pour l’heure, le Gems n’est pas favorable à une extension du FFP2 au-delà de certaines catégories de personnes et le conseille dans les transports en commun. « Des moments où un effort peut être fourni, même en portant cette pièce inconfortable », commente Yves Van Laethem.

« Essayer donc un FFP2 durant huit heures »

A l’origine réservés aux professionnels de la santé, notamment, ces masques sont aujourd’hui vendus en pharmacie et dans le commerce. Certaines personnes, à risque ou plus inquiètes, en portent déjà.

C’est que le masque chirurgical – le plus répandu actuellement – demeure un filtre imparfait, qui ne peut être considéré comme totalement étanche. Assez lâche, il peut laisser passer de toutes petites gouttelettes ou des aérosols qui demeurent en suspension dans l’air lorsqu’un lieu est mal aéré. Il a été conçu pour être utilisé par des personnes malades qui, en le portant, protègent surtout les autres. Il est d’ailleurs recommandé de le changer toutes les quatre heures.

A l’inverse, le FFP2 protège les voies respiratoires contre les particules fines et toxiques, les poussières et certains virus. Doté d’un double filtre, il protège à la fois son porteur et son entourage. Sa capacité filtrante s’élève à 94 % des particules de 0,6 micromètre. Son avantage est d’englober l’intégralité du visage, du dessous des yeux jusqu’au menton, sans que l’air ne s’échappe ou ne pénètre par les bords du masque ou autour du nez. Sa durée de protection s’étend jusqu’à huit heures.

Voyage, variants, FFP2: les 10 questions qu'on se posera en 2022 sur le Covid (et leurs réponses)

Depuis le début de la pandémie, plusieurs études ont tenté de démontrer sa plus grande efficacité. La plus récente, parue le 7 décembre dans la revue PNAS, rassemble des chercheurs de Göttingen (Allemagne) et de Cornell (Etats-Unis). De leurs résultats, ceux-ci estiment que lorsqu’une personne non infectée par le SARS-CoV-2 porte un masque chirurgical lors d’une discussion avec une personne infectée, non masquée, et à une distance de 1,50 mètre, le risque maximal d’infection atteint 90 % après trente minutes. Avec un masque FFP2, ce risque baisse à près de 20 %, même après une heure. Si les deux personnes portent un masque chirurgical, le risque maximal est inférieur à 30 %, même après une heure. Mais si les deux individus portent un masque FFP2 correctement ajusté, alors ce risque tombe à 0,4 % au maximum.

Si vous êtes déjà d’avis que le masque classique est gênant, essayez un FFP2 durant huit heures » (Steven Van Gucht)

L’efficacité d’un masque dépend à la fois de sa filtration mais aussi de son ajustement sur le visage du porteur. Steven Van Gucht, également virologue chez Sciensano, considère que ce masque est trop contraignant pour être accepté et correctement porté par la population. Il est généralement relativement désagréable à porter. Ses élastiques serrent particulièrement fort. « Si vous êtes déjà d’avis que le masque classique est gênant, essayez un FFP2 durant huit heures », résume l’expert, qui redoute que l’avantage d’un masque plus protecteur soit gommé par le risque que les gens le portent mal. « Il n’offre une protection optimale que lorsqu’il est parfaitement porté, fermement placé sur le visage, et donc bien étanche. » Or, celui qui le porte peut facilement se sentir opprimé, respirer moins bien, surtout en mouvement. Il peut alors avoir envie de l’enlever, de le placer sous le nez ou sous le menton… Ce qui n’apporterait qu’un bénéfice incertain en matière de lutte contre l’épidémie.

D’autres, à l’instar d’Antoine Flahault, professeur de santé publique et directeur de l’Institut de santé globale (université de Genève), craint que le FFP2 procure un sentiment de sécurité, qui entraînerait un relâchement, une moindre adhésion aux gestes barrières, des distances sociales disparues, des contacts très larges. Il redoute également que l’on jette doute sur le masque chirurgical, tout de même efficace. « Si tout le monde le portait correctement, on serait tous mieux protégés. » Car, c’est bien là le souci : le masque classique semble de moins en moins bien porté (sous le nez ou sous le menton) dans les lieux où il est censé l’être. « Beaucoup d’infections se passent d’ailleurs pendant des moments où l’on ne porte pas le masque, en famille, chez soi, entre amis, quand on mange ou boit ensemble. Ce sont des choses que l’on ne peut pas régler avec un masque », ajoute Steven Van Gucht. Selon Sciensano, une transmission sur cinq a eu lieu au domicile de la personne contaminée (près de 15 %) et chez des proches (près de 8 %).

Lire aussi: Antoine Flahault: « On doit rechercher une baisse raisonnable du risque d’infection » (entretien)

L’autre inconvénient reste le prix. Vendus entre 1,75 euro et 3 euros l’unité, ces masques plus protecteurs coûtent jusqu’à six fois plus cher qu’un masque chirurgical. Un coût cependant en baisse depuis le début de la pandémie, à mesure que les producteurs chinois ont repris leurs exportations. Mais une obligation pourrait conduire les plus précaires à réutiliser le même masque tous les jours, le rendant ainsi beaucoup moins protecteur.

Soraya Ghali

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« Le Covid Safe Ticket sera-t-il désactivé si on refuse la troisième dose? », questionnait Le Vif, en novembre dernier. « Bien sûr que non!« , répondait alors le cabinet du ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit). Sa porte-parole, France Dammel, précisant qu’il n’y avait « pas d’obligation à faire la troisième dose. Si vous la faites, vous recevez un troisième certificat. Mais le deuxième est toujours valable. »

Mais la validité des déclarations d’hier semble durer autant que la protection d’un vaccin anti-Covid, et Frank Vandenbroucke a déclaré mardi, en réponse à une question parlementaire, qu’il arriverait « un moment, dont la date n’est pas encore fixée, où la réception du booster sera décisive pour avoir le feu vert du Covid Safe Ticket« . Cela se produira sans doute une fois que toutes les invitations auront été envoyées, probablement d’ici fin janvier.

En clair, courant 2022: pas de troisième dose, pas de CST. Et, par conséquet, plus d’accès aux lieux culturels, à l’horeca, aux maisons de repos, aux centres de sport…

En réalité, depuis le début de l’année, certains CST sont déjà arrivés à expiration. Il s’agit de ceux des personnes qui s’étaient fait vacciner au tout début de la campagne de vaccination, qui a commencé en Belgique début janvier 2021.

En effet, à l’heure actuelle, ce certificat de vaccination n’est valable qu’un an, à compter de la deuxième dose de vaccin anti-Covid (ou de la première pour le vaccin Johnson & Johnson, qui ne nécessitait qu’une unique injection). Toutefois, à partir du 1er février 2022, la durée de validité du Covid Safe Ticket ne sera plus que de 270 jours (9 mois), en vertu d’une nouvelle réglementation visant à l’origine le certificat COVID numérique de l’UE.

Le 21 décembre 2021, la Commission européenne a en effet réduit la période de validité du certificat covid européen à 9 mois, pour les voyages intra-UE. La raison ? Respecter les conseils émis par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies qui recommande des doses de rappel au plus tard six mois après la fin du premier cycle de vaccination. Les autorités européennes ont prévu une période de grâce de trois mois supplémentaires au-delà de ces six mois afin de garantir l’accès à cette dose booster à tous les citoyens.

Mailys Chavagne

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La notion d’immunité collective au coronavirus crée le débat. Souvent évoqué comme objectif en début de pandémie, puis qualifié d’utopie ou de mythe par certains, le concept n’a cessé de faire parler de lui.

Si bien qu’au fil de l’évolution épidémique, et avec l’arrivée de nouveaux variants, il est devenu de plus en plus compliqué d’y voir clair sur le sujet. Est-il possible d’atteindre cette immunité collective, et de la maintenir dans le temps ? Est-ce encore pertinent de placer un « seuil » de personnes immunisées pour envisager un retour à la normale ? Est-ce envisageable de briser définitivement la circulation du virus ? Le Vif fait le point en compagnie de l’épidémiologiste Yves Coppieters et de l’immunologiste Michel Goldman (ULB).

La forte contagiosité d’Omicron relance-t-elle un espoir d’immunité collective ?

Yves Coppieters : « L’espoir d’immunité collective date déjà de la vague Delta, en novembre et décembre dernier. Cette vague était assez forte en Belgique. A ce moment-là, on était déjà à de très bons taux de couverture vaccinale. Depuis cette quatrième vague, associée à l’immunité vaccinale, l’immunité collective est une notion qui devient de moins en moins théorique. Omicron arrive sur une population déjà fortement immunisée, post vaccination deux et trois doses, et post infections. En étant beaucoup plus contaminant, Omicron touche encore des personnes qui n’auraient pas une immunité parfaite. Il s’en sort moins bien en termes de virulence. Car on a déjà une bonne immunité, qui fait en sorte qu’on a moins de formes graves. C’est à la fois dû au fait qu’Omicron est moins virulent, mais aussi car le variant arrive dans une population beaucoup plus protégée. Omicron est l’espoir d’augmenter encore cette immunité, aussi bien chez les personnes non immunisées que chez les immunisées, qui renforceraient leur système immunitaire. »

Michel Goldman : « Clairement, le pourcentage d’individus protégés vis-à-vis d’Omicron et du variant Delta va augmenter. Toutefois, la progression des contaminations nous indique que nous sommes encore loin de l’immunité collective. Et ce, malgré notre excellent taux de vaccination. »

Cette immunité collective pourrait-elle durer dans le temps?

Yves Coppieters : « La durée de l’immunité collective post Delta et post Omicron est impossible à évaluer. On sait que l’immunité au coronavirus est une immunité qui ne dure pas longtemps. On sait aussi que le système immunitaire est régulièrement stimulé, que ce soit via des infections ou par la vaccination. Cela contribue à inscrire une mémoire immunitaire à plus long terme à travers l’immunité cellulaire, les lymphocytes T essentiellement. Ça ne se traduit pas par le dosage des anticorps. Le but est d’arriver à un point où l’on a suffisamment stimulé cette immunité cellulaire pour qu’elle devienne durable. C’est la clé. Mais cette hypothèse n’a pas encore fonctionné, la preuve étant qu’on retombe malade avec Omicron. »

Michel Goldman : « C’est impossible à prédire. Le fait que les anticorps qui apparaissent après infection par Omicron soient actifs contre le variant delta laissent espérer une immunité prolongée. Mais tout va dépendre de l’émergence éventuelle de nouveaux variants. »

Les fameux « 70% de personnes vaccinées/immunisées » évoqués pour un retour à la vie normale restent fort ancrés dans les esprits. Or, on les a dépassés depuis un moment sans pour autant sortir de la crise. Pourquoi ce chiffre de 70% n’est-il plus valable aujourd’hui ?

Yves Coppieters : « Les 70% de personnes immunisées pour un retour à la vie normale, c’était le chiffre nécessaire avec la souche initiale. C’était encore valable avec le variant Alpha britannique, en janvier 2021, même si on revoyait déjà ce chiffre à la hausse. Le chiffre de l’immunité collective à atteindre dépend de deux choses. Un : de la capacité de contagion du virus. Plus la capacité de transmission est forte, plus il faut atteindre une immunité importante. Deux : de l’efficacité des mesures qui sont mises en place. Par exemple, si on maintient une série de mesures préventives, on pourrait alors espérer un niveau plus faible dans l’immunité de la population. »

Michel Goldman : « Simplement parce que nous avons appris que si les vaccins actuels sont très performants pour prévenir les formes graves qui mènent à l’hôpital, ils le sont beaucoup moins pour bloquer complètement l’infection et la transmission du virus.

Yves Coppieters et Michel Goldman
Yves Coppieters et Michel Goldman© DR

Quel seuil faudrait-il désormais atteindre ? La notion de « seuil » d’immunité collective est-elle devenue obsolète ?

Yves Coppieters : « Les mutants sont devenus de plus en plus contaminants. Le variant Omicron est quasi aussi contagieux qu’un virus comme la rougeole. Fatalement, on doit atteindre une immunité collective qui se situe entre 90 et 100%. Mais fixer un chiffre précis ne sert à rien. Le but est d’augmenter l’immunité au maximum, pour ensuite déterminer à quel moment le virus se retrouve face à un mur immunitaire, qui puisse l’empêcher de créer des nouvelles chaînes de contaminations. Pour la rougeole, il faut 95% des enfants vaccinés ou immunisés pour empêcher le virus de se propager. Il faut arriver à cette barrière pour empêcher les chaînes de contaminations. Actuellement, on est à quasi 90% de couverture vaccinale avec deux doses. Au moins 2 millions de Belges sont tombés malades depuis le début de la pandémie. Et malgré cela, on est 20.000 contaminations par jour. Donc, on est encore loin d’une immunité collective suffisante pour empêcher la propagation du virus. Par contre, on arrive peut-être à un stade suffisant pour empêcher les formes graves. « 

Michel Goldman : « L’expérience de la rougeole montre qu’en deçà de 95% de couverture vaccinale, le virus pourra recirculer et des maladies graves pourront réapparaître. Les premières personnes touchées seront celles qui n’ont pas été protégées par la vaccination. Et beaucoup d’entre elles auront reçu un schéma de vaccination de complet, voire une 4ème dose. Il s’agit de toutes les personnes dont le système immunitaire est affaibli pour différentes raisons (âge, co-morbidité). On peut évaluer leur nombre à plus de 200.000 en Belgique. Comme le souligne un article récent du New York Times, ce sont les ‘oubliés de la pandémie' ».

Alexander De Croo a récemment affirmé qu’on en aurait encore pour deux ou trois ans. Vous êtes du même avis ?

Yves Coppieters : « La pandémie pourrait se terminer dans un an, comme dans cinq ans. En fait, on n’en sait rien. Personne n’a les éléments pour le dire. Surtout après le premier épisode de vaccination, qui a fortement aidé à contrôler l’épidémie, mais qui ne nous en a pas sortis. S’avancer de la sorte me paraît un peu présomptueux. Il faut avoir de l’humilité face à ce virus qui trouve à chaque fois des solutions. Alexander De Croo n’est pas un scientifique, il est dans un message politique. Son but via cette phrase pourrait être de dire aux gens « Attention, on n’est pas encore sorti de l’auberge. »

Pour tenter d’atteindre cette immunité collective, le rappel vaccinal va-t-il s’inscrire dans une fréquence régulière ?

Yves Coppieters : « Les vaccins actuels sont de moins en moins adaptés aux souches circulantes.Le vaccin actuel n’est pas un vaccin qui a été fait pour Omicron. Il a été fait pour la souche de Wuhan et la souche Alpha. Et puis, par bonheur, il a également fonctionné pour les souches Beta, Gamma et Delta. Pour Omicron, il y a une efficacité avec la troisième dose, mais c’est moins évident. Continuer avec des injections de ces vaccins actuels me paraît compliqué dans le temps. Obtenir un vaccin universel qui puisse avoir une réponse immunitaire plus complète sur les composantes du virus ou des coronavirus, ce serait évidemment la bonne nouvelle.

« Ces vaccins de troisième génération vont mettre du temps à arriver, car il faut que les technologies s’adaptent, il faut trouver des portes d’entrée pour attaquer le virus. Les vaccins de deuxième génération arriveront, eux, relativement vite ; il s’agira de vaccins à ARN messager adaptés à Omicron. Mais pour combien de temps seront-ils d’actualité ? On ne le sait pas. »

« Enchainer les doses de rappel tous les 4 mois est tout à fait probable tant que les nouveaux vaccins n’arrivent pas. Chez les populations fragiles, on est parti pour un rythme de doses de rappel tous les 3-4-5 mois. Mais je pense que ce sera limité dans le temps, jusqu’à l’arrivée des nouveaux vaccins. »

« Les antiviraux, c’est plus qu’un espoir. L’antiviral n’a rien à voir avec la vaccination ; l’antiviral est un traitement, alors que la vaccination est une prévention. L’antiviral ne pourra être administré qu’à des personnes à risques. Son efficacité doit encore être réévaluée face à Omicron, mais il fonctionnait bien face aux autres variants. Ce n’est pas la solution miracle, c’est un outil en plus. »

Propos recueillis par Noé Spies

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Malgré Omicron et les possibles autres variants à venir, l’espoir pourrait venir de nouveaux traitements antiviraux. L’idée est qu’en ingérant un simple cachet, il soit possible de bloquer le virus et ainsi l’empêcher de rendre les personnes malades. Des médicaments qui n’éradiqueraient donc pas forcément le virus, mais qui le rendraient beaucoup plus inoffensif en le contrôlant le temps qu’il soit éliminé du corps et en rendant les personnes contaminées moins contagieuses. Concrètement, de tels traitements permettraient surtout de faire chuter les hospitalisations et les décès, même chez les personnes non vaccinées.

Depuis le début de la pandémie du Covid-19, et en parallèle des vaccins, les chercheurs et les entreprises pharmaceutiques cherchent parmi les milliers de molécules existantes celles (ou une combinaison d’entre elles), qui pourraient bloquer le virus en l’empêchant de se multiplier. Pour faciliter le traitement et le démocratiser, la recherche s’est penchée depuis le début de la pandémie sur des antiviraux disponibles en cachet à prendre chez soi.

Ainsi deux d’entre eux, le Molnupiravir (aussi appelé Lagevrio) de Merck et le Paxlovid (PF-07321332) de Pfizer, sont déjà en voie de commercialisation. Pris en début d’infection, soit maximum 5 jours après l’apparition des symptômes, ils réduisent tous deux le risque d’hospitalisation et écartent le risque de décès. Ils auraient aussi l’avantage de bloquer tous les variants, car ils agissent à la base du virus (le matériel génétique du virus) et non sur sa surface (la fameuse protéine spike).

La molécule produite par Pfizer permettrait de réduire le risque d’hospitalisation et de décès de 90% et le molnupiravir aux alentours de 30 %. Ces chiffres se basent néanmoins sur des cas d’études relativement restreints et doivent être pris avec des pincettes. Le premier a été créé spécialement contre le Covid, le second (le molnupiravir) a été initialement conçu contre le virus de la grippe.

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné une autorisation provisoire pour l’utilisation de ces pilules, ce qui signifie qu’elles peuvent être utilisées en cas d’urgence. L’approbation finale doit encore être obtenue, mais Dirk Ramaekers, de la taskforce vaccination, espère que leur utilisation sera possible dès ce mois-ci en Belgique. La pilule anti-Covid de Pfizer aurait toutefois quelques effets secondaires comme une perte du goût, la diarrhée et les vomissements, selon De Morgen. Il ne peut pas non plus être associé à un certain nombre d’autres médicaments ni être pris en cas de grossesse.

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Les deux médicaments sont cependant encore onéreux. Ainsi le Molnupiravir coûte en moyenne 603 euros par patients et pour une cure, et le Paxlovid s’élève lui à 470 euros. Avec de tels tarifs, ce traitement ne peut être généralisé à chacun.

La Belgique en mode attentiste

Si la Belgique vient tout de même de commander près de 10.000 de ces pilules (chez Merck, mais l’Etat est aussi en phase finale de négociation avec Pfizer), elle n’en reste pas moins prudente. Et non sans raison, car notre pays a déjà acheté deux fois un médicament antiviral en masse, le fameux oseltamivir (nom de marque Tamiflu) de la compagnie Roche. Une première fois en 2004 (contre la grippe aviaire) et en 2009 (contre la grippe porcine).

Dans les deux cas, cela s’est révélé inutile, car l’épidémie a pu être évitée et il n’y a pas eu de surmortalité en Belgique. « Dans le monde entier, plus de 6 milliards d’euros ont été dépensés pour stocker l’oseltamivir », déclare Patrik Vankrunkelsven, directeur du Centre Belge pour l’Evidence-Based Medicine (Cebam). La Belgique y a consacré 31 millions d’euros.

D’autres pilules dans le pipeline

Il y aurait par ailleurs d’autres pilules dans le pipeline. En 2016, la société biopharmaceutique Gilead Sciences a mis au point le remdesivir, un médicament antiviral contre Ebola qui s’administre par voie intraveineuse. Il a également été utilisé pour traiter le Covid-19 sévère chez les patients hospitalisés, mais sans grand effet. Sans doute parce que ce traitement avait été administré trop tard. Gilead a pu montrer que le traitement par le remdesivir, lorsqu’il est entrepris dans les cinq jours suivants l’apparition des symptômes, réduit le risque d’hospitalisation de 87 %. C’est le cas du traitement de l’ancien président américain Donald Trump : immédiatement après avoir été infecté par le Covid-19, début octobre 2020, on lui a administré du remdesivir. Gilead travaille également sur le remdesivir sous forme de pilule.

Le quatrième nouveau venu est le favipiravir, un inhibiteur du virus de la grippe japonaise qui semble également fonctionner contre le coronavirus chez les hamsters. Dans un certain nombre de pays, dont l’Inde, il est déjà utilisé pour le traitement du covid-19.

Et les anticorps monoclonaux (aussi parfois appelé anticorps de synthèse) ?

Une autre manière de bloquer le virus est de l’empêcher de rentrer dans les cellules pour qu’il ne puisse plus les infecter. Cette technique se base sur les anticorps monoclonaux. Ceux-ci sont, par la magie des biotechnologies, fabriqués aujourd’hui de manière industrielle et donc de façon presque illimitée. Ils sont déjà utilisés dans le traitement de certains cancers et maladies auto-immunes. Ils sont dits monoclonaux, car ils ne dirigent leur action que contre une seule cible. Néanmoins, si le principe semble assez simple, créer l’anticorps monoclonal spécifique au Covid est par contre beaucoup plus complexe, délicat et donc couteux. Le traitement doit être administré à l’hôpital par intraveineuse et une simple dose peut ainsi facilement coûter plus de 1700 euros. Par ailleurs, rien ne garantit non plus leur efficacité face à d’éventuels variants comme l’omicron puisqu’ils se concentrent surtout sur la protéine Spike (soit là où se concentrent les mutations des variants). Cette option semble donc, ces derniers temps, soulever moins d’enthousiasme que les pilules.

Conclusion

S’il a fallu près de 15 ans pour développer un traitement bien toléré et en seule pilule pour le Sida, cela semble avoir pris nettement moins de temps pour le Covid. Mais ce ne sont là que les premières moutures. La pilule anti-Covid ultime sera plus que probablement composée de plusieurs molécules pour éviter que le virus ne développe une résistance. Ils pourraient même être efficaces contre la grippe ou d’autres infections par des virus à ARN si l’on parvient à trouver des inhibiteurs qui sont efficaces contre tous les coronavirus, par exemple.

Mais pour être révolutionnaire au niveau mondial, cette pilule devra aussi et surtout être produite à moindres coûts et ne pas nécessairement dépendre d’un dépistage ultra précoce. Si ces médicaments sont sans aucun doute une aide précieuse, ils complètent avant tout les gestes barrières et les vaccins. Ces derniers restent la meilleure arme pour lutter contre le covid.

Muriel Lefevre

Voyage, variants, FFP2: les 10 questions qu'on se posera en 2022 sur le Covid (et leurs réponses)

On sait aujourd’hui que le coronavirus se propage via les particules virales présentes dans de minuscules gouttelettes expulsées par la personne infectée lorsqu’elle expire ou tousse. La petite taille des aérosols leur permet de rester en suspension dans l’air beaucoup plus longtemps que des gouttelettes. Le même mécanisme est à l’oeuvre pour d’autres agents pathogènes « aéroportés » comme la rougeole et la tuberculose, d’où leur nom d' »infections par aérosol ». La contagiosité du Covid-19 se situe entre celle de la rougeole, plus élevée, et celle de la tuberculose, moins élevée.

Comment le variant Omicron se propage-t-il dans l’air ? Des chercheurs de l’université de Californie ont simulé avec un superordinateur la mécanique de dispersion d’un aérosol contenant le coronavirus. Il semble que les mucines – des protéines de la muqueuse pulmonaire- se lient aux protéines Spike du SRAS-CoV-2 par un phénomène physique (les mucines sont chargées négativement, les protéines Spike, positivement), formant ainsi un revêtement protecteur autour des particules virales. Omicron est mieux « protégé » que le variant Delta, ce qui signifie qu’il pourrait rester infectieux plus longtemps à l’extérieur du corps. Donc, dans l’air.

Une bonne ventilation peut-elle permettre d’éviter la contamination ? « L’air est complexe », prévient d’emblée le Pr Niko Speybroeck (faculté de santé publique de l’UCLouvain). Il n’y a pas de règle simple comme se laver les mains pendant vingt secondes. Prenons la consigne d’ouvrir les fenêtres : un jour, cela peut créer une bonne ventilation, le lendemain, cela sera insuffisant, car le résultat dépend du nombre de personnes dans la pièce, de leur activité, de la façon dont elle utilise leur voix, du taux d’humidité, etc. « Lorsque nous expirons, nous dégageons du CO2, illustre le professeur. Pendant une activité physique légère, la quantité de CO2 libéré s’élève à environ vingt litres par heure et augmente lors d’activités plus intenses. La nature de l’utilisation de la voix a aussi un effet sur la dispersion de micro-gouttelettes potentiellement chargées de particules virales. Chuchoter produit à la grosse louche six fois plus d’aérosols qu’une respiration légère, parler normalement, 17 fois plus, crier, 34 fois plus, chanter, 250 fois plus. Il est donc particulièrement sensé de porter un masque à l’intérieur lorsque l’on utilise sa voix. »

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Le taux d’humidité pourrait aussi avoir un impact sur la propagation du virus. « Des études qui doivent encore être confirmées suggèrent que le coronavirus se décompose plus rapidement à environ 60% d’humidité par rapport à d’autres niveaux d’humidité ; et cet air plus sec peut conduire à un plus grand nombre de minuscules particules de coronavirus qui voyagent plus loin et pénètrent plus profondément dans les poumons. »

A ce stade, cependant, il n’existe pas de valeurs seuil permettant d’exclure tout risque de contamination par le débit de la ventilation, le taux de renouvellement de l’air ou la concentration en CO2. Néanmoins, plus on ventile, plus on réduit le risque.

« Il faut s’efforcer d’atteindre en intérieur une concentration en CO2 comparable à celle de l’air extérieur, soit environ 400 ppm -la « partie pour million » est l’unité de mesure de la pollution. Si la concentration en CO2 est inférieure à 900 ppm, nous considérons que la pièce est relativement bien ventilée, poursuit le scientifique. Dans un contexte de Covid-19, il s’agit d’une valeur acceptable sur le plan sociétal. En pratique, avec un débit d’air neuf de 40 m³/h /personne, il est souvent possible pour un adulte exerçant une activité légère standard de ne pas dépasser (ou rarement) la valeur de 900 ppm (ou 500 ppm au-dessus de la concentration extérieure). Ce taux de ventilation minimal est plus élevé lorsque les activités sont intenses, puisque la production de CO2 et d’aérosols est plus importante. »

Les purificateurs d’air ne peuvent en aucun cas se substituer aux apports d’air extérieur »

Et si portes et fenêtres demeurent closes ? « Il y a une variation, bien sûr, mais, en l’absence de toute ventilation, le SARS-CoV-2 reste viable dans les aérosols pendant environ trois heures. S’il a été démontré qu’une ventilation accrue réduisait la transmission aérienne, cela n’est toutefois pas suffisant. Il faut aussi une occupation limitée des pièces, éviter la recirculation de l’air (utiliser le mode « extraction » lors de l’utilisation de la climatisation), faire des pauses fréquentes… Si une recirculation de l’air est inévitable, on peut utiliser, par exemple, des filtres à air à haute efficacité, capables de retenir suffisamment de très petites particules. Mais, insiste le Pr Speybroeck, « les purificateurs d’air ne peuvent en aucun cas se substituer aux apports d’air extérieur. Ils ne doivent être utilisés qu’en complément des systèmes de ventilation. » Des études montrent que deux et demi renouvellement d’air par heure éliminent 90 % des contaminants en suspension. L’ouverture des portes et des fenêtres peut générer environ 5 à 17 renouvellements d’air par heure, mais le résultat dépend fortement de plusieurs conditions : la surface des fenêtres, leur orientation, la température extérieure et la vitesse du vent. »

Pour mesurer le degré de ventilation d’une pièce, on utilise la mesure TRH (taux de renouvellement horaire de l’air). Dans deux articles non encore évalués par des pairs et comportant plusieurs limitations, « qu’il faut donc prendre avec des pincettes », prévient l’expert, l’effet de la ventilation sur le risque d’infection a été calculé par les chercheurs chinois Dai et Zhao. Ils estiment que, pendant un trajet d’une demi-heure en bus avec une personne infectée, au moins 3 à 10 TRH sont nécessaires pour obtenir un risque d’infection inférieur à 1 %. Dans une salle de fitness ayant une ventilation de 0,5 TRH, le risque d’infection est de 1% après 55 minutes, tandis qu’une ventilation à 3 TRH peut porter le temps de « sécurité » à 110 minutes. Dai et Zhao soulignent que l’utilisation de masques par la personne contaminée et la personne de contact peut réduire considérablement le risque et donc le nombre de TRH requis.

« L’air est complexe », martèle Niko Speybroeck, et la communication autour de ce sujet l’est tout autant. Un groupe d’experts japonais du covid-19 l’a résumée en trois C : Closed spaces with poor ventilation (espaces fermés avec une mauvaise ventilation), Crowded spaces with many people (espaces restreints avec beaucoup de monde) et Close contact (contacts étroits).

Face à cet ennemi insaisissable qu’est le virus, le capteur de CO2 constitue une forme de système d’alerte : il permet d’évaluer le degré de ventilation dans une pièce, le CO2 indiquant la quantité d’air expirée par ses occupants. Les niveaux de CO2 doivent être maintenus en dessous de 800-1000 ppm et de préférence à un niveau encore plus bas. Cela correspond généralement au seuil de ventilation fixé par la fiche d’information de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le covid-19. « Les entreprises considèrent souvent une bonne qualité de l’air intérieur comme un luxe coûteux, observe le professeur de la faculté de santé publique de l’UCLouvain. C’est une fausse économie ! Une étude danoise a montré qu’une mauvaise qualité de l’air dans les bureaux réduisait d’environ 10 % la productivité des employés, soit environ une perte d’une demi-journée par semaine et par personne. »

Les écoles sont-elles finalement le maillon faible du contrôle de la circulation du virus ? Elles sont surpeuplées, les enfants ne sont généralement pas vaccinés et l’éloignement physique est un défi pour eux… Le service de la santé publique des Grisons (Suisse) a analysé la qualité de l’air dans 150 salles de classe d’école à l’aide de capteurs de CO2. Dans 60% des cas, la teneur en CO2 était supérieure à 2000 ppm. Dans les salles mal ventilées, le nombre d’enfants infectés par le coronavirus était significativement plus élevé.

 » La nécessité de ventiler les espaces clos devrait devenir le mantra de tous les lieux où les gens se rassemblent en grand nombre, conclut notre expert. Les bureaux, les cafés, les restaurants, les universités, les centres sportifs, les lieux de divertissement et de culte, les toilettes publiques et les transports en commun sont pareillement concernés. »

Il tient cependant à préciser que « la ventilation seule ne nous protégera pas ». Un article récent publié dans Environmental Science & Technology a montré qu’une combinaison appropriée de certaines mesures pouvait réduire les risques à des niveaux générant un nombre de cas secondaires sensiblement inférieur à 1, même en présence d’une personne infectieuse, avec donc une bonne chance d’éviter la circulation du virus. « Nous devons aussi nous rappeler que la ventilation atténue surtout la transmission aéroportée au-delà d’environ un mètre et demi et nous assurer qu’il existe également d’autres mesures de protection : masques et distanciation et, ne l’oublions pas, la vaccination. »

Marie-Cécile Royen

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La Belgique n’est pas une île et, généralement, les idées de mesures sanitaires passent les frontières aussi aisément que les virus. Confinement, port du masque, Covid Safe Ticket… Toutes des mesures importées de l’étranger (sauf la bulle de contacts, bien noire-jaune-rouge, celle-là). Prochaine imitation : le pass vaccinal ?

A ne pas confondre avec le sanitaire, soit le code QR/sésame obtenu après deux doses (bientôt trois), un test PCR négatif ou la preuve d’une guérison. La version vaccinale, elle, élimine les deux dernières options. En clair, seules les personnes vaccinées pourraient désormais se rendre au restaurant, au cinéma, dans les salles de sport…

La France, actuellement, discute son adoption à l’Assemblée nationale. En Allemagne aussi, certains experts prônent la « politique du 1G » (synonyme teuton du pass vaccinal). Sans surprise, ces dernières semaines, des élus belges ont à leur tour dit tout le bien qu’ils pensaient de cette option. A commencer par le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, mi-décembre dernier. Suivi d’Egbert Lachaert, président de l’Open VLD. « Je crains que cela ne soit la seule voie à suivre », avait-il justifié. Dernier soutien en date : celui de Conner Rousseau, président du Vooruit, le 11 janvier dernier.

Dans le quotidien De Morgen, le virologue Marc Van Ranst s’était montré davantage nuancé. « D’un point de vue purement virologique, c’est une bonne idée, mais j’en vois aussi les inconvénients, épinglait-il. Cela va créer une résistance et une polarisation encore plus grandes sur cette campagne de vaccination, et elle aura toujours des limites. Les gens devront toujours porter un masque. C’est beaucoup pour un faible gain de santé. »

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Plus de dégâts que de bénéfices: c’est aussi l’avis d’Olivier Luminet, professeur de psychologie de la Santé à l’UCLouvain. « Le problème du pass vaccinal, c’est que c’est une méthode masquée et là, on l’a très clairement constaté dans le baromètre de la motivation, les gens le voient comme une tentative déguisée d’imposer la vaccination, et aussi bien les vaccinés et les non-vaccinés. Je pense qu’il faut vraiment éviter les manières détournées. Par ailleurs, le pass vaccinal sera révélateur de ce que les gens sont vaccinés ou pas. Or le statut de vaccination ne doit pas devenir public, il doit rester en partie dans la sphère privée », explique-t-il au Vif.

Or si 2022 ne devient pas l’année du pass vaccinal, elle pourrait bien être celle de… l’obligation vaccinale. Plusieurs partis se sont déjà prononcés en sa faveur (CDH, CD&V, Paul Magnette à titre personnel…) Autorités et virologues estimant que le nombre de personnes passées sous l’aiguille (76% de la population) reste insuffisant ; la faute au variant Omicron.

Pour Olivier Luminet, une obligation vaccinale aurait le mérite de la clarté. « Il faut éviter tous les moyens détournés pour y parvenir », insiste-t-il. Ne plus avoir le choix laisserait une porte de sortie honorable pour tous ceux qui, au fond d’eux, ont changé d’avis et recevraient bien leur dose, mais qui n’osent pas l’affirmer à leur entourage, enfermés dans leur position initiale. Mais il restera toujours une minorité d’irréductibles. Ceux-ci, dont la part est estimée à environ 5%, ne se feront vacciner sous aucune condition et risquent d’encore durcir leur position en cas d’obligation.

Autre bémol : le potentiel impact collatéral sur la vaccination en général, toutes pathologies confondues. « Parfois, il semble en effet que quand on rend une vaccination obligatoire, ça peut rendre plus difficile l’adhésion à la vaccination par rapport à d’autres maladies, beaucoup plus graves que le coronavirus. Il ne faudrait pas développer une frange de la population qui deviendrait anti-vaccin de manière générale », met en garde Olivier Luminet. Qui propose d’envisager ce débat de manière globale, en analysant les impacts éventuels, au-delà de la question du Covid. Bien vite qu’un autre pays adopte cette approche raisonnée, que la Belgique l’imite ?

Céline Bouckaert, avec Mélanie Geelkens

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Le secteur du voyage commence doucement à voir le bout du tunnel. Avec une année catastrophique en 2020 avec un peu plus de 95 000 mouvements de vols enregistrés, Brussels Airport avait connu son plus bas niveau depuis le début des années 1970.

Mais en 2021, l’aéroport de Zaventem a augmenté son trafic de près d’un quart par rapport à l’année précédente, soit un peu moins de 120.000 vols. Ce n’est toujours pas suffisant pour appeler à un retour à la normale, mais les compagnies aériennes reprennent confiance. « 2020 a été marquée par beaucoup de voyages avec sa bulle en Belgique tandis que l’année dernière, les destinations étaient plus ensoleillées et le Belge ne s’est pas retenu d’aller un peu plus loin. Ce qu’on a noté en 2021, c’était l’envie de voyager « , explique Sarah Saucin, la porte-parole de TUI Belgique.

De nouveaux comportements des voyageurs

Alors que 2020 était surtout marquée par des citytrips sans forcément sortir du pays, depuis le début de l’année 2021, les vols en last minute connaissant un énorme succès. « Il y en avait que très peu avant et maintenant c’est devenu la norme », indique Sarah Saucin. Un nouveau comportement qui n’est pas sans problème pour les compagnies aériennes, puisqu’il est difficile de faire des projections et donc prévoir des vols en fonction des envies des voyageurs.

2022, un retour à 100% ?

Depuis le début de la crise sanitaire, aucune compagnie dans le secteur des voyages n’a réussi à reprendre un service complet. A 75% de ses capacités par rapport à 2019, Brussels Airlines enregistre déjà une hausse des réservations pour cette année. « Les prévisions sont encore difficiles à analyser, mais elles semblent bonnes. Ce ne sera pas comme avant, il s’agira plutôt d’un « nouveau normal » explique Maaike Andries, porte-parole, avant d’ajouter : « Pour l’été prochain, on voit qu’il y a déjà beaucoup de réservations. La confiance des passagers est là et nous sommes optimistes pour la suite. »

Cela nous fait croire que les Belges ont assez attendu. Ils ont envie et quand ils achètent un ticket pour partir, ils y vont

Toutefois, les conditions d’accès dans les pays les plus prisés des Belges sont de plus en plus strictes. Que ce soit pour un voyage en France ou en Espagne, il faut obligatoirement montrer patte blanche avec un Covid Safe Ticket en ordre ainsi qu’un formulaire à remplir avant le voyage pour les personnes complètement vaccinées ou un test PCR négatif 24 heures avant le départ pour les autres. L’Italie va même plus loin en demandant une quarantaine obligatoire de cinq jours pour les personnes non-vaccinées. Des conditions d’accès qui risquent de se durcir à l’avenir compte tenu de l’apparation et de la forte contagion des nouveaux variants.

L’envie de voyager est pourtant toujours là du côté des Belges. Certaines destinations ont parfois été compromises, comme lors de la fermeture des frontières aériennes du Maroc, mais ils n’hésitent plus à partir. « Il y a énormément de questions de la part de nos clients par rapport aux papiers et aux conditions d’accès dans certains pays. En général, on se donne comme priorité de les informer et de voir avec eux quelles sont les possibilités, d’annulation ou de changement de dates ou de destination. Mais ils maintiennent leurs réservations. Cela nous fait croire que les Belges ont assez attendu. Ils ont envie et quand ils achètent un ticket pour partir, ils y vont » indique la porte-parole de TUI Belgique.

En prenant en compte ce regain de voyages, les compagnies espèrent revenir en capacité maximale pour cette année 2022. Il est difficile d’affirmer qu’un retour à la normal est possible, la pandémie a déjà amené son lot de surprises et de rebondissements, mais la confiance est de mise chez TUI. « On espère un 100% pour 2022, pour tout le secteur. Nous sommes évidemment dépendants des décisions politiques au niveau national mais aussi international. Mais nous sommes en train de former un programme comme si l’offre pouvait avoir lieu de manière normale donc on reste tout à fait optimiste. »

Aucune certitude du côté du secteur aérien donc, et les conditions de voyages pourraient se durcir durant les six prochains mois. Mais les agences aériennes semblent bien prêtes à vouloir faire de nouveau voyager les Belges.

Robin Gille

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