Omicron © getty

Covid: le variant Omicron annonce-t-il de bonnes nouvelles ?

Julie Nicosia
Julie Nicosia Journaliste

Emmanuel André et de Marc Van Ranst ont rapidement affirmé que l’arrivée du variant Omicron est une bonne nouvelle. Est-ce vraiment le cas ? Retour sur les caractéristiques de ce variant et sur les « bonnes nouvelles » qui lui sont associées.

Omicron ou variant B.1.1.529 du coronavirus a été signalé le 24 novembre en Afrique du Sud et depuis il est présent dans 106 pays dont la Belgique, selon l’OMS. Il est décrit, par l’Organisation mondiale de la Santé, comme « préoccupant » et le monde s’est fortement alerté face à l’arrivée d’Omicron. De nombreux experts parlent d’une « cinquième vague » alors que la quatrième – celle liée au variant Delta – n’est pas encore achevée.

Et pourtant, parmi les voix qui s’élèvent pour décrire ce variant au nom de la 15e lettre de l’alphabet grec on retrouve deux experts belges très médiatisés, Emmanuel André et Marc Van Ranst. Ils affirment que l’arrivée d’Omicron sur le territoire est « une bonne nouvelle ». Mais, est-ce vraiment le cas ?

Les caractéristiques d’Omicron

Le variant Omicron a été désigné comme « préoccupant » par l’OMS. Est considéré comme répondant à ce qualitatif, les variants qui sont associés à une augmentation de la transmissibilité ou à l’évolution préjudiciable de l’épidémiologie du Covid, à une augmentation de la virulence ou la modification du tableau clinique (caractéristiques, symptômes, état pathologique) ou encore à la diminution de l’efficacité des mesures de santé publique ou des outils de diagnostic, des vaccins et traitements possibles.

Parmi les symptômes, on en retrouve cinq majeurs : nez qui coule, maux de tête, fatigue, éternuements, maux de gorge. De nombreux experts mettent en garde sur le pic de contaminations liées à ce variant d’ici ce week-end. Ce lundi, Emmanuel André affirmait sur Twitter que le variant représente déjà 60% des infections au Covid en Belgique. Il représente, ce jeudi, 70% des contaminations sur le sol belge.

En ce qui concerne l’efficacité des tests et des vaccins, d’après l’OMS, il y a « un déclin de l’efficacité des vaccins contre les formes sévères de la maladie ». Cependant, l’organisation rappelle que la vaccination reste essentielle pour réduire les risques de complication et de transmission. Des propos confirmés par Yves Coppieters il y a quelques jours qui revenait pour Le Vif sur les enjeux d’Omicron.

Alors, bonne nouvelle l’Omicron ?

Depuis son arrivée sur le territoire, le variant Omicron se propage plus rapidement que les précédentes mutations du virus tels que le Delta. C’est pourquoi, plusieurs pays, dont la France, ont pu enregistré des taux de contamination record en 24 heures. Cependant, s’il faut s’inquiéter de sa dispersion, Omicron serait moins fatal. Ce que confirme également Marc Van Ranst lorsqu’il annonçait la bonne nouvelle liée à Omicron : les formes sévères de maladie sont moindres. Il y aurait, en effet, moins de risque d’attraper une pneumonie et les symptômes de la maladie peuvent se limiter à ceux d’un rhume, peut-on lire dans La Libre Belgique. À l’heure où les infrastructures hospitalières manquent de personnel et où il convient de ne pas surcharger les soins intensifs afin que le travail médical (notamment, hors Covid) suive son cours, il pourrait s’agir d’une bonne nouvelle (lire plus bas ‘Ne pas crier victoire trop vite’).

Pour Emmanuel André, le point positif lié au nouveau variant est l’immunité qu’il entraîne une fois qu’il a été contracté, indique-t-il dans un tweet. Selon l’expert, il protège efficacement contre le variant Delta qui donne, lui, des formes plus sévères du coronavirus.

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Une cinquième vague plutôt calme en Belgique ?

Yves Coppierters, épidémiologiste à l’ULB interpellé sur LN24 sur le fait que la vague Omicron est moins importante en Belgique que dans nos pays voisins, explique : « C’est vrai qu’on observe toujours la descente de la quatrième vague – la vague Delta – mélangé à des contaminations d’Omicron. »

Selon l’expert en santé publique, cela peut s’expliquer par plusieurs éléments : « en Belgique, on est un des pays qui a eu la quatrième vague la plus forte d’Europe avec des taux d’indicence de nouveaux cas de plus de 2.000 pour 100.000 habitants. Mais contrairement à la France, on a eu le pic de notre vague beaucoup plus tôt car [les Français] sont toujours dans la montée et nous, on est déjà dans la descente ». L’épidémiologiste souligne que face à une quatrième vague Delta très forte, une immunité s’est installée dans la population avec une couverture vaccinale assez élevée puisqu’on est à 88% de deuxième dose chez les 18 ans et plus et que déjà 44% de la population a reçu une troisième dose.

Une des raisons qui pourrait expliquer que la cinquième vague liée au variant Omicron est moins forte en Belgique serait « un échappement immunitaire partiel ». Selon Yves Coppieters, « la vaccination et l’immunité acquise sont des protections contre ce variant. Je pense que c’est cela qui explique le retard du démarrage de la vague Omicron ». Et d’ajouter : « peut-être qu’on est dans une population capable d’absorber cette vague Omicron. »

L’expert reste toutefois prudent : « il y aura sans doute une augmentation des cas début janvier lorsqu’on va reprendre nos activités ». Il insiste sur la capacité mise en place par les autorités afin de détecter l’augmentation des cas via le système de testing en précisant qu’à l’heure actuelle la Belgique réalise 65.000 tests hebdomadaires et qu’il faudra peut-être l’augmenter à 80.000 ou 85.000 tests. Yves Coppieters n’est toutefois pas sûr que l’augmentation du nombre de tests soit possible : « On va peut-être sous-évaluer la vague Omicron simplement parce que la capacité de testing va s’affaiblir ou simplement ne va pas être augmenté. (…) Pendant les vacances on a bien compris que beaucoup ont utilisé des auto-tests avant les fêtes et on se teste moins officiellement (…) On est peut-être dans un phénomène de sous-utilisation du système de testing officiel. » Et de conclure : « avec la vague d’Omicron attendue, c’est quand même étonnant qu’actuellement on ne la voit pas arriver dans nos courbes ».

Ne pas crier victoire trop vite

Si les nouvelles peuvent être rassurantes dans une certaine mesure, Muriel Moser, immunologue à l’ULB appelle dans Le Soir à une vigilance accrue des autorités face à ces analyses : « Avec un variant qui envoie deux fois moins de personnes à l’hôpital mais qui contamine deux fois plus de gens, l’effet sur les hospitalisations au mieux se neutralise et si les contaminations sont vraiment très élevées, l’impact sur les hôpitaux peut alors être important ». Yves Coppieters, toujours interviewé par nos confrères de LN24, explique que dans des situations semblables à celles de la Belgique comme au Danemark et au Royaume-Uni, « les hospitalisations augmentent et c’est dû à la pression quantitative d’Omicron sur la population. Mais, par contre, les soins intensifs et les réanimations, elles, n’augmentent pas en parallèle à ces hospitalisations. Il y a donc une dissociation entre les formes graves qui nécessitent une hospitalisation et les formes très graves qui nécessitent des soins de type réanimation ».

Toujours et encore et le regard pointé sur les hôpitaux pour qui envisager un retour à la normale ne devrait pas arriver de sitôt et qui envisage une nouvelle envolée des hospitalisations mi-janvier : « Les soins intensifs devraient encore continuer à se vider durant trois semaines avant d’accueillir peut-être des patients Covid liés à la vague Omicron autour du 17 janvier. A ce moment-là, on devrait être autour des 330 hospitalisés pour Covid en USI. Cette capacité est le minimum pour revenir à une activité hospitalière normale sans report de soins. Donc, si omicron envoie à nouveau des gens aux soins intensifs, le retour à la normale sera à nouveau postposé » explique au Soir Marcel Vander Auwera, spécialiste de la planification d’urgence au comité Hospital and Surge capacity.

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