Sept choses surprenantes à apprendre sur le sommeil
Dix mille articles sont écrits, chaque année, sur le sommeil. Soit cent fois plus qu’il y a dix ans. Preuve que le sujet n’est plus un problème individuel, mais un enjeu crucial de santé publique. Qui a encore de nombreux secrets à dévoiler.
1. Les nuits ont raccourci de plus d’une heure en 50 ans
Les nuits des Belges sont devenues de plus en plus courtes : elles durent sept heures en moyenne aujourd’hui, mais étaient plus longues d’une heure, voire d’une heure trente il y a 50 ans. Car entre le boulot et le dodo, les soirées s’allongent. Tout ce temps est pris sur le temps de sommeil. «Dans nos sociétés, les loisirs sont devenus prépondérants, en valeur et en durée. Nous voulons des activités culturelles, de la convivialité: le sommeil vient après», note l’historien français André Rauch, spécialiste de l’histoire culturelle. Smartphone, séries, horaires de travail à rallonge ou décalés, e-shopping 24 heures sur 24… «On estime qu’un tiers des adultes dort, volontairement ou non, moins de six heures par nuit», précise Steven Laureys, neurologue et directeur du Centre du cerveau au CHU de Liège.
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2. Rêver est un effort physique intense
Certaines recherches, menées notamment à Liège, montrent que, lors de l’activation des zones liées aux émotions, durant la phase de sommeil paradoxal, les rêves s’apparentent à des expériences affectives fortes. Les yeux vont dans tous les sens, la respiration s’accélère, le cœur s’emballe… Rêver est un effort physique intense. Mais sa fonction reste une énigme. A la théorie psychanalytique de Sigmund Freud, qui voit dans le rêve l’expression inconsciente de désirs et de sentiments refoulés, de nombreuses hypothèses sont venues s’ajouter. Pour les experts du sommeil, sa fonction s’apparente à une «thérapie nocturne». Car, s’ils observent une hyperactivité émotionnelle lors des rêves, serait-ce pour dépouiller nos souvenirs de leurs émotions? C’est notamment la conviction de Steven Laureys et de Matthew Walker. «Ils effacent les blessures douloureuses suivant les épisodes émotionnels désagréables, voire traumatisants, vécus pendant la journée, offrant ainsi un pansement émotionnel au réveil», écrit Matthew Walker, professeur de neurosciences et de psychologie, dans son livre Pourquoi nous dormons (La Découverte, 2018).
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3. Les petits dormeurs sont plus résistants au stress
Ils ne dorment que quatre à six heures par nuit… mais n’en souffrent pas du tout. Les petits dormeurs représenteraient moins de 5% de la population et doivent remercier la génétique. « La découverte du premier variant à l’origine de cette particularité est assez récente. D’autres variants ont également été identifiés depuis, explique la Pr Marie Bruyneel, cheffe de service de pneumologie et du labo du sommeil au CHU Saint-Pierre, à Bruxelles. Tous ces variants génétiques concernent soit l’expression de l’orexine, un neuropeptide (NDLR: un type d’hormone) éveillant, soit sont impliqués dans l’équilibre entre le sommeil paradoxal et l’état d’éveil. Les courts dormeurs ont besoin de la même quantité de sommeil profond (N3) que les autres mais de moins de sommeil paradoxal (REM) et de sommeil léger (N1 et N2). C’est ce qui explique qu’ils n’ont besoin de dormir que de quatre à six heures par nuit.»
«On a constaté par ailleurs que les petits dormeurs se montrent plus résistants au stress, raison pour laquelle on les retrouve souvent à des postes à responsabilités, en politique notamment. Ils sont aussi capables de cumuler plusieurs activités professionnelles. Je pense que certains de ces petits dormeurs ont d’ailleurs atteint une position d’élite parce qu’ils disposent justement de cette propension naturelle », ajoute Marie Bruyneel.
4. Le manque de sommeil peut favoriser l’obésité
Rhumes fréquents, maux de tête ou de dos, difficultés de concentration, irritabilité, bâillements incessants… Les nuits de plus en plus courtes ont de multiples conséquences. Dont une plutôt inattendue : l’accroissement du risque d’obésité, car le manque de sommeil inhibe la sécrétion de leptine, l’hormone de satiété. De plus, l’individu épuisé a tendance à confondre fatigue et faim et privilégie le sucre pour se donner un coup de fouet.
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5. S’endormir avec un objet en main peut booster la créativité
Tel est le principe de la sieste Eurêka. Même s’il ne s’agit donc pas réellement d’une sieste, mais d’une phase très courte – quelques secondes – juste avant l’endormissement, au cours de laquelle le cerveau se situe dans un état de semi-conscience rapidement interrompu. Un état cognitif proche du sommeil paradoxal. L’inventeur Thomas Edison, le physicien Albert Einstein ou encore le peintre Salvador Dali pratiquaient la méthode. Thomas Edison, par exemple, avait pour habitude de faire des siestes assis dans un fauteuil, une boule métallique à la main. Il se réveillait en sursaut quand elle tombait, juste à temps pour noter ses flashs de créativité. Salvador Dali avait mis au point une technique très similaire, où une lourde clé remplaçait la sphère. A son réveil, les idées, les images jaillissaient.
6. Les enfants aussi peuvent souffrir d’apnées du sommeil
30,5% des personnes de plus de 65 ans sont affectées par des aprnées du sommeil. Un trouble qui augmente avec l’âge, mais qui peut aussi concerner les enfants, bien que ce soit nettement plus rare. Principalement lorsqu’ils présentent une hypertrophie des amygdales ou des végétations et, de plus en plus, lorsqu’ils sont en surpoids.
7. Les somnambules ne ressentent (généralement) pas la douleur
Et c’est une énigme clinique ! Pareil pour le froid: un somnambule peut se promener en slip dehors par moins dix et ne pas se les geler tant qu’il est en crise. L’enregistrement en temps réel du fonctionnement cérébral de dormeurs en accès de somnambulisme montre une dissociation de l’activité des différentes zones du cerveau, comme un état d’éveil incomplet. Les chercheurs formulent donc cette hypothèse: le circuit permettant de traiter l’information de la douleur ne fonctionnerait pas correctement.
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