Raoul Hedebouw mensonges

Institut mondial d’hedebouwologie: les petits mensonges et fausses promesses de Raoul Hedebouw

Nicolas De Decker Journaliste au Vif
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Tableau périodique des éléments de langage farfelus, faux ou fallacieux de Raoul Hedebouw (et donc de son parti).

Leur parcours à tous est lesté de plusieurs années de déclarations de campagne, de petits et de gros mensonges, de fausses promesses et d’erreurs factuelles que la vérité des faits, ou la logique, ou la morale, ou les trois, contredisent, sans que jamais ils n’aient dû s’en justifier. Bien sûr, il y a parmi eux des spécialistes, qui s’adonnent au bluff politique plus souvent que les autres, mais chacun s’en est déjà rendu coupable. C’est précisément pourquoi Le Vif a décidé de répertorier ces petits et gros mensonges dans un dictionnaire très didactique des pseudo-vérités politiques en Belgique francophone.

Pour ne flinguer personne, chacun aura le droit de s’expliquer sur ses mensonges, ses contre-vérités et ses fausses promesses passés. Et nos différents dictionnaires seront alimentés, jusqu’au 9 juin. Après le MR (Observatoire du gloubisme), le PS (Centre d’étude de la vie magnétique) et Ecolo (Unité d’écolométrie comparée), place au PTB.

Institut mondial d’hedebouwologie

Raoul Hedebouw sur le carriérisme au PTB

«Au PTB, on ne fait pas de la politique pour faire carrière», dit le directeur politique du PTB, David Pestieau, et plein de ses camarades le répètent souvent. Lui, c’était quand Youssef Handichi, encore membre du PTB, avait expliqué qu’il ne se présenterait pas aux élections en juin prochain. Youssef Handichi avait menti, là, mais il est sorti du champ d’étude de l’hedebouwologie en prenant sa carte au MR. Il reste donc aux hedebouwologues cette étrange assertion pour un parti marxiste-léniniste, souvent répétée pourtant chez les «camas», qu’une carrière politique n’était pas compatible avec un engagement au PTB. Elle est si étrange qu’elle surprend même le président de notre champ d’étude. Parce que lui, comme David Pestieau et comme pratiquement tous les dirigeants de son parti, n’ont jamais milité qu’au PTB, et, puisque les deux dimensions sont là fortement intriquées, ils n’ont jamais travaillé que pour le parti, souvent c’était aussi le cas de leurs parents, et d’ailleurs il fait une moue fort inhabituellement personnelle, Raoul Hedebouw. «Moi, je ne pense pas avoir beaucoup insisté sur les carrières. C’est sur l’argent qu’on insiste, oui, ça oui, et pas qu’un peu. Mais être militant toute une vie, ce n’est vraiment pas un problème pour moi, j’ai toujours dit que j’espérais encore avoir le courage d’être militant à septante ans. Et même sur la transmission du militantisme au sein des familles, je ne pense pas qu’on puisse souvent me prendre en défaut sur ça. Notre problème, c’est l’attrait de l’argent en politique, pas la carrière en elle-même», dit celui qui gagnera peu d’argent, il s’y engage, a être étudié pendant longtemps par l’Institut mondial d’hedebouwologie.


Sur la taille de la classe ouvrière

Dans le rapport du dernier congrès du PTB, tenu fin 2021, on peut lire que «la classe ouvrière représente grosso modo 60% de la classe travailleuse», et c’est une double entorse. Au lexique traditionnel du marxisme, tout d’abord, qui ne parlait historiquement que de classe ouvrière: le PTB a choisi depuis longtemps de rebaptiser du terme moins clivant de «classe travailleuse» l’ensemble des catégories salariées, et la plupart des indépendants.

A la réalité matérielle ensuite: les ouvriers sont loin de constituer la majorité de la masse immense des salariés (fin 2023, l’ONSS dénombrait 1,5 million d’ouvriers dans les secteurs privé et public pour un total de plus de 4,5 millions de salariés) et encore moins des indépendants.

La double entorse se justifie par une contorsion. Le PTB veut simultanément représenter toute la classe travailleuse, donc il réduit, jusqu’à l’effacer terminologiquement, ses mentions de la classe ouvrière à l’extérieur. Mais comme, à l’intérieur, il veut promouvoir l’ascension d’ouvriers dans l’appareil du parti, il augmente fictivement le poids des ouvriers parmi les travailleurs. D’ailleurs Raoul Hedebouw assume cette part de fiction ouvrièriste à l’intérieur, travailleuse à l’extérieur: «On a pris le critère du diplôme, on considère que les travailleurs sans diplôme sont des ouvriers. Et on a pris une définition assez large en effet, parce que sur cette question, ce n’est pas tout blanc ou tout noir», dit le rouge.


Raoul Hedebouw sur la guerre en Ukraine

Le 19 février 2022, alors que Joe Biden annonce que la Russie se prépare à envahir l’Ukraine, sur sa page Facebook, Raoul Hedebouw ravit les hedebouwophiles: «Les USA nous ont menti à propos de l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie, la Libye, le Vietnam, la Bolivie, le Venezuela, le Guatemala, le Honduras, Haïti, Cuba, le Panama, le Nicaragua… mais ils diraient maintenant la vérité sur l’Ukraine?», écrit le président du PTB. Le 24 février, la Russie envahit l’Ukraine, les USA ne nous avaient pas menti, Raoul Hedebouw avait tort, et le post du président du PTB devient immédiatement une pierre philosophale pour hedebouwologues. Le concerné reconnait son erreur mais maintient. «Les Etats-Unis sont encore et toujours en train de mentir sur leur propre domination du monde», nous dit-il, deux ans et un mois après la vérité de Joe Biden. «Evidemment que les Etats-Unis restent une puissance hyper mensongère. Mais je n’ai jamais dit que Poutine ne menaçait pas l’Ukraine ou qu’il n’était pas impérialiste, hein. D’autres forces de gauche radicale ont peut-être dit ça en Europe, mais moi je n’ai jamais dit ça. Notre analyse est que l’impérialisme russe existe, mais que c’est un impérialisme sous-régional. Je rappelle d’ailleurs que le PTB était opposé à la guerre en Tchétchénie alors que les Verhofstadt, Louis Michel et compagnie voulaient faire du business avec Poutine…», précise celui qui disait que les «USA ne disaient pas la vérité sur l’Ukraine» tandis qu’ils disaient alors la vérité sur l’Ukraine, et qui, donc, «persiste et signe», faisant exploser tous les calculateurs de l’Institut mondial d’hedebouwologie.


Sur les impôts payés par Colruyt

Raoul Hedebouw a déjà admis avoir un jour dit quelque chose de faux, «et on est un des seuls partis à avoir reconnu une erreur, donc de ce côté-là, voilà, quoi», quand l’Institut mondial d’hedebouwologie l’interroge sur sa gaffe du 14 janvier. Ce jour-là, à la réception des voeux du parti, il affirme que Colruyt n’a payé en 2022 à la Belgique, sur un bénéfice d’1,8 milliards, que 0,27% d’impôts», et c’est faux. Ces chiffres correspondent à l’impôt payé par la holding du grand groupe flamand, basée au Luxembourg, qui intègre les plus-values sur actions et les dividendes reçus, souvent déjà taxés et donc largement exonérés. Les comptes consolidés du groupe, eux, montrent que ses bénéfices, 250,9 millions d’euros, ont été taxés à un honorable 24,8% au titre de l’impôt des sociétés. «On n’aurait pas dû globaliser», reconnait donc Raoul Hedebouw, qui trouve une raison à son tort. «On a bien fait de pointer du doigt cet 1,8 milliards d’euros, dont on ne sait pas comment il a été taxé, mais on sait que c’est très faible, au Luxembourg, et c’est sur ça qu’il faut avoir ce débat», ajoute-t-il, comme si le débat avait eu lieu sur ces stratégies d’optimisation fiscale et pas sur sa grossière erreur factuelle. Sur laquelle, promet-il, l’Institut mondial d’hédebouwologie n’aura plus à se pencher dans le futur, parce qu’elles ne se reproduiront plus. Les procédures, ont peut dire process, ont été renforcés, assure-t-il. «ll n’y a rien à faire, il faut du double check, et ne pas vouloir aller trop vite», résume Raoul Hedebouw.


Sur les sanctions à géométrie variable

Raoul Hedebouw et le PTB sont réticents aux sanctions lorsqu’il s’agit de les appliquer à la Russie ou à la Chine, parce qu’elles seraient inefficaces et contre-productives, mais Raoul Hedebouw et le PTB sont favorables aux sanctions lorsqu’il s’agit de les appliquer à Israël. Le département de géométrie variable de l’Institut mondial d’hedebouwologie se frotte les compas. Mais le sujet départemental se justifie. «Pour la Russie, on n’est pas opposé aux sanctions, on a juste demandé que les sanctions soient dirigées vers les oligarques russes eux-mêmes. Et pour la Chine, on n’est pas d’accord de rentrer en guerre avec la Chine, qui n’inflige pas d’oppression coloniale à un autre peuple», répond Raoul Hedebouw. «Dans le cas d’Israël, il y a des dizaines de résolutions des Nations-Unies», contre-balance-t-il, sans signaler, au plus grand dépens du département de droit international de l’Institut mondial d’hedebouwologie, qu’Israel, contrairement à la Chine et à la Russie, ne dispose pas d’un droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU. Le PTB défend le mouvement BDS, qui réclame même un boycott des universités israéliennes, et ce n’est, dit-il, pas la même chose que pour la Russie ou la Chine car «dans la société civile israélienne même, il y a des colons, c’est-à-dire des acteurs eux-mêmes de la colonisation». Le département de logique formelle de l’Institut mondial d’hedebouwologie, qui n’ignore pas comment sont gouvernées les très dociles universités russes et chinoises, est à deux doigts de présenter une démission collective.


Raoul Hedebouw sur les «grands monopoles privés»

«Les grands monopoles privés déterminent où et quand investir et comment on produit, en se basant avant tout sur leurs chances d’empocher des profits et non sur la survie de l’humanité», est-il écrit à la page 57 du rapport du congrès 2021 du PTB, dans le chapitre consacré au climat, en effet ces grands monopoles privés matérialisent remarquablement l’ennemi de classe, spécialement dans ce chapitre, et on n’en attend pas moins de la production politique quinquennale d’une formation aussi résolument communiste que celle de Raoul Hedebouw. Il faut donc tordre le bras de ces grands conglomérats privés, et nationaliser partout le secteur de l’énergie. Mais dans le secteur de l’énergie, les grandes entreprises, en fait, sont au moins autant publiques que privées. Les quatre plus grandes compagnies pétrolières mondiales sont des propriétés d’Etat, et des géants européen tels qu’EDF ou Engie sont, en tout ou en partie, propriété publique. Mais, conteste le matérialiste Raoul Hedebouw, leur capital est public mais leur âme est privée. «Chez nous en Belgique, Engie n’est pas une entreprise nationale belge, hein. Et puis surtout ces sociétés, c’est du capitalisme d’Etat. On le dénonce aussi, le capitalisme d’Etat», répond-il aux questions de l’Institut mondial d’hedebouwologie. Mais alors pourquoi vouloir nationaliser un secteur déjà largement nationalisé? «Parce que ce n’est qu’une première étape. Puis, il faut faire rentrer la démocratie, les syndicats, les organisations syndicales, dans ces entreprises d’Etat gérées comme des monopoles privés», conclut-il, confiant dans son espoir de pouvoir l’accomplir en Belgique (puis peut-être en Europe, et puis aussi en Chine ou en Arabie saoudite).

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