Jean-Marc Nollet mensonges écolos
Les dirigeants écologistes, comme les autres, font eux aussi preuve d'incohérence, de temps à autre. © © Hatim Kaghat

Unité d’écolométrie comparée: les petits mensonges et fausses promesses de Jean-Marc Nollet

Benjamin Hermann
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Carnet d’observation des leurres, des petits mensonges et des incohérences de Jean-Marc Nollet, Rajae Maouane et autres dirigeants écologistes.

Leur parcours à tous est lesté de plusieurs années de déclarations de campagne, de petits et de gros mensonges, de fausses promesses et d’erreurs factuelles que la vérité des faits, ou la logique, ou la morale, ou les trois, contredisent, sans que jamais ils n’aient dû s’en justifier. Bien sûr, il y a parmi eux des spécialistes, qui s’adonnent au bluff politique plus souvent que les autres, mais chacun s’en est déjà rendu coupable. C’est précisément pourquoi Le Vif a décidé de répertorier ces petits et gros mensonges dans un dictionnaire très didactique des pseudo-vérités politiques en Belgique francophone.

Pour ne flinguer personne, chacun aura le droit de s’expliquer sur ses mensonges, ses contre-vérités et ses fausses promesses passés. Et nos différents dictionnaires seront alimentés, jusqu’au 9 juin. Après le MR (Observatoire du gloubisme) et le PS (Centre d’étude de la vie magnétique), place aux écolos.

Unité d’écolométrie comparée

Jean-Marc Nollet sur l’énergie nucléaire

«Fermer les centrales nucléaires sans plus aucune prolongation de durée de vie», revendiquait, en 2019, le programme électoral d’Ecolo. Son coprésident, Jean-Marc Nollet, défend aujourd’hui la mise en place de scénarios sans nucléaire. Son parti participe pourtant à un gouvernement fédéral qui a dégagé 100 millions d’euros pour la recherche dans le développement de réacteurs de nouvelle génération. Mais son nouveau programme électoral confirme une nouvelle fois, sans surprise, tout le désamour des verts pour le nucléaire.

L’électeur écologiste y verra éventuellement quelques incohérences ou un aveu d’impuissance. Mais il ne s’agit en aucun cas de fausses promesses, insiste Jean-Marc Nollet.

«Les deux options étaient dans l’accord, donc la parole a été tenue.»

«L’accord de gouvernement prévoyait deux options possibles: on fermait soit cinq réacteurs, soit sept. Eu égard à la situation en Ukraine et aux difficultés du nucléaire français, on a pris la décision d’en fermer cinq. C’est déjà pas mal. Mais les deux options étaient dans l’accord du gouvernement.» L’esprit de l’accord était celui de la fermeture, mais en effet, une porte de sortie était ménagée en cas de problème inattendu de sécurité d’approvisionnement.

Entre les ambitions de la précédente campagne et le résultat final, un fossé s’est tout de même creusé. «Mais c’est la différence entre un programme et un accord, concède le coprésident. Si vous obtenez plus de 50% aux élections, vous appliquez votre programme. Si vous faites moins, vous devez négocier un accord. C’est la démocratie, tout simplement. Les deux options étaient dans l’accord, donc la parole a été tenue», se défend Jean-Marc Nollet.

Sur l’isolation des logements

C’est une ambition qui, aujourd’hui, peut prêter à sourire. En 2014, alors coprésidente d’Ecolo, Emily Hoyos dévoilait comme ambition de son parti la volonté de voir tous les logements de Wallonie dotés d’une isolation de toiture et d’un double vitrage dix ans plus tard. En 2024, donc.

Cette fois, les échéances globales semblent quelque peu postposées, puisque, si l’isolation fait toujours partie des priorités, c’est l’année 2050 qui est fixée comme date butoir pour décarboner l’entièreté du parc immobilier, avec des logements sociaux à rénover en priorité.

Soyons de bon compte, les écologistes n’ont réintégré les gouvernements régionaux qu’en 2019. Mais les belles ambitions d’alors ne semblent pas avoir été satisfaites entre-temps.

«D’autres points pour lesquels on nous disait qu’on n’y arriverait pas ont avancé plus vite que prévu. Cela concerne le triplement de l’énergie éolienne offshore, par exemple», précise Jean-Marc Nollet. C’est le fait du fédéral, en l’occurrence.

Par rapport à l’isolation du logement, «c’est clair qu’il faut accélérer les choses, c’est pourquoi nous proposons de travailler quartier par quartier. La Wallonie a pris du retard par rapport à ce que nous, en tant qu’écologistes, nous imaginions.» La cadence s’est accélérée, mais pas suffisamment et il conviendra de mettre les bouchées doubles à l’avenir pour atteindre les objectifs, admet-il encore.

Jean-Marc Nollet sur sa longévité en politique

Ecolo fait partie des formations ayant érigé la bonne gouvernance en valeur suprême. Ainsi, la généralisation du décumul des mandats figure dans son programme électoral. Le parti souhaite que toute fonction de parlementaire ou de ministre soit incompatible avec un mandat dans un exécutif communal, par exemple. Dans un même esprit, pour garantir l’accessibilité du plus grand nombre à la politique et éviter la concentration des pouvoirs, Ecolo veut limiter l’exercice d’un même mandat à trois périodes successives (deux mandats pour les ministres).

Les cordonniers sont-ils les plus mal chaussés?  «Ceux qui se disent les plus vertueux s’octroient des dérogations depuis vingt ans. Chez Ecolo, on considère qu’une fois qu’on est ministre, le compteur retombe à zéro, ce n’est pas très cohérent», fustige par exemple Maxime Prévot (Les Engagés).

Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, est à l’avant-plan du paysage politique depuis un quart de siècle. «Je ne cumule pas, précise-t-il. J’ai démissionné de ma fonction de député dès que j’ai été élu à la coprésidence.» Peut-être ne déroge-t-il pas au sens stricts aux principes, mais sa longévité n’entre-t-elle pas en contradiction avec eux? Il fut ministre communautaire dès 1999, également ministre wallon en 2009, élu député fédéral en 2004, en 2007 et en 2014. Il figure encore en tête de liste à la Chambre, dans le Hainaut. «C’est vrai que j’ai une certaine expérience, mais j’essaie aussi de la mettre à profit», justifie l’écologiste.

Sur la présence de Kristof Calvo sur sa liste

Cela ne concerne pas directement Jean-Marc Nollet, mais bien un des candidats présents sur la liste fédérale dans le Hainaut, dont il occupe la tête de liste. Kristof Calvo y occupera en effet la dix-septième place effective. Il « poussera la liste », comme le veut l’expression consacrée.

Elu dans la circonscription d’Anvers en 2019 avec plus de 39.000 voix de préférence, il franchit la frontière linguistique dans le cadre de cette campagne électorale. Kristof Calvo, que l’on disait marri de n’avoir pu monter au gouvernement fédéral lors de la formation de la Vivaldi, avait pourtant annoncé l’an dernier son retrait de la politique nationale en 2024. Il allait se concentrer sur un échelon plus local, dans sa ville de Malines, ce qu’il fera très probablement d’ailleurs.

Cependant, les électeurs hennuyers le retrouveront bien sur leurs bulletins de vote, son nom inscrit sur une liste que l’on peut bien qualifier de nationale. Il veut s’investir dans « le combat des idées » plutôt que celui des partis et des personnes, dans une circonscription qui verra s’affronter le coprésident d’Ecolo, celui du MR et celui du PS.

« C’est une place de soutien et c’est un beau geste », estime Jean-Marc Nollet. Kristof Calvo a en effet assez peu de chances d’être élu en bout de course, même si ce n’est pas inconcevable. Il y va donc pour le fond plus que pour un siège, de prime abord. « Je n’ai pas l’impression qu’il a dit qu’il quitterait la politique, mais bien le Parlement, justifie le coprésident. Il a toujours fait de la politique et il en fera toujours. Faire de la politique, ce n’est pas qu’être député. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire