May 16, 2024, Banska Bystrica, Warsaw, Poland: 16.05.2024 - Slowacja , Banska Bystrzyca ..Szpital Uniwersytecki z poliklinika F.D. Roosevelta , w ktorym walczy o zycie postrzelony w zamachu premier slowacji Robert Fico (Credit Image: © Rafal Klimkiewicz/Newspix via ZUMA Press)

Le Premier ministre slovaque Robert Fico « capable de parler » mais la situation reste « très critique », le tireur est un «loup solitaire» de 71 ans

Le Premier ministre slovaque Robert Fico a été blessé par balle mercredi. Il est désormais dans un état stable mais toujours « très grave ».

Le Premier ministre slovaque Robert Fico se trouve dans un état stable mais toujours « très grave », après avoir été blessé par balle la veille, a déclaré le vice-Premier ministre Robert Kalinak. « Cette nuit, les médecins ont réussi à stabiliser l’état du patient », a déclaré M. Kalinak, qui est également ministre de la Défense. « Malheureusement, l’état reste très grave, car ses blessures sont compliquées« , a-t-il ajouté. Le dirigeant de 59 ans a subi « une opération de cinq heures », a précisé la directrice de l’établissement Miriam Lapunikova, confirmant qu’il est toujours dans un état « vraiment très grave » et va rester en soins intensifs.

Jeudi après-midi, le président élu a indiqué que Robert Fico était « capable de parler« , après avoir pu s’entretenir avec lui « quelques minutes ». « Il peut parler mais seulement pour quelques phrases », a déclaré Peter Pellegrini, son allié de longue date, devant l’hôpital de Banska Bystrica (centre) où se trouve le dirigeant de 59 ans. « Il est très, très fatigué. La situation est encore très critique ».

L’assaillant présumé, un homme de 71 ans identifié par les médias slovaques comme un écrivain local, a été inculpé jeudi pour « tentative de meurtre avec préméditation », a annoncé le ministre de l’Intérieur Matus Sutaj Estok, évoquant une attaque « motivée par des considérations politiques ».

« C’était un loup solitaire » qui a décidé de passer à l’acte « après les résultats du scrutin présidentiel, dont il était mécontent », a-t-il dit.

Le président appelle à la suspension de la campagne des européennes

Le président élu slovaque a appelé jeudi à « suspendre » la campagne des européennes de juin dans un pays miné par les tensions, au lendemain d’un attentat qualifié de « politique » contre le Premier ministre Robert Fico qui se trouve toujours dans un « état grave ».

Face aux tensions dans la classe politique, Peter Pellegrini, allié de longue date de M. Fico, a exhorté les partis à « suspendre temporairement » la campagne en vue du scrutin prévu le 8 juin.

« La Slovaquie n’a pas besoin en ce moment de davantage de confrontation » et « d’accusations mutuelles », a déclaré le responsable, qui prendra ses fonctions en juin.

« Radicalisation »

Dans un pays déchiré par les divisions entre un gouvernement favorable au Kremlin et une opposition pro-occidentale, la présidente sortante Zuzana Caputova, présente aux côtés de son successeur, a également appelé à « sortir du cercle vicieux de la haine ».

Robert Fico est dans un état « vraiment très grave », souffrant de « multiples blessures », et va rester en soins intensifs, selon la directrice de l’hôpital Miriam Lapunikova.

Devant l’hôpital, des Slovaques ont fait part de leur consternation. « Jetez des tomates ou des œufs si vous voulez, mais ne sortez pas une arme! », lance Karol Reichl, ancien chauffeur de 69 ans.

Selon des experts, cette tentative d’assassinat pourrait accentuer la « radicalisation » de la classe politique. « Je crains que cette attaque ne soit pas la dernière et que des membres de l’opposition soient à leur tour visés dans un futur proche », a commenté pour l’AFP le politologue Miroslav Radek.

Qui est le tireur ?

Dans la ville de Levice, d’où était originaire le tireur présumé, le club de littérature dont le tireur faisait partie depuis 2015 a aussitôt pris ses distances, dénonçant « une immense tragédie ». Si les faits étaient confirmés « l’adhésion de cette méprisable personne serait immédiatement annulée », a-t-il ajouté.

Plusieurs déclarations du suspect, auteur de plusieurs recueils de poésie, sont disponibles sur les réseaux sociaux. Dans une vidéo mise en ligne il y a huit ans, il déclarait: « Le monde est plein de violence et d’armes. Les gens semblent devenir fous« . Il a également affirmé avoir fondé un « Mouvement contre la violence » à Levice, qui se définit sur sa page Facebook comme « un parti politique émergent dont l’objectif est d’empêcher la propagation de la violence dans la société« .

Le fils du suspect a pour sa part déclaré au site d’information aktuality.sk que son père avait une arme à feu légalement enregistrée. Interrogé sur les sentiments de son père à l’égard de M. Fico, il a répondu : « Je vais vous dire une chose : il n’a pas voté pour lui. C’est tout ce que je peux dire ».

Dans la commune, des habitants confiaient leur « tristesse » devant cet acte de « violence » contre Robert Fico, comme Jaroslav Pirozak, un ingénieur de 34 ans. « Mais en même temps, c’est lui qui sème la haine et divise la société ».

Sidération

Après être revenu au pouvoir comme Premier ministre en octobre, Robert Fico a mis en doute la souveraineté de l’Ukraine et fait cesser toute aide militaire au pays. Cet ancien membre du parti communiste, qui a fondé sa propre formation et rejette les étiquettes de « populiste » et de « démagogue », s’est opposé aux sanctions contre la Russie. En avril, il a néanmoins opéré un changement de ton face à la guerre en Ukraine, prônant une solution pacifique qui respecte « l’intégrité territoriale » de ce pays.

Son allié au gouvernement, Peter Pellegrini, a remporté le mois dernier la présidentielle devançant largement un diplomate pro-européen, en faisant de la guerre en Ukraine un élément clé de la campagne dans ce pays de 5,4 millions d’habitants membre de l’Union européenne et de l’Otan. Sa coalition gouvernementale a notamment adopté un projet de loi controversé sur la radio et la télévision publiques RTVS que le pouvoir en place accuse de manquer d’objectivité

L’attentat a suscité la sidération dans le monde, du président américain Joe Biden au chef d’Etat russe Vladimir Poutine, tous condamnant un crime « odieux ».

Dans l’UE, plusieurs dirigeants ont exprimé leur « choc », à l’image d’Emmanuel Macron en France, de Giorgia Meloni en Italie ou du Hongrois Viktor Orban, un proche de Robert Fico, tout comme la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

La Slovaquie a déjà connu par le passé des attaques violentes dans le monde politique, notamment l’enlèvement en 1995 du fils du chef de l’Etat à l’époque, Michal Kovac, retrouvé en Autriche voisine.

Des soupçons sur un éventuel rôle joué dans cette affaire par Vladimir Meciar, le Premier ministre slovaque de l’époque et son principal adversaire, ont persisté pendant des années à Bratislava.

Dans une autre affaire, un de ses anciens ministres, Jan Ducky, a été assassiné en 1999, devant son domicile à Bratislava.

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