President of Les Engages political party Maxime Prevot delivers a speech during the first statutory convention of the party in Brussels, on April 23, 2023. (Photo by NICOLAS MAETERLINCK / Belga / AFP) / Belgium OUT (Photo by NICOLAS MAETERLINCK/Belga/AFP via Getty Images) © Getty

Des électeurs âgés et un parti que personne ne déteste: les forces et les faiblesses des Engagés

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Le sondage Kantar-Le Vif donne des informations très précises sur l’électorat des Engagés et sur les électeurs potentiels qu’il peut encore convaincre d’ici le 9 juin. Voici les forces et faiblesses du parti de Maxime Prévot.

Selon le sondage réalisé par Kantar pour Le Vif, Les Engagés récolteraient, si le scrutin fédéral avait lieu aujourd’hui, 13,2% des suffrages en Wallonie, et 5,4% à Bruxelles. Le résultat bruxellois est à prendre avec encore plus de pincettes que les autres, car le pouls de cette grande métropole qu’est la capitale est traditionnellement difficile à évaluer. Que les Engagés obtiennent le même résultat le 9 juin, et ils amélioreront leur mauvaise performance de mai 2019 dans les circonscriptions fédérales wallonnes (de 10,7% à 13,2%), mais ils resteraient proches du seuil d’inéligibilité des 5% dans la circonscription fédérale de Bruxelles.

Ils gagneraient deux sièges à la Chambre, y passant de cinq à sept députés, et la performance serait considérée comme une victoire pour un parti, l’ancien CDH, que l’on considérait encore en voie d’extinction il y a quelques années.  Les Engagés sont beaucoup moins détestés que leurs concurrents, puisqu’ils sont la formation la moins cochée en réponse à la question « Pour quel(s) parti(s) ne pourriez-vous absolument pas voter ? », avec 11,5%. Quelles sont les forces et les faiblesses du parti ?

Forces et faiblesses des Engagés : qui sont ses électeurs ?

Les sondés qui manifestent leur préférence pour Les Engagés sont relativement âgés. En effet, 30% de ceux qui annoncent vouloir voter pour ce parti au fédéral ont plus de 65 ans, tandis que son électorat ne compte que 5,8% de 18-24 ans, et 7,6% de 25-34 ans, soit la plus faible proportions de jeunes soutiens, côté francophone, à l’exception de DéFI. 46% de ses électeurs sont porteurs d’un diplôme de l’enseignement supérieur, ce qui en fait la deuxième base sociale la plus diplômée de Belgique francophone : seul Ecolo dispose d’un vivier où les très éduqués sont majoritaires. Les électeurs engagés sont d’ailleurs, en Belgique francophone, ceux qui disent le plus (71%) s’informer sur la politique via les médias traditionnels, soit les journaux, les magazines, la radio et la télévision.

Avec respectivement 20% et 10% qui choisissent les valeurs 9 et 10, soit les deux plus hautes, comme réponse à la question « dans quelle mesure êtes-vous certain de voter pour ce parti en juin ? », les électeurs engagés sont moins certains de leur choix prochain que ceux des autres partis francophones, DeFI excepté. Mais les « absolument pas sûrs » de voter pour Les Engagés, à 3% de son électorat, sont proportionnellement moins nombreux que dans les autres formations francophones.

Le thème qui préoccupe le plus les électeurs des Engagés, comme ceux de la plupart des autres partis, est le pouvoir d’achat, thématique avancée par 23% d’entre eux. Assez loin derrière, les soins de santé (8,2%) et l’emploi (8%) sont des problématiques qui intéressent l’électorat engagé.  

Les Engagés étaient dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir. Mais ils ne sont pas significativement plus critiques envers le gouvernement fédéral que les électeurs des autres partis. Ils sont ainsi 32,8% au total à être tout à fait satisfaits ou plutôt satisfaits de l’action du gouvernement De Croo, et c’est moins, mais pas beaucoup moins, que les électeurs des trois formations francophones de la Vivaldi. Inversement, ils sont 28,1% au total à être plutôt ou tout à fait insatisfaits de l’action du gouvernement De Croo, et c’est plus, mais vraiment pas beaucoup plus, que les électeurs des trois formations francophones de la Vivaldi.

Moins de satisfaits

En revanche, ils sont moins nombreux à être tout à fait ou plutôt satisfaits de leur gouvernement régional (18%) dont ils ne font pas partie que les électeurs du PS (28,8%), du MR (24,3%) et surtout d’Ecolo (32,8%). Témoin de l’ancrage historique local du PSC, puis du CDH, les sondés favorables aux Engagés apprécient plus généralement (61%) leur administration communale que chez les concurrents. Avec chez eux 25% d’appréciation seulement, la Commission européenne est plus mal-aimée par Les Engagés que partout ailleurs, PTB (dont 14% des électeurs sont tout à fait ou plutôt satisfaits de l’exécutif européen) excepté : les électeurs du MR le sont à 29%, ceux du PS à 32,5% et ceux d’Ecolo à 36,5%.

Forces et faiblesses des Engagés : à qui peuvent-ils aller chercher des voix ?

L’électorat potentiel brut des Engagés, c’est-à-dire la masse des sondés qui pourraient un jour envisager de voter pour ce parti est de 32% en Wallonie et de 33,7% à Bruxelles. L’électorat potentiel net des Engagés, c’est la différence entre, en Wallonie, ces 32% et les 13,2% qui disent qu’ils voteraient engagé si les élections fédérales avaient lieu aujourd’hui. Cet électorat potentiel net sera la cible principale de toutes les actions posées par des candidats engagés jusqu’au 9 juin prochain. Il est très révélateur à cet égard d’observer que parmi les sondés qui pourraient envisager de voter pour Les Engagés, 14,8% pourraient voter pour le PS, 20,7% pour le MR, 12,8% pour Ecolo, 18,2% pour DeFI et 9,8% pour le PTB.
Et, dans l’autre sens, 21% des électeurs potentiels du PS, 15,6% de ceux du PTB, 24,2% de ceux du MR, 19,5 de ceux d’Ecolo et 8,5% de ceux de DéFI pourraient envisager de voter pour Les Engagés.

Les nouveaux recrutements opérés par Les Engagés seront-ils des forces ou des faiblesses ? (Getty Images)

Dans cet électorat potentiel net des Engagés, les sondés sont plus nombreux que la moyenne (et que l’électorat potentiel net des autres partis francophones) à estimer que les gouvernements ont bien géré la crise du coronavirus : 59,9% contre 53,6% en moyenne.

Ils sont également plus nombreux que la moyenne (et que l’électorat potentiel net des autres partis francophones) à estimer que les gouvernements ont bien géré la crise des prix de l’énergie : 47,6% pour une moyenne de 36,2%. Sur les réponses aux autres propositions (il faut introduire un impôt sur la fortune, l’indexation des salaires doit être supprimée, les allocations de chômage devraient être limitées à deux ans, des compétences devraient être régionalisées ou refédéralisées, etc.), l’électorat potentiel net des Engagés se trouve dans la moyenne francophone.

Ce sondage a été commandé à l’institut Kantar par Le Vif, KnackTrendsTrends-TendancesDe ZondagDe Krant van West-Vlaanderen et Canal Z. Il a été réalisé en ligne auprès de 2 681 Belges âgés de 18 ans et plus. Il concerne 1 077 Flamands, 1 004 Wallons et 600 Bruxellois. La marge d’erreur maximale est de 3,1 % en Flandre, 3,1 % en Wallonie et 4 % à Bruxelles.

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