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Le Vif dévoile dans son édition du jeudi 22 février les résultats de son grand sondage, à un peu plus de 100 jours des élections.

Sondage Le Vif: le PTB premier parti à Bruxelles, le PS reste en tête en Wallonie

Benjamin Hermann
Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Pour qui voteront les Belges aux élections du 9 juin 2024 ? Le Vif leur a posé la question à l’occasion d’un grand sondage. Voici les gagnants et les perdants, en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre.

La campagne est lancée, les partis dévoilent leur programme et peaufinent leurs listes. Les électeurs, eux, peuvent commencer à songer à qui ils attribueront leurs suffrages. Le 9 juin, les Belges voteront à l’occasion d’un triple scrutin : ­régional, fédéral et européen.

A quoi faut-il s’attendre ? Un des enseignements majeurs se situera vraisemblablement en Flandre, où un électeur sur quatre s’apprête à voter pour le Vlaams Belang, qui y deviendra le premier parti. En Wallonie, les trois partis des majorités gouvernementales enregistrent un recul par rapport aux élections de 2019, au profit de l’opposition. Du côté de la Région de Bruxelles-Capitale, un petit séisme pourrait bien se produire, le PTB-PVDA se retrouvant en tête des intentions de vote, pendant que les socialistes dégringolent. Tels sont les principaux enseignements du grand sondage réalisé par Kantar pour Le Vif auprès des électeurs belges.

En Wallonie, le PS se maintient

Il a été demandé aux sondés à quel parti irait leur préférence, si des élections fédérales devaient se tenir dès à présent. En Wallonie, à vrai dire, les intentions de vote ne provoquent pas de bouleversement majeur des équilibres politiques.

Les trois partis de la coalition au pouvoir tant aux échelons fédéral que régional subissent une baisse, mais pas de sanction brutale.

Un peu moins d’un électeur sur quatre opte pour le PS (24,3 %), qui se maintient dans la position de premier parti. La tendance qui se dessine dans deux des places fortes des socialistes correspond au mouvement général : ils reculent mais restent en tête en provinces de Liège et de Hainaut, où les présidents Paul Magnette, Georges-Louis Bouchez et Jean-Marc Nollet se livreront bataille. Ils pourraient, par contre, perdre leur position dominante en province de Namur, au profit des Engagés de Maxime Prévot.

Le MR, toujours dominant en provinces de Brabant wallon et de Luxembourg, figure en deuxième position à l’échelle de la Wallonie, récoltant 19,9 % des intentions de vote. Ecolo glisse de la position de ­troisième parti de Wallonie à celle de ­quatrième, en pâtissant de la progression annoncée du PTB.

Les sondages successifs traduisent en effet une tendance persistante, mais dans des proportions diverses. Le parti de gauche sera un des vainqueurs au soir du dimanche électoral. Du moins, le sondage du Vif le place en troisième position en Wallonie, à la faveur d’une progression de 4,6 %.

Parmi les questionnements qui traversent le sud du pays figure l’état de forme des Engagés. L’ancien CdH, à la suite à la défaite de 2019, avait opté pour l’opposition, avant de se lancer dans un processus de refondation. Le mouvement reste dans la course, à une distance raisonnable des écologistes, en obtenant 13,2 % des intentions de vote.

DéFI, par contre, peine à se forger une place en Wallonie, en n’y franchissant pas la barre des 5 %.

A Bruxelles, le PTB se hisse en tête

Si une certaine stabilité caractérise les intentions de vote en Wallonie, le sondage prédit, en revanche, un bouleversement dans la hiérarchie en Région bruxelloise.

Dans la capitale plus qu’ailleurs, les enseignements d’une enquête méritent d’être considérés avec les précautions d’usage. Cela étant, l’excellente forme du PTB-PVDA s’y confirme de façon assez spectaculaire. La formation de gauche grimpe de 8,5 % par rapport au scrutin fédéral de 2019, ce qui lui permet d’accéder à la place de premier parti.

A l’exception du CD&V, les autres partis du gouvernement fédéral sont regroupés, dans le calcul des intentions de vote, par familles politiques.

Les libéraux du MR et de l’Open VLD figurent dès lors en deuxième place. Le sondage porte sur le scrutin fédéral, mais un résultat comparable aux élections régionales placerait le MR en position favorable pour revendiquer la ministre-présidence. Parmi les répondants au sondage, d’ailleurs, les seuls ­francophones sont 19,7 % à voter pour le MR, qui ambitionne de redevenir le premier parti de la capitale. C’est, dans l’absolu, un score moindre que celui du PTB, mais supérieur à ceux de tous les autres.

La famille écologiste, composée d’Ecolo et de Groen, en tête lors des élections fédérales de 2019 à Bruxelles, est rétrogradée en troisième position.

Mais le recul le plus net est celui des socialistes, qui perdent 5,2 % par rapport à 2019 – PS et Vooruit réunis. A l’instar des verts, les socialistes seraient alors rétro­gradés de deux places dans le classement.

Les formations du centre, elles, ne parviennent pas à s’extirper du bas de classement, DéFI perdant au passage 2,5 %, tandis que Les Engagés peinent à se détacher véritablement du seuil électoral fixé à 5 %.

En Région bruxelloise, un autre fait marquant se situe du côté des partis néerlandophones, puisque le Vlaams Belang y obtient 5,2 % des intentions de vote. C’est bien davantage que lors des dernières élections, mais cela lui permettrait en outre de décrocher un siège à la Chambre dans la circonscription.

En Flandre, l’extrême droite victorieuse

Ce même Vlaams Belang, selon toute ­vraisemblance, savourera sa victoire en Flandre. Les sondages se suivent et se ressemblent au nord du pays, avec une installation du parti d’extrême droite en tête des intentions de vote. En l’occurrence, un Flamand sur quatre exprime sa préférence pour lui, ce qui en fait potentiellement le parti le mieux représenté au Parlement fédéral au cours de la prochaine législature.

La N-VA de Bart De Wever, malgré un recul de presque 5 %, deviendrait alors le deuxième parti flamand. Mais ces deux-là – extrême droite et droite nationaliste – se détachent à ce point des autres partis que si cette arithmétique électorale se confirme, elle placera de facto Bart De Wever dans un  rôle quasi incontournable au moment des négociations postélectorales.

En progressant, malgré une participation au gouvernement fédéral, Vooruit devient le premier des partis dits traditionnels. C’est également le signe que l’électeur ne tient que peu rigueur aux socialistes flamands des déboires de leur ancien ­président, Conner Rousseau.

La dégringolade se confirme toutefois pour les autres, à savoir le CD&V, Groen et, surtout, l’Open VLD, parti du Premier ministre, Alexander De Croo. Malgré une certaine popularité personnelle de ce ­dernier, son parti figure en queue de classement.

Comme ailleurs, enfin, le PTB-PVDA est promis à une poussée électorale, ­­ en doublant pratiquement son score.

Retrouvez tous les résultats et bien d’autres enseignements du sondage dans Le Vif de ce 22 février 2024. 

Ce sondage a été commandé à l’institut Kantar par Le Vif, Knack, Trends, Trends-Tendances, De Zondag, De Krant van West-Vlaanderen et Canal Z. Il a été réalisé en ligne auprès de 2 681 Belges âgés de 18 ans et plus. Il concerne 1 077 Flamands, 1 004 Wallons et 600 Bruxellois. La marge d’erreur maximale est de 3,1 % en Flandre, 3,1 % en Wallonie et 4 % à Bruxelles.

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