A la table du kern, le MR fait de l’obstruction lorsqu’il s’agit de soutenir la création d’un Etat palestinien. © Capture d’écran

“Gaza: Groen demande une note et je fais semblant de ne rien entendre”: quand le MR fait de l’obstruction sur la Palestine

Le Vif

Le MR est le dernier parti de la Vivaldi à s’opposer à la reconnaissance immédiate d’un Etat palestinien. Mais sur cette question piégée il doit se montrer ouvert. Tout en faisant de l’obstruction…

La ligne de campagne tenue par le MR sur le conflit au Proche-Orient est très fine. Pro-Israéliens par tradition, les libéraux avaient fort insisté sur cette position dans les semaines qui suivirent les attentats terroristes du 7 octobre. Mais les libéraux doivent aussi, notamment parce qu’ils ont une élection à gagner, et compte tenu de la violence de la riposte israélienne à l’attaque du Hamas, se montrer pro-Palestiniens à certaines tribunes.

Dans cette veine, le 25 avril, en séance plénière de la Chambre, Hadja Lahbib commençait son intervention dans laquelle elle expliquait pourquoi elle refusait que la Belgique reconnaisse l’Etat palestinien (le MR est le dernier parti de la Vivaldi à s’y opposer) par « La Belgique reconnaîtra la Palestine. C’est le sens de l’histoire ».

Comment le MR bloque la reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat

« Une reconnaissance doit permettre aux Palestiniens d’avoir des droits et des libertés qu’ils n’ont pas à l’heure actuelle, dont la plus importante est celle de vivre en paix et en sécurité dans un territoire reconnu et respecté », dira-t-elle ensuite alors que le MR ne veut pas reconnaitre la Palestine à l’heure actuelle. « Cette reconnaissance est un levier précieux. Et nous ne pourrons l’actionner qu’une seule fois. Il ne s’agit pas d’être de gauche ou de droite. Il ne s’agit pas d’être pro-israélien ou pro-palestinien. Il s’agit de défendre fermement le respect du droit international. De choisir le camp de la paix et de la justice. Et je continuerai à me mobiliser pour deux Etats qui puissent vivre côte à côte en sécurité et en paix » , ajoutait-elle notamment, pleine d’emphase.

Et ce sont ces phrases, soigneusement découpées mais qui, au final, disaient le contraire de ce que son intervention complète voulait dire, qui ont alors été partagée sur tous les réseaux sociaux de la ministre, deuxième candidate sur la liste régionale à Bruxelles. La vidéo a été largement diffusée par certains de ses colistiers, mais pas par tous.

Pourquoi la Belgique est sortie du groupe de pays favorables à la reconnaissance d’un Etat palestinien

Et puis, deux jours avant cette intervention très médiatisée, en commission des Affaires étrangères, Hadja Lahbib expliquait que la Belgique était sortie du groupe des pays « like-minded » mené par l’Espagne et favorables à la reconnaissance d’un Etat palestinien. « Notre Premier ministre a décidé de ce groupe. Ce n’est pas moi, ce n’est pas le MR, qui a dit non, on se retire de ce groupe », protestait-elle. A la plénière en question, deux jours plus tard donc, le Premier ministre Alexander De Croo devait expliquer que la Belgique n’était pas sortie du groupe des pays « like-minded ».

Et puis enfin il y a les petites stories des réseaux sociaux, et les premières phrases des réponses en plénière, où le MR se montre offensif, et il y a les petites phrases en commission et, surtout, la grande histoire des débats en gouvernement, où le MR se révèle très défensif. En début de semaine, un conseiller de David Clarinval envoyait à ses collègues, en direct sur WhatsApp, son compte rendu d’une réunion préparatoire au kern, tenue avec ses homologues des autres partis de la Vivaldi.

Une erreur d’aiguillage d’une cabinettarde MR nous l’a fait recevoir. Et il faut bien constater que le sens de l’histoire y est très différent de ce qui se met en scène dans des stories électorales. «Gaza: Groen demande une note et je fais semblant de ne pas entendre», y explique, très franc, le collaborateur du vice-Premier MR, qui s’amuse ensuite de voir celui de l’Open VLD considérer la discussion ouverte, et le PS s’énerver que sans note il sera difficile d’avancer sur le sujet.

«Ben oui», conclut-il, rigolard. En effet, il y en a qui rendent difficile d’avancer sur le sujet.

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