On a appris que certains médicaments pouvaient être plus efficaces que d'autres en cas d'épidémie virale. C'est le cas de la dexamethasone, un anti-inflammatoire global.

Ce que le Covid nous a appris: une amélioration de la prise en charge du patient

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

Immunologie, pneumologie, cardiologie, pédiatrie… En deux ans de Covid, la recherche scientifique et l’expérience de la pandémie ont donné lieu à de grandes avancées dans plusieurs domaines. Voici les bonnes nouvelles de la crise sanitaire.

Des patients dont le taux d’oxygène dans le sangest anormalement bas, ce qui habituellement entraîne une sensation d’étouffement, mais qui restent étrangement calmes et semblent plutôt bien se porter: une autre étrangeté de la Covid-19, appelée « hypoxie heureuse« , que la science n’est pas encore totalement parvenue à décrypter. Mais selon le Dr Philippe Devos, anesthésiste et chef de service adjoint aux soins intensifs à la clinique CHC MontLegia (Liège), on progresse: « On a constaté qu’alors que le coeur est sur le point de s’arrêter, le cerveau, lui, n’a aucune conscience de ce manque d’oxygène. L’une des théories, qui n’est pas encore confirmée, c’est que le phénomène est comparable à ce qu’on peut observer chez les alpinistes qui grimpent en haute altitude. » L’un des observateurs de ce phénomène, le Dr Richard Levitan, urgentiste américain, le décrit comme tel: en gagnant de l’altitude, la pression atmosphérique diminue, ce qui implique une présence réduite des molécules d’oxygène disponibles pour le souffle, mais la rapidité de la respiration provoque toujours une expulsion du dioxyde de carbone.

Amélioration de la prise en charge

Observer le développement de la maladie a aussi permis d’améliorer la prise en charge des patients: « Au début de la pandémie, les patients sous coma étaient intubés et on a perdu un grand nombre d’entre eux. On a compris qu’il valait mieux attendre un peu et voir si on pouvait utiliser d’autres techniques pour un meilleur résultat. Désormais, on sait, par exemple, que les laisser sur le ventre améliore la respiration. »

Celui qui, en mars 2020, avait établi une projection établissant que, sans mesures de protection efficaces contre la Covid-19, 850 000 personnes pourraient être infectées en Belgique, estime aujourd’hui qu’on y voit plus clair dans les traitements à administrer. La saga de l’hydroxychloroquine aura, à ce titre, été riche en enseignements. « On comprend mieux ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Que certains médicaments sont efficaces sur certains virus mais pas sur celui-ci. Que, par contre, la dexamethasone, qui est un anti-inflammatoire global et qui est déjà utilisé pour d’autres maladies, donne de bons résultats, retrace le Dr Devos. Si on doit faire face à une autre pandémie virale, on aura tendance à ressortir beaucoup plus vite certains médicaments plutôt que d’autres. »

Démunie parfois

« C’est grâce à la collaboration entre les différents spécialistes qu’on a pu mettre en place des stratégies thérapeutiques comme les anticorps neutralisants, la dexamethasone ou le baricitinib. Et qu’on est parvenu à diminuer la réponse inflammatoire par différentes voies », complète Jean-Christophe Goffard. Contre le Covid long, déplore-t-il, la médecine reste, par contre, relativement démunie. « Certains symptômes comme les troubles de la concentration sont difficiles à expliquer. »

Un avis que partage le Dr Devos, qui souligne néanmoins que la prise en charge des patients qu’on n’arrive pas à remettre sur pied s’est fortement améliorée. « Les découvertes en biologie ont montré que des symptômes comme la fatigue, les effets sur le système cardiaque ou le système respiratoire, éprouvés par les patients atteints de Covid long, étaient bien réels. Que ce n’était pas dans leur tête, mais que ça pouvait par contre mener à la dépression. »

Une étude américaine de grande ampleur publiée fin janvier dans le journal Cell montre aussi l’importance des co-infections virales au cours de la maladie et identifie quatre facteurs de risque pour le développement d’un Covid long: une forte concentration du virus Sars-CoV-2 dans le sang, la présence concomitante du virus d’Epstein-Barr (le virus dormant est réactivé), la présence d’auto-anticorps et un diabète de type 2.

Découvrez neuf autres avancées pour la science dans notre dossier.

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