Anne-Sophie Bailly

Non, le retour de Conner Rousseau n’est pas une bonne chose pour le pays

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

L’incitation à la violence, la stigmatisation d’une communauté, la banalisation du racisme et du sexisme ne sont donc, ni pour les mandataires ni pour les électeurs, des motifs suffisants pour stopper une carrière politique. Juste à la mettre sur pause. (…) Bien que la parole portée par un homme politique offre une caisse de résonance supplémentaire à des propos pourtant punissables par la loi et que la tenue de tels propos repousse toujours plus loin les limites de l’acceptable, Conner Rousseau will be back, bitches. Triste.

Ces quelques lignes, nous les avions écrites au lendemain de la démission de Conner Rousseau de la présidence de Vooruit, poussé à faire ce pas de côté par la presse et l’opinion publique. Pas par les ténors de son parti. Et nous aurions aimé que notre prédiction s’avère erronée. Elle ne l’est pas.

Melissa Depraetere, l’actuelle tête de file des socialistes flamands, a confirmé le come-back politique de son compagnon de route. Car, dit-elle, «c’est une bonne chose. Pour le parti. Pour les gens. Pour notre pays.»

Pour le parti, probablement. Depuis le départ de son golden boy, Vooruit recule dans toutes les intentions de vote.

Pour les gens? La présidente de Vooruit fait sans nul doute référence aux combats socialistes pour la pension ou le pouvoir d’achat. Assurément pas au vivre ensemble. Ni au respect de la femme. Ni au respect de l’Etat de droit.

S’il y a assurément quelqu’un pour lequel ce retour est une bonne chose, c’est King Connah himself. Si le concept de deuxième chance parvient à supplanter la gravité des propos tenus dans l’opinion publique, les scores de Rousseau pourraient lui assurer une nouvelle légitimité politique. Qu’il y parvienne est tout à fait possible. Son parti sera derrière lui. #StrongerTogether. D’autant que le sentiment sous-jacent du «il a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas» n’est jamais loin de cette affaire.

Et donc, aujourd’hui, en Belgique, on peut tenir des propos ouvertement racistes et sexistes et pousser une liste électorale.

Demain, on pourra même obtenir un portefeuille ministériel. Ce n’est absolument pas une bonne chose pour notre pays. Quoi qu’en dise Melissa Depraetere.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire