Anne-Sophie Bailly

Conner Rousseau will be back, bitches (édito)

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

«He’s back, bitches.» C’est par ce surprenant message posté sur Instagram que Conner Rousseau avait annoncé le retour en politique du socialiste Frank Vandenbroucke, comme ministre de la Santé au sein de la Vivaldi, après onze ans d’absence.

Aujourd’hui, après la démission du jeune président de Vooruit Conner Rousseau, plus d’un socialiste flamand aimerait pouvoir publier la même chose à propos de leur désormais ex-chef de file, gros pourvoyeur de voix et architecte de la restauration du parti. En effet, parmi les membres du bureau de Vooruit, 90% se déclaraient en faveur de son maintien à la présidence, l’un évoquant une chasse aux sorcières, une autre indiquant que «Conner devait encore jouer un rôle» au sein du parti. Quant au principal intéressé, il ne fait pas mystère d’espérer avoir une seconde chance «au bon moment».

Les socialistes du nord du pays espèrent donc sans équivoque le retour de Rousseau aux affaires. Qu’importe la succession d’éléments qui ont fait pâlir l’étoile de «King Connah». Cette soirée trop arrosée à Saint-Nicolas au cours de laquelle il a tenu des propos probablement racistes. Sa tentative de minimiser ses déclarations pour cause d’ébriété. Ses SMS envoyés pour empêcher la diffusion des vidéos de cette nuit-là. Ses recours pour interdire la publication dans la presse d’extraits des procès-verbaux relatant ses dires.

Et surtout malgré que les propos tenus dans ce café au petit matin du 2 septembre se soient effectivement avérés ouvertement racistes. Qu’ils aient encouragé de manière indubitable le recours à la violence contre une communauté. Qu’ils aient généralisé à l’ensemble de la population le rejet des Roms. Que des déclarations sexistes et outrancières aient été prononcées à l’égard d’une jeune femme. Non, malgré tout cela, la poursuite de sa carrière politique au sein de la gauche flamande n’a rien d’inenvisageable. C’est pareil du côté de l’opinion publique. Six Flamands sur dix sont prêts à donner une seconde chance à Conner Rousseau et un tiers pense même qu’il devrait contribuer à aider Vooruit à gagner les élections.

L’incitation à la violence, la banalisation du racisme ne sont donc pas suffisants pour stopper une carrière politique.

L’incitation à la violence, la stigmatisation d’une communauté, la banalisation du racisme et du sexisme ne sont donc, ni pour les mandataires ni pour les électeurs, des motifs suffisants pour stopper une carrière politique. Juste à la mettre sur pause. L’histoire leur donne d’ailleurs généralement raison. Bien que la parole portée par un homme politique offre une caisse de résonance supplémentaire à des propos pourtant punissables par la loi et que la tenue de tels propos repousse toujours plus loin les limites de l’acceptable, Conner Rousseau will be back, bitches.

Triste.

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