Benjamin Hermann

Le lieu commun de Benjamin Hermann | Je t’aime… moi non plus: le petit jeu fatiguant du PS et du PTB

Benjamin Hermann Journaliste au Vif

Le PS et le PTB passent leur temps à s’invectiver, en laissant planer le doute sur leur volonté de gouverner ensemble. Personne n’est dupe, pourtant.

«Oseront-ils gouverner avec eux?» La question se pose avec acuité, au nord comme au sud et au centre du pays. Les sondages se ressemblent plus ou moins et nous apprennent que deux formations politiques sont appelées à progresser massivement dans les urnes. A tel point qu’il appartient aux autres soit de mettre fin à toute ambiguïté, soit d’alimenter une certaine ambiguïté.

La question se pose au nord du pays, où l’attitude qu’adoptera la N-VA, en fonction des résultats à venir du Vlaams Belang, donne lieu à des conjectures, sans qu’une réponse ferme et définitive ne soit jamais formulée.

La question se pose du côté francophone, où le sort que se réserveront le PS et le PTB à l’heure des négociations postélectorales donne encore et toujours lieu à des suspicions, sans que le jeu ne soit définitivement clarifié.

De grosses ficelles sont apparues, dès les prémices de la campagne électorale. Les deux partis, PS et PTB, sont occupés à s’invectiver mutuellement: c’est l’autre, toujours, le principal responsable de la démonétisation de la gauche.

Le PTB clame dans toute les langues qu’il ne refuserait pas, lui, d’entrer dans de futures majorités régionales ou fédérale, si les partis qui se prétendent de gauche, PS et Ecolo, s’engageaient dans une politique de «rupture». Lorsqu’on lui explique qu’il a lui-même décidé de s’exclure, le PTB réfute catégoriquement le fait d’avoir pris un tel engagement.

Le PS, pour sa part, répète à qui veut l’entendre que le PTB ne sert à rien, dès lors que sa motivation intrinsèque consiste à éviter de se frotter au pouvoir. Qu’aurait-il à y gagner, lui qui assiste au balcon aux compromis de la gauche gouvernementale?

«Il demeure pratiquement inconcevable que les deux partis s’associent au sein de gouvernements.»

On entendra donc le PS considérer que le PTB ne sert à rien, que voter pour lui revient à renforcer la droite, que c’est un parti fait de couillons, de froussards, que son président est une «bulle» (dixit Paul Magnette) inapte à prendre ses responsabilités. Et que c’est aux socialistes que l’on doit les acquis sociaux des dernières décennies.

Les deux ont bien discuté, dans l’une ou l’autre ville ou commune, au lendemain des élections communales de 2018. Par deux fois, le PTB-PVDA a même intégré une majorité communale, en Flandre. Il n’est pas impensable que de nouvelles tractations aient lieu, après le scrutin d’octobre, dans quelques entités liégeoises ou hainuyères.

Pour le reste, personne n’est dupe. Il demeure fort peu probable, pour ne pas dire pratiquement inconcevable politiquement que les deux partis s’associent au sein de gouvernements. Les faux appels du pied du moment n’y changeront rien. «Tourne-toi. Non, contre moi. Non, pas comme ça.» C’est une Décadanse, mais qui n’aboutira pas.

D’aucuns ont vu dans les récentes déclarations du secrétaire d’Etat Thomas Dermine (PS), qui formulait une invitation à gouverner ensemble au PTB à l’occasion d’un débat devant un parterre de syndicalistes, une main tendue jamais exprimée auparavant. Ce n’était jamais qu’une «mise au défi», a-t-il lui-même tempéré. Un peu trop enthousiaste, éventuellement, mais qui ne visait qu’à démontrer l’incapacité à gouverner des adversaires.

On aura beau y chercher un signe d’ouverture, un message subliminal ou un changement de cap, ce ne fut jamais que le pas supplémentaire d’une danse au terme de laquelle chacun se tournera vraisemblablement le dos.

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