Aucun parti francophone de la majorité n'est prêt à fusionner les communes bruxelloises © belga

Une fusion des communes à Bruxelles? Les recettes des partis pour en finir avec la lasagne institutionnelle

Nathan Scheirlinckx
Nathan Scheirlinckx Journaliste au Vif

Tous les partis ont leur recette pour démonter les couches de la lasagne institutionnelle bruxelloise. Les avis divergent sur sa texture (sauce anversoise, sauce parisienne…) mais se rejoignent sur sa base : il faut simplifier le fonctionnement de la capitale.

Réformer Bruxelles. La proposition revient de manière cyclique dans le débat politique. La capitale serait devenue une machine administrative, aux rouages grippés par l’éclatement des compétences entre la région et les communes. À un tel point que certains demandent la fusion des 19 communes de la Région Bruxelles- Capitale, en tout ou en partie.

La pression pour démanteler la machine bruxelloise est d’abord néerlandophone. D’après nos confrères de la DH, tous les partis au nord du pays sont en faveur d’une fusion des communes à Bruxelles. Le CD&V a déposé une proposition, pointant les économies potentielles pour celles dont les finances sont dans le rouge. La ministre de la Mobilité Elke Van den Brandt (Groen) voudrait, elle, remodeler Bruxelles à la sauce anversoise, en la découpant en districts.

Bruxelles, future ville-région à la sauce parisienne ?

Le projet de fusion des communes bruxelloises, le secrétaire d’Etat à l’Urbanisme Pascal Smet (one.brussels, le Vooruit bruxellois, NDLR) le porte depuis de nombreuses années. Le socialiste flamand souhaite transformer Bruxelles en une « ville-région », « pour les 35 ans de la Région Bruxelles-Capitale l’an prochain ». Pascal Smet ne veut pas entendre ceux qui disent que les Flamands désirent prendre le pouvoir à Bruxelles. « Il faut être plus efficace dans la répartition des compétences. J’ai trop souvent assisté à une partie de ping-pong entre les communes et la région à ce niveau-là ». Le secrétaire d’Etat veut redéfinir les frontières des communes. « Certaines sont trop grandes, d’autres trop petites. Cela crée des inégalités entre entités riches et pauvres, où certains citoyens n’ont pas les mêmes droits sociaux que d’autres ».

La lasagne institutionnelle bruxelloise n’est pas adaptée aux défis de demain

Ismaël Nuino, président de Génération Engagée

Ismaël Nuino, président des jeunes Engagés, veut aussi aller au-delà de l’opposition flamands-francophones pour se concentrer sur l’avenir de Bruxelles. Qu’il verrait bien imiter le modèle parisien, avec des arrondissement aux pouvoirs restreints et une ville centrale au pouvoir fort. « En tant que jeune, son futur me préoccupe beaucoup. Et je constate au quotidien la lasagne institutionnelle qu’est devenue notre capitale. La structure actuelle n’est pas adaptée pour réaliser les défis de demain ». Ismaël Nuino milite donc pour une fusion de l’ensemble des communes en une seule structure, qui combinerait compétences régionales et communales. Quitte à se frotter sur Twitter à François De Smet, le président de DéFi. « L’éparpillement des compétences renforce la méfiance des citoyens dans la politique », estime le leader de Génération Engagée.

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Vers une fusion des communes à Bruxelles ? « Elles sont le dernier rempart de la démocratie »

Christophe De Beukelaer, patron des Engagés dans la capitale, tempère les ardeurs de son jeune collègue. « Simplifier Bruxelles est urgentissime, mais je ne crois pas que le problème vienne des communes ». La proximité entre les citoyens et les élus qu’elles offrent n’a pas son pareil, selon l’homme politique. « Elles représentent le dernier rempart démocratique de notre système politique. L’arrivée des Ukrainiens en Belgique a été bien gérée grâce au travail des communes ». Pour autant, l’élu bruxellois est pour un redécoupage et une fusion partielle de certaines communes. « Le territoire de Bruxelles-ville est trop étendu. Il faudrait le diviser en quartiers, qu’on rattacherait à d’autres communes ».

Les citoyens bruxellois ne veulent pas de la fusion des communes

Bernard Clerfayt (DéFi), ministre des Pouvoirs Locaux, a été missionné par le gouvernement régional pour sonder l’avis des Bruxellois sur la question. Les conclusions sont attendues pour l’automne mais le ministre dévoile certains résultats en primeur. « Seul 10 à 15% des citoyens interrogés veulent la fusion des 19 communes avec la région. Certains veulent uniquement fusionner les petites communes, d’autres découper les grandes. Je retiens que la majorité ne veut rien faire ». Pour l’élu DéFi, la fusion est, était et restera une demande exclusivement flamande. « C’est un fantasme flamand depuis 30 ans, qui ne concerne pas les francophones. Chaque année, les partis reviennent avec des nouvelles propositions pour Bruxelles. De mon côté, je préfère rester en-dehors du jeu politique ».

Les fusions de communes n’ont pas amené d’économies d’échelle, ni conduit à une meilleure gestion administrative

Bernard Clerfayt (DéFi), ministre des Pouvoirs Locaux

Le ministre des Pouvoirs Locaux rappelle que les Flamands ne représentent que 10% de la population bruxelloise, et qu’ils ont déjà renforcé leur pouvoir au fil des ans. Et détruit par la même occasion la comparaison avec la Flandre et la Wallonie, où la fusion de communes se fait sur base volontaire. « Au nord et au sud du pays, les fusions de communes n’ont pas amené d’économies d’échelle, ni conduit à une meilleure gestion administrative ». La lasagne institutionnelle bruxelloise risque bien de rester au four, malgré le génie culinaire des partis, qui cherchent la recette miracle depuis des décennies.

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