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Les F-16 belges se sont envolés

Les six chasseurs-bombardiers F-16 belges appelés à intervenir en Irak contre les djihadistes de l’Etat islamique ont quitté vendredi après-midi la base aérienne de Florennes à destination de la Grèce, où ils passeront la nuit, a constaté un photographe de l’agence Belga.

Ces appareils ont décollé vers 16h30. Ils ont pour destination la base aérienne grecque d’Araxos, première étape de leur déploiement vers la base aérienne Mufaq Salti près d’Azraq (centre-est de la Jordanie), à une centaine de kilomètres d’Amman, la capitale jordanienne, d’où ils opéreront au dessus de l’Irak, selon des sources concordantes.

Araxos, une base de la force aérienne grecque elle aussi équipée de F-16, est l’endroit d’où les avions de combat belges ont opéré durant sept mois en 2011 lors de la campagne aérienne en Libye qui a conduit au renversement du régime du colonel Mouammar Kadhafi, l’opération « Unified Protector ».

La Chambre approuve largement l’engagement de six F-16 dans la lutte contre l’EI

La Chambre a approuvé vendredi à une large majorité une résolution autorisant le gouvernement en affaires courantes à engager six chasseurs-bombardiers F-16 dans la lutte contre les djihadistes de l’Etat islamique (EI) en Irak pour une durée initiale d’un mois, mais susceptible d’être prolongée.

Cette résolution, déjà adoptée mercredi en commissions, a obtenu 114 voix, alors que deux députés ont voté contre et dix se sont abstenus. Le vote est intervenu peu après le décollage des avions de la base aérienne de Florennes, vers 16h30, à destination d’Araxos, en Grèce, où ils feront escale pour la nuit avant de gagner plus tard leur base de déploiement en Jordanie. Il s’agit d’un simple « pré-positionnement », ont assuré les ministres de la Défense, Pieter De Crem (CD&V), et des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR), en réponse aux critiques de quelques députés dénonçant ce fait accompli. Sept groupes politiques s’étaient ralliés à la résolution négociée mercredi (les six partis traditionnels de la tripartite sortante et la N-VA).

Mais elle a aussi reçu vendredi le soutien du FDF, du Vlaams Belang et du Parti populaire (PP). Seul le PTB-Go a voté contre, affirmant en substance que les « bombardements ne peuvent résoudre tous les problèmes de la région », alors que les écologistes s’abstenaient en réclamant notamment la tenue préalable d’une conférence de paix rassemblant les pays de la région. La résolution « demande au gouvernement belge de participer pour la durée d’un mois activement à la lutte internationale contre l’IS (l’appellation anglaise de l' »Etat islamique en Irak ») dans le respect de l’article 51, au chapitre sept, de la charte des Nations unies – qui autorise la légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Etat membre de l’ONU fait l’objet d’une agression armée.

Elle exprime aussi son soutien à la décision prise mercredi par le Conseil ministériel restreint d’engager six F-16 en Irak – même si les avions, servis par quelque 120 militaires, opéreront depuis la base aérienne Mufaq Salti (centre-est de la Jordanie), vraisemblablement aux côtés d’appareils néerlandais du même type – et « demande au gouvernement d’assurer au maximum la sécurité du personnel militaire belge engagé » dans cette opération encore sans nom. Le texte demande aussi au gouvernement de continuer à garantir l’implication de la Chambre et de se réunir à nouveau si des circonstances nouvelles venaient à modifier la durée, la nature ou le territoire concerné par l’engagement belge. Ce qu’ont promis tant M. De Crem que Reynders. La décision d’engager des avions fait suite à une demande formelle de Washington adressée mardi au Premier ministre Elio Di Rupo – actuellement à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU – par l’ambassadrice des Etats-Unis à Bruxelles, Denise Campbell Bauer, selon M. Didier Reynders.

Il a exclu tout déploiement de troupes belges au sol en Irak. L’engagement opérationnel des F-16 sera limité au territoire irakien, a-t-il assuré, en invoquant comme base juridique la demande de soutien formulée par le gouvernement de Bagdad et la réunion vendredi dernier du Conseil de sécurité de l’ONU qui a exhorté la communauté internationale à « renforcer et étendre » son soutien à l’Irak dans sa lutte contre l’EI. Selon M. De Crem, la première phase de l’opération consistera « à stopper l’avancée de l’EI », un groupe extrémiste sunnite qui a conquis de larges portions du territoire irakien et contrôle de vastes zones en Syrie, au moyen d’attaques aériennes ciblées. L’opération vise dans une seconde phase à « éliminer totalement la menace de l’EI », a-t-il ajouté. M. De Crem a prévenu que l’opération pourrait être prolongée au delà du premier mois, après une évaluation. La résolution n’évoque plus l’engagement un moment envisagé d’avions de transport C-130 « Hercules » – qui devraient toutefois être nécessaires pour le déploiement des chasseurs F-16 -, ni de forces spéciales pour former et assister les forces irakiennes ou les peshmergas kurdes. Mais mercredi le député Theo Francken (N-VA) n’avait pas exclu que le futur gouvernement en cours de formation décide un tel élargissement de la participation belge à la coalition menée par les Etats-Unis. La résolution adoptée vendredi demande enfin au gouvernement fédéral de prendre « les mesures qui s’imposent pour anticiper une possible augmentation de la menace (terroriste, ndlr) interne » à la suite de notre participation à la coalition internationale.

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