Des pistes cyclables au centre des chaussées, un bon moyen pour séparer voitures et deux-roues. © Bambu Productions/getty images

Sept pistes pour des villes vraiment cyclo friendly

Un vélo en plus, c’est une voiture en moins. Nos édiles comptent de plus en plus sur les deux-roues pour résoudre les problèmes de mobilité. Sans pour autant protéger ces conducteurs fragiles : 9 500 cyclistes ont été blessés dans des accidents l’an dernier, en Belgique, d’après le rapport que l’institut Vias remet au SPF Mobilité et Transport. Voici sept solutions pour des villes cyclo friendly.

1. Les pistes cyclables au centre

Vous êtes cycliste ? Il vous est certainement arrivé de vous retrouver pris en sandwich entre une auto ou un camion et le trottoir, voire la rangée de voitures garées. Quand ce n’est pas un véhicule qui vous coupe carrément la route pour tourner à droite.

Vous êtes automobiliste ? Peut-être avez-vous sursauté en voyant surgir un cycliste à la droite de votre voiture. D’où la proposition : pourquoi ne pas tracer les pistes cyclables des rues peu rapides au centre de la chaussée plutôt que le long des trottoirs ?

Mais ces solutions ne sont viables que sur des axes où les voitures roulent à moins de 50 km/heure, ce qui permet aux vélos de les côtoyer avec moins de risque.

Sept pistes pour des villes vraiment cyclo friendly
© Christian Charisius/reporters

2. Les autoroutes pour vélos

A Copenhaghe, à Londres, on construit des cycle superhighways où les vélos sont séparés des voitures pour plus de fluidité et de sécurité. Objectif de Sadiq Khan, le maire de Londres : que 80 % des trajets soient effectués à pied, à vélo ou en transports en commun d’ici à 2041.

– Et chez nous ? Pascal Smet, ministre bruxellois de la Mobilité, veut sécuriser 80 km de pistes cyclables séparées, bidirectionnelles, d’ici à 2020. Une  » colonne vertébrale  » qui s’enroule autour de la petite ceinture et prend forme à Madou ou boulevard Poincaré. Le fonds Beliris et la Région bruxelloise projettent un RER vélo le long des voies de chemin de fer, dans les deux ans et pour un peu moins de neuf millions d’euros.

– Le bémol.  » Séparer vélos et voitures, c’est bien. Le souci, relève Anton Maertens au cabinet de Bianca Debaets, secrétaire d’Etat bruxelloise à la Sécurité routière, c’est quand ils se retrouvent. Mieux vaut habituer les cyclistes et les automobilistes à rouler ensemble.  »

3. La poignée hollandaise

Faites l’essai : plutôt que d’ouvrir votre portière de la main gauche, au risque de choper un cycliste (seconde cause d’accident des deux-roues selon le Gracq, asbl qui défend les cyclistes au quotidien), ouvrez votre portière conducteur de la main droite. Ça vous oblige à tordre le tronc et vous amène à jeter un oeil par-dessus votre épaule, sur la route. C’est le fameux Dutch Reach, qui fait partie du code de la route néerlandais.

– Et chez nous ? Rien.

– Le bémol. On n’en voit pas. Intégrer le Dutch Reach dans le code de la route est une question de volonté.

4. La méthode danoise

 » Au Danemark, explique Clotilde Imbert (de Copenhagenize Design Co., spécialisé dans l’urbanisme pour deux-roues), les feux de signalisation passent au vert pour les cyclistes quatre secondes avant les automobilistes. L’urbaniste promeut le 30 km/h maximum en ville et le pre-green, ou  » pré-vert « , le feu vert spécial cyclistes qui leur accorde une longueur d’avance sur les autos.  » Il procure une meilleure covisibilité aux différents véhicules.  »

Autre technique danoise : le Copenhagen Left, ou comment tourner à gauche en deux fois à un carrefour. On essaie ? Tournez à droite, passez de l’autre côté de la chaussée puis revenez sur le carrefour et traversez-le en roulant tout droit.

– Et chez nous ? Gand, qui introduisait un nouveau plan de circulation cyclo friendly l’an dernier, utilise le Copenhagen Left sur ses grands axes.

– Le bémol. Le coût d’un feu pour le  » pré-vert « .

Sept pistes pour des villes vraiment cyclo friendly
© Julia Davila-Lampe/getty images

5. L’airbag pour cyclistes

Un tour de cou assez discret et qui permet de rouler cheveux au vent. Bourré de capteurs, il se déploie sous l’effet d’un choc et, en une fraction de seconde, englobe l’ensemble de la tête et des cervicales. L’équipement est 100 % made in Sweden, le pays inventeur de l’airbag (par Volvo). Hövdind, son fabricant, prétend qu’il fait tomber le risque de lésion à la tête de 90 % (avec un casque en plastique) à 2 %. Il existe en S, M et L et se recharge via un port USB. Il a un coût : 299,94 euros. En cas de déclenchement, le second casque (nouveau, pas reconditionné) est facturé 199 euros.

– Et chez nous ? L’airbag pour cyclistes est vendu sur la plateforme cyclable.com, par exemple.

– Le bémol. Chez Velofixer, le réparateur de vélos situé à un tour de roues du piétonnier, à Bruxelles, on vend aussi des accessoires. Pas celui-ci, dont on se méfie.  » Il a besoin d’un choc pour se déclencher. Si on tombe seul et directement sur la tête, pas sûr que ça marche.  »

6. La masse critique

Ça peut sembler paradoxal, mais plus il y a de cyclistes et de piétons dans une rue, plus ils sont en sécurité.  » C’est un cercle vertueux, s’enthousiasme Julie Hatfield, de l’université UNSW de Sidney. En septembre dernier, lors de son séminaire de sécurité cycliste, cette experte en accidentologie présentait les résultats de ses recherches, confirmées par plusieurs autres pays : lorsqu’il y a plus de vélos et de piétons, les conducteurs de voitures adaptent leur vitesse. Ils ralentissent.

– Et chez nous ? La secrétaire d’Etat bruxelloise Bianca Debaets encourage les 19 communes à investir dans des escouades de policiers à deux-roues. Elle posait récemment avec le bourgmestre de Bruxelles-Ville, Philippe Close, et ses 41 policiers casqués et bardés de gilets réfléchissants. Histoire de verbaliser les voitures stationnées sur les pistes cyclables mais aussi d’augmenter encore la visibilité des cyclistes.

– Le bémol. Ce tableau idyllique est troublé par les cyclistes inexpérimentés ou du dimanche (celui sans voitures, par exemple), dont le comportement malmène le code de la route et pèse négativement sur les statistiques.

7. Les zones apaisées

Des avenues où les voitures ne circulent pas la journée, voire plus du tout. Des espaces transformés en zone  » de rencontre  » ou en piétonnier, et où priorité est toujours donnée à l’usager le plus faible.

– Et chez nous ? A Bruxelles, c’est le cas de certains tronçons des chaussées d’Ixelles ou de Louvain, que les voitures traversent le soir seulement. Et des boulevards du centre devenus piétonniers.  » Les cyclistes ne doivent pas s’y comporter comme des automobilistes à vélo « , souligne Pascal Smet. Ne comptez pas sur lui pour installer une piste cyclable sur le piétonnier :  » Ce n’est pas le concept.  »

– Le bémol. Le piétonnier bruxellois a totalement escamoté le  » RER à vélo « , ou, du moins, oblige les cyclistes allant de la gare du Midi à la gare du Nord à passer par les rues Van Artevelde, de Laeken, etc.

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