Une Citroën Méhari dans un pré en 1978. Photo de Georges Guyot. Utilisation éditoriale uniquement, nous contacter pour toute autre utilisation

La Citroën Méhari fête ses 55 ans

Techniquement issue de la 2CV, la Méhari a été une des premières tout-chemin. C’était aussi une auto joyeuse et toute simple, comme il n’en existe plus de nos jours, ce qui lui vaudra un grand succès commercial, malgré un prix de vente assez élevé.

C’est le 16 mai 1968, il y a 55 ans, au cœur du mouvement contestataire au sein des universités françaises, que Citroën a dévoilé son nouveau véhicule au golf de Deauville: la Méhari. Ce petit véhicule découvrable et atypique se caractérisait par une carrosserie en plastique ABS, créée par Roland de La Poype, un homme au parcours étonnant: élève-pilote dans l’armée de l’air française en mai 1940, de La Poype parvient à rallier l’Angleterre où il s’engage dans les Forces Aériennes Françaises Libres. Lorsqu’il apprend que le Général de Gaulle envisage d’envoyer des pilotes français combattre sur le front russe aux côtés des Soviétiques, il se porte volontaire. Au fil des mois il accumulera les victoires aériennes au sein du fameux groupe de chasse « Normandie-Niémen » dont les avions – de remarquables Yak 3 de fabrication russe – étaient reconnaissables à leur casserole d’hélice peinte en bleu-blanc-rouge. Ces succès lui vaudront d’être fait « Héros de l’Union Soviétique » … ce qui ne manque pas de piquant pour un authentique représentant de la vieille noblesse française. A la Libération, de La Poype sera même autorisé par Staline en personne à ramener son Yak 3 personnel en France! L’appareil se trouve aujourd’hui au Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget.

Une fois la paix revenue, Roland de La Poype quitte l’armée et se lance dans l‘industrie du plastique, alors balbutiante. Pour le compte de L’Oréal, il crée le berlingot DOP, destiné à recevoir du shampoing. Toujours à la recherche de débouchés pour ce matériau nouveau qu’est le plastique, il s’intéresse à l’automobile et conçoit, sur un châssis de fourgonnette 2CV, un petit véhicule polyvalent et tout-chemin à carrosserie en ABS (Acrylonitrile Butadiène Styrène) qu’il propose à Pierre Bercot, alors patron de Citroën. Ce dernier aura la bonne idée d’accepter le projet, une démarche rare chez les constructeurs automobiles qui d’ordinaire n’aiment pas trop, pour ne pas dire pas du tout, ce qui ne vient pas de chez eux… surtout si c’est bien fait!

Une Citroën Méhari 4×4 sur une piste tout-terrain en 1979. Photo de Robert Lamanda, Eric Vivier et Georges Guyot.

Construite sur une plateforme de Dyane 6 et animée par un moteur bicylindre à plat de 26 ch (29 sur les derniers modèles), la voiture est présentée sous l’appellation Dyane 6 Méhari lors de sa sortie. Produite durant près de 20 ans entre 1968 et 1987, elle sera fabriquée à 144.953 exemplaires, une réussite surprenante pour ce véhicule original. La Méhari fera bien mieux, au plan commercial, que sa concurrente directe de chez Renault, la R4/R6 Rodéo, ou que la VW 181, dérivé de Coccinelle au style très militaire, proche de celui de la Kübelwagen de la deuxième guerre mondiale.

La Méhari a été produite, en grande partie, dans l’usine Citroën de Forest (Bruxelles), mais aussi dans 7 autres usines, en France, en Espagne et au Portugal. Elle se déclinera également dans une remarquable version 4×4, produite à un peu plus de 1.200 exemplaires seulement. Capable de performances étonnantes en tout-terrain, elle est aujourd’hui devenue très rare et recherchée. En ce qui concerne les autres Méhari, par contre, toutes les pièces sont refabriquées, notamment par le Méhari Club Cassis, dans le Sud de la France. De nos jours, il est toujours possible de s’offrir une Méhari reconditionnée à l’état quasi neuf. Du moins si l’on accepte de mettre assez sérieusement la main au portefeuille…

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