Anne-Sophie Bailly

Immobilier | Pourquoi le Belge veut-il à ce point être propriétaire (malgré les prix, malgré les taux) ?

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Le marché immobilier belge n’est pas encore prêt de passer d’un marché de propriétaires à un marché de locataires. Même si ce rêve d’accéder à la propriété est de plus en plus inaccessible.

Moins 15% par rapport à 2022. Moins 15,2%, pour être tout à fait précis. Du jamais-vu dans l’histoire récente, foi de notaire. De fait, les statistiques le confirment: il faut remonter à 2015 pour enregistrer un nombre de maisons et d’appartements vendus au cours des douze derniers mois inférieur à celui de 2023.

Les ingrédients de ce cocktail détonant sont connus: remontée des taux sur les prêts hypothécaires, durcissement des conditions d’octroi des crédits, renchérissement du coût des matières premières, renforcement des obligations de rénovation. Mais la logique qui voudrait qu’à une séquence de hausse des taux succède une période de baisse des prix n’est clairement pas le cas de figure dans lequel s’inscrit actuellement notre marché immobilier, puisque les prix des biens achetés et vendus s’avèrent relativement stables d’une année à l’autre.

Non, ce qui caractérise aujourd’hui le marché immobilier belge, c’est essentiellement l’attentisme. Celui des investisseurs, qui tablent sur une poursuite de la baisse des taux pour rentabiliser un investissement potentiel, et celui des propriétaires particuliers qui, face au contexte actuel incertain, postposent toute décision immobilière.

Conséquence: le rêve d’accès à la propriété s’éloigne pour un nombre toujours plus élevé de candidats-acquéreurs. Car ça, cela ne change pas: le Belge continue à voir dans la possession de briques une forme de Graal. Quand bien même – c’est le cas aujourd’hui – la part de son revenu qu’il doit consacrer à un remboursement hypothécaire n’a jamais été aussi élevée. Quand bien même la surévaluation du marché est systématiquement pointée, d’année en année.

Les jeunes ne dérogent pas à cet appel de la brique. Parce qu’être propriétaire de son logement rassure, sécurise et symbolise toujours une certaine forme de réussite sociale. Et que dans le rapport un peu figé qu’entretient la société belge à son immobilier, ces atouts l’emportent encore sur les avantages que peut revêtir la location en matière de flexibilité, de mobilité, d’utilisation de son salaire ou de son épargne, d’impact sur la vie collective. L’immobilier belge n’est donc pas encore en passe de muer d’un marché de propriété vers un marché de location.

D’autant que ce dernier subit de plein fouet les éléments précités: rénovations obligatoires, hausse des taux et du coût des matériaux… mais qu’en plus, sur ce segment particulier, la hausse des prix s’est matérialisée dans le loyer demandé.

Etre propriétaire de son logement sécurise et symbolise une certaine forme de réussite sociale.

Puisque la demande est actuellement sous pression, une solution potentielle serait d’accroître l’offre. Notamment en densifiant fondamentalement le bâti. Mais ce type de briques-là, ni les locataires ni les propriétaires n’en sont friands.

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