Le plaisir du fouineur

Guy Gilsoul Journaliste

Elles sont 27 galeries, basées à Bruxelles, à offrir un week-end découverte à pied, à vélo ou en navettes gratuites les 12 et 13 septembre prochain. Les trois choix du Vif/L’Express.

Il fut un temps où Bruxelles ne comptait que quelques galeries installées pour la plupart dans le quartier Louise. Les amateurs profitaient du samedi pour fouiner, s’attarder, papoter et acheter parfois. Ce temps bénit des flâneries (aux antipodes du stress des Foires) reviendra-t-il un jour ? C’est le pari de Brussels Art Days. En clair, trois circuits reliés par des navettes. La première va du quartier Dansaert au Canal avec des enseignes comme Aliceday, Erna Hecey, Greta Meert ou encore Elisa Platteau. La deuxième balise une région un peu plus floue allant du Sablon jusqu’à l’Avenue Louise. On y trouve Baronian-Francey, De Simpel, La Verrière (Hermès) et la new-yorkaise Gladstone. La troisième longe cette même avenue et ses alentours jusqu’au Bois avec Janssen, Aéroplastics, Obadia, Taché Lévy ou encore Meessen De Clercq.

Parmi toutes les propositions, nos coups de c£ur vont vers trois expositions fort différentes l’une de l’autre. La première, événement fort attendu, est l’ensemble proposé par Baronian-Francey (2, rue Isidore Verheyden) : Gilbert and George. Dès le début de la carrière de ce duo londonien, l’humour est en première ligne d’un combat mené contre les conventions. Dès 1969, sur un socle, durant des heures immobiles puis plus tard en chantonnant de bien jolies rengaines, ils se présentent comme des sculptures vivantes. Puis la cible se déplace vers la morale. A l’heure des discours sur la libération sexuelle, les deux artistes ne se contentent pas de défendre et d’exhiber leur homosexualité, mais se présentent comme de précieux protecteurs et initiateurs d’une jeunesse adolescente qui ne demande que cela. Depuis, l’âge aidant, l’ironie et l’autodérision semblent avoir repris le dessus. Leur talent de photo-monteurs, aussi habile coloriste que novateur joue désormais avec la manipulation d’images, créant ainsi de petites monstruosités dont leur visage fait les frais. La série d’£uvres récentes présentées à Bruxelles ne manquent pas de piment.

Notre deuxième choix, plus paisible, se porte sur les paysages en noir et blanc du photographe anglais Michael Kenna (Box Gallery, 88, rue du Mail). Destin fascinant que celui de ce sixième enfant (né en 1953) d’une famille de catholiques irlandais que rien ne préparait à une carrière artistique. Sauf, la visite d’une église. Le lieu l’impressionne au point qu’il décide de devenir prêtre. Mais, à 17 ans, c’est par l’art qu’il se sent attiré. Il entre alors dans une école de photographie et, après un passage à San Francisco, s’établit finalement en Oregon. Sa passion : le paysage (japonais entre autres). Pour en saisir toutes les subtilités, à la manière d’un Stieglitz ou d’un Sudek, voire d’un Caspar David Friedrich, il sait que rien ne remplace l’expérience lente, attentive, voire méditative du lieu.

Enfin, comment ne pas rejoindre cet autre univers, arraché aux rêveries inquiètes et que jardine, avec un talent fou et un crayon lithographique, le dessinateur belge Vincent Fortemps (Meessen Declercq Gallery, 2a rue de l’Abbaye). Crayonnés sauvages, ombres délicates, brusques traits grattés offrent de la campagne brabançonne, ses arbres, ses clôtures, ses chemins encaissées et ses ciels pesants, un miroir sombre et envoûtant. Le fantastique est aux portes.

Brussels Art Days. Samedi 12 septembre, de 12 à 20 heures; dimanche 13 septembre, de 14 à 18 heures. www.thesilentblog.com

GUY GILSOUL

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