(Photo de John Moore/Getty Images)

« Si l’Ukraine tombe, c’est l’UE qui fera face à une Russie sûre d’elle, pas les États-Unis », avertit un expert

Une analyse publiée ce jeudi par l’Institut Egmont met en garde les pays-membres. « D’État tampon, l’Ukraine est devenue un État frontière de l’Europe », estime le professeur Sven Biscop.

L’invasion de l’Ukraine a fait de celle-ci une partie intégrante de l’architecture de Défense de l’Union européenne, estime le professeur Sven Biscop (UGent) dans une analyse publiée ce jeudi par l’Institut Egmont près d’un an après le début de la guerre. D’État tampon entre l’Europe et la Russie, l’Ukraine constitue désormais une partie de sa frontière à l’est. « Si grâce à sa volonté et son courage impressionnants, et avec le soutien des pays occidentaux, l’Ukraine indépendante survit, elle ne sera plus un État tampon. Au contraire, elle est déjà devenue une partie intégrante de l’architecture de sécurité occidentale, en tant qu’État frontière« , explique M. Biscop.

L’Ouest s’est départi de l’attitude de non-intervention qui avait prévalu à l’époque soviétique quand en 1956 et en 1968, l’URSS était intervenue en Hongrie et en Tchécoslovaquie. Après un accord d’association signé en 2014, l’Ukraine a désormais le statut de candidate à l’adhésion à l’UE. Une décision davantage dictée par « les émotions et les perceptions que par la stratégie », selon le professeur, dont le processus devrait prendre du temps vu ses implications, notamment en termes de défense collective. Mais il s’agit d’un « signal fort », qui n’a pas de précédent, car il s’agit d’un pays en guerre. 

Soutien à plus long terme

Autre conclusion du rapport: l’Europe devra passer d’un soutien au coup par coup vers un soutien structuré et de long terme. « La première des priorités est de fournir à l’Ukraine le soutien militaire nécessaire pour tenir le coup dans les semaines et mois qui viennent, et éviter d’autres pertes significatives de territoire », selon M. Biscop. « La seconde priorité est de s’assurer que l’Ukraine soit en mesure de mener ses opérations militaires dans la durée -des mois voire des années ». 

« Il est regrettable, mais compréhensible, que le soutien militaire ait jusqu’à présent été accordé au coup par coup », ajoute-t-il. « L’UE doit élaborer un plan global pour orienter la fourniture de matériel militaire sur les semaines, mois et années qui viennent. Cela requiert une planification de défense combinée avec l’Ukraine, de manière à ce que les objectifs ukrainiens et les capacités industrielles européennes puissent être adaptés l’un à l’autre ».

Part plus importante

La responsabilité en incombe davantage à l’Europe qu’aux États-Unis, premier soutien militaire de l’Ukraine jusqu’à présent. « L’Ukraine est voisine de l’Union européenne. Si elle tombe, ce sont les États membres de l’UE qui feront face à une Russie sûre d’elle, pas les États-Unis », avertit M. Biscop.

L’expert en relations internationales juge dès lors que l’Europe doit graduellement reprendre la part la plus importante du soutien militaire à l’Ukraine, qui est assumée pour le moment par les États-Unis.

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