Le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy, le Premier ministre Denys Shmyhal et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen signent un drapeau national ukrainien avant le début du sommet de l'UE. © Reuters

Les représentants de l’UE réunis à Kiev: « Qu’un sommet se tienne dans un pays en guerre, c’est exceptionnel »

Eglantine Nyssen
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

Un sommet réunissant les responsables de l’UE est organisé ce vendredi, à Kiev. Au programme: discuter des démarches en vue d’une adhésion de l’Ukraine à l’UE.

Le symbole est fort. Candidate à l’adhésion à l’UE, l’Ukraine accueille ce vendredi un sommet avec des représentants européens. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, est arrivée jeudi, accompagnée du chef de la diplomatie Josep Borrell et d’une quinzaine de commissaires. Le président du Conseil, Charles Michel, ce vendredi. Au programme du sommet : les démarches en vue d’une adhésion de l’Ukraine à l’UE, un processus ardu que Kiev entend accélérer. Le pays est officiellement candidat depuis juin dernier.

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Quel impact a ce sommet, d’un point de vue symbolique ? Et d’un point de vue concret, va-t-il faire avancer les choses ? Comment est-il perçu par Moscou ? Réponses avec la spécialiste de l’Europe et de la Russie Laetitia Spetschinsky, autrice de « Europe-Russie : chroniques d’une rupture annoncée« , publié en ce mois de janvier.

Un sommet à Kiev, qu’est-ce que cela envoie comme message ?

L’impact symbolique est certain. Il est tout à fait exceptionnel qu’un sommet de chefs d’Etat se tienne dans un pays en guerre. C’est un moment important qui montre plusieurs choses. Premièrement : la résilience ukrainienne. Après toutes les tentatives de destruction des infrastructures du pays et de Kiev en particulier, l’Ukraine montre sa capacité à assurer un tel sommet avec la sécurité et la logistique qui vont avec. En plus des personnalités politiques, de nombreux fonctionnaires sont également présents. Ensuite, le sommet envoie un message de détermination, de l’Ukraine et des institutions européennes. Les deux parties souhaitent faire avancer le dossier de l’adhésion. On sait que le processus ne peut pas être accéléré. Il est fixé par des traités et il y a des conditions d’accès auxquelles l’Ukraine ne peut pas transiger, notamment sur des questions de corruption et d’Etat de droit. On ne peut pas bâcler la procédure, on sait qu’elle va prendre des années, sûrement continuer après la guerre, mais on peut montrer une détermination réelle à accéder aux conditions. L’opération anticorruption à l’intérieur du pays est aussi un exemple de cette détermination du côté ukrainien. Si on avait reporté le sommet pour des raisons x ou y, le message aurait été décourageant. 

« Le sommet envoie un message de détermination, de l’Ukraine et des institutions européennes. »

Les représentants de l’Union envoient également un signal d’unité, à l’Ukraine, au monde mais aussi aux 27 Etats-membres qui ne sont pas tous favorables à cette adhésion. L’Allemagne, par exemple, souhaite une réforme profonde de l’UE avant une future adhésion. Pour éviter de futurs blocages. Une réforme à laquelle s’oppose la Pologne, par exemple. Il faut que les 27 soient vraiment impliqués. 

Volodymyr Zelenskiy et Ursula von der Leyen à Kiev, ce jeudi 2 février. Crédit: REUTERS

Est-ce qu’il peut réellement faire avancer les choses ?

Sur le plan technique, les fonctionnaires européens vont discuter de la manière de faire avancer l’adhésion. Ils vont pouvoir aborder toute une série de dossiers sur le plan technique. Concrètement, c’est tout. Les négociations à proprement parler ne sont pas encore ouvertes. C’est après cette ouverture que commence le rapprochement. 

Comment ce somment est-il perçu du côté russe ?

L’adhésion peut évidemment être considérée comme une menace, mais sans comparaison avec ce que pourrait représenter une adhésion à l’Otan. On peut s’attendre à ce qu’il alimente le narratif russe de deux manières. Tout d’abord, il va contribuer à l’idée de la russophobie occidentale, une preuve supplémentaire de la volonté des Occidentaux de nuire aux intérêts russes. Cette idée de leur côté que l’UE prend toutes les mesures possibles pour priver la Russie de son influence en Ukraine. Ensuite, une des probables réactions, qui est typique de l’attitude russe, va être de décrédibiliser l’adversaire et de diminuer l’importance du sommet. En faisant passer le message qu’un tel élargissement sera la fin de l’Europe. Ou que l’UE s’engage sur une voie qu’elle ne sera pas capable de suivre jusqu’au bout. Qu’ils ne font que suivre les instructions données par Washington. C’est la manière russe de diminuer la valeur de l’UE comme acteur international. Pour la Russie, le projet européen est un échec qui est voué à l’échec. 

Kiev, the place to be pour les chefs d’Etat ?

Très clairement, chacun veut éviter d’apparaitre comme ayant été du mauvais côté de l’Histoire. Ne pas laisser une mauvaise empreinte. Et apparaitre du mauvais côté, c’est ne pas être à Kiev au bon moment. Il y a aussi une question de cohérence interne sur le plan politique. Il n’y a plus de position intermédiaire possible politiquement, on est soit pour, soit contre l’Ukraine. 

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