Chars Leopard 2A4. © reuters

Pourquoi les envois de chars occidentaux en Ukraine sont purement symboliques (analyse)

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Chars, missiles longue portée, avions de chasse : ardemment demandé par Zelensky, l’envoi de matériel militaire lourd vers l’Ukraine s’invite depuis plusieurs semaines au centre des interrogations occidentales. Entre geste symbolique et réelle aide militaire, la limite est souvent floue, et l’impact sur le conflit de ces livraisons XXL est difficilement mesurable. Avec la menace de cobelligérance -concept indéfini lui aussi- en toile de fond. Décryptage des enjeux avec Estelle Hoorickx et Alain De Neve, chercheurs à l’Institut Royal Supérieur de Défense.

Les envois de chars lourds occidentaux peuvent-ils vraiment changer la face du conflit ?

Estelle Hoorickx : Zelensky demande plus ou moins 200 chars. Actuellement, on est à 120. Pour faire la différence, c’est trop peu. Psychologiquement, cela reste encourageant pour Zelensky. L’Occident donne d’abord un peu et observe ce qui se passe sur le terrain.

Actuellement, on reste dans une dimension symbolique. C’est une façon de montrer, du côté occidental, qu’il y a un front uni pour repousser l’attaque russe. Le nombre de chars évoqué est insuffisant. Avec 100 chars, on ne bouleverse pas une guerre. Ce n’est clairement pas suffisant pour repousser l’assaillant. D’autant plus qu’ils ne seront pas disponibles tout de suite. Il faut former les hommes, acheminer du matériel d’approvisionnement : c’est un processus qui prend du temps.

Alain De Neve : Le 24 février, les forces russes ont envahi l’Ukraine avec environ 3.500 chars. Même si on peut faire confiance aux technologies occidentales, lorsqu’on parle de 200 chars livrés dans des délais très aléatoires, la différence est nette face au nombre russe. Ces envois sont donc symboliques. Cela permet de répondre à la demande de Zelensky. Au début de la guerre, le président ukrainien avait une liste de matériel qu’il souhaitait obtenir des Occidentaux. Il s’est rendu compte que cela ne fonctionnait pas. Maintenant, il procède davantage étape par étape. Il demandait au moins 300 chars : s’il obtient une petite centaine à court terme, 200 à long terme, il peut s’estimer heureux. Dans la mesure où les Américains ne sont absolument pas pressés : on parle d’un délai de 6 à 7 mois avant l’envoi de la trentaine d’Abrams promise.

Pour l’instant, on estime les pertes de chars russes à 1.500 unités. Il en reste grosso modo 1.500. Pour un effet notable sur le terrain, il faudrait 500 chars occidentaux déjà sur le terrain maintenant. Par ailleurs, la Russie est parvenue à relancer sa production de chars D-90, avec un rythme de 50 nouveaux chars par mois. Ils espèrent atteindre le rythme de 100 unités produites par mois. Il n’est pas impossible que les Russes mettent un coup de boost pour finaliser le projet de nouveau char T-14, qui a connu pas mal de retard. C’est hypothétique, mais vu la dynamique dans laquelle ils sont actuellement, ce n’est pas impossible. Certains industriels répondent positivement à l’appel de Poutine.

La diversité des types de chars envoyés par l’Occident (Leopard, Challenger, Abrams, Leclerc) peut-elle complexifier la tâche pour les forces ukrainiennes ?

Estelle Hoorickx : C’est effectivement une question cruciale. C’est pour cela que l’Ukraine demande en priorité des Leopard 2 plutôt que d’autres chars, afin d’avoir un maximum de chars qui soient les mêmes. Cela permettrait aux Ukrainiens de travailler avec les mêmes armes et munitions. Tout ce qui touche au réapprovisionnement se ferait plus facilement sur le continent européen. Plus les chars sont homogènes, plus c’est facile sur le terrain.

Alain De Neve : En réalité, cela fait des années qu’on se demande pourquoi l’Europe n’a pas été capable de produire un modèle unique de chars de combat. On ne pensait pas que la question allait se poser sous l’angle d’une guerre extérieure.

Les Russes peuvent introduire des chars plus grand nombre. Et donc en sacrifier davantage sur le champ de bataille. Ils sont moins tributaires de leur matériel.

Alain De Neve

Quelles sont les différences notables entre les chars occidentaux ?

Alain De Neve : Il n’y a pas grand-chose qui différencie le Leopard 2 et l’Abrams. La généalogie de ces chars est commune. Dans les années 70, les Américains et les Allemands avaient travaillé sur un programme pour tenter de développer un char commun. Les deux produits partent donc de réflexions similaires. Ce sont des chars qui font entre 40 et 60 tonnes. Ils sont globalement tous aussi performants les uns que les autres. Ce sont des chars de dernière génération. Ils ont une durée de vie de 30 ans, voire 40 ans.

Sont-ils largement supérieurs aux chars russes ?

Alain De Neve : Oui, sur le plan technologique, les chars occidentaux surpassent ceux qui sont déployés par la Russie. Les chars russes sont plus « légers ». On est sur du 40 tonnes maximum. Et le char russe possède des technologies de moindre qualité. Cependant, les Russes peuvent en introduire en plus grand nombre. Et donc en sacrifier davantage sur le champ de bataille. Ils sont donc moins tributaires de leur matériel.

L’efficacité des livraisons de chars passe aussi et surtout par la formation des militaires ukrainiens. Ce qui risque également d’allonger le délai…

Alain De Neve : Pour les chars Leopard 2, la formation pourra être prise en charge par plusieurs Etats. Pour les Abrams, c’est un armement un peu différent au niveau de la manutention et de la conduite. Donc, ceux qui seront formés sur Abrams ne seront pas en mesure de manier des Leopard 2.

Quant au Leclerc, c’est un des chars les plus complexes. C’est un produit très franco-français, peu répandu dans le monde. Donc la France devrait prendre en charge à elle seule la formation des Ukrainiens. Mais actuellement, rien n’est encore décidé pour les Leclerc. On sent que la France est un peu réticente sur la question. Car elle est davantage coincée que les pays qui disposent du Leopard 2.

Les Occidentaux n’ont pas (encore) franchi le pas concernant les avions de chasse demandés par Zelensky. Même s’ils étaient livrés, dans quel but et avec quels pilotes ?

Estelle Hoorickx : Dans une guerre, plus on a de matériel, mieux c’est. Dans l’Histoire, on a vu que les guerres se gagnent sur le terrain avec des chars, des missiles mais aussi un appui aérien. Actuellement, les Ukrainiens n’ont pas de supériorité aérienne par rapport aux Russes, même si on voit bien que, depuis le début, le nerf de la guerre ne se passe pas essentiellement dans le ciel. Car les Ukrainiens sont bien équipés par les Occidentaux pour leur défense anti-aérienne. Les bombardements aériens russes sont nombreux, mais essentiellement dans le but d’appuyer leurs troupes au sol. Ce n’est pas dans les airs que la différence se fait actuellement.

Ce n’est pas dans les airs que la différence se fait actuellement.

Estelle Hoorickx

Du côté ukrainien, on se rend compte qu’avec des avions de chasse, cela faciliterait l’action des chars sur le terrain, et cela empêcherait toute intrusion dans leur ciel. Zelensky est toujours dans la logique de demander un maximum. Est-ce que les Occidentaux vont franchir le pas ? Il y a des discussions. Le ‘non’ américain est franc, et du côté européen, ça discute. Mais on ne veut en tout cas pas se précipiter. Serait-ce une sérieuse escalade ? Ce serait un pas supplémentaire.

Alain De Neve : Pour l’instant, la porte semble fermée à cette option, même si la France n’exclut rien. Cette question avait déjà été envisagée au début de la guerre, notamment par la Pologne qui avait émis l’hypothèse avec ses MIG-29, en échange d’une compensation américaine. Les forces ukrainiennes sont familières avec les MIG-29. Ici, on parle principalement de F-16. Des avions avec de l’électronique de bord différente, qui demandent un certain degré d’expertise. Ce n’est pas du tout la même structure technique entre le MIG et le F-16. Donc, même si on s’était accordé sur l’envoi de F-16, former des pilotes dans un laps de temps extrêmement réduit semble presque infaisable. S’ils ne sont pas suffisamment formés et qu’ils se font canarder par les systèmes de défense anti-aérienne russe, ça ne vaut pas vraiment la peine.

Cette même question de maîtrise du matériel revient également pour les chars…

Alain De Neve : Tout à fait. N’oublions pas une chose : au plus fort des combats dans la première partie de la guerre, il y avait quand même 40 chars ukrainiens détruits par jour. Donc, quel que soit le matériel que vous envoyiez en Ukraine, et le niveau de technologie qui est embarqué dans ce matériel, les quantités restent insuffisantes face à la masse russe. Il faut garder en tête que tout se détruit. Vous pouvez avoir tous les types de blindages que vous voulez, un blindage, ça se perce. Tout véhicule, y compris les chars de combat, ont leur zone de fragilité.

Les missiles longue portée seraient-ils la solution intermédiaire ?

Alain De Neve : Pour maîtriser les missiles longue portée sol-sol, il ne suffit pas simplement d’appuyer sur un bouton, cela demande aussi une expertise. Les techniques de guidage du missile diffèrent également en fonction du modèle. Cela demande donc une grande coordination dans la transmission d’information lorsque du matériel est livré. Ça ne s’improvise pas. Les Ukrainiens sont capables de gérer ces armements, mais pas du jour au lendemain.

Tout véhicule, y compris les chars de combat, ont leur zone de fragilité. Un blindage, ça se perce.

Alain De Neve

Dès lors, à quoi servent réellement ces livraisons, dans les quantités actuellement évoquées ?

Alain De Neve : Ce sont des solutions qui servent qu’à fournir une forme de répit à l’Ukraine et ce n’est certainement pas le type d’aides qui suffira à renverser la situation sur le terrain. La situation peut se renverser sur le terrain, mais elle sera aussi et surtout liée à d’autres paramètres, peut-être à l’intérieur des forces armées russes.

L’objectif à court terme est essentiellement tactique : il est de permettre à l’Ukraine de se défendre face à une éventuelle contre-offensive russe. C’est-à-dire de ne pas perdre davantage de terrain. Ces dernières semaines, il y a une progression russe, mais elle n’est pas gigantesque. On peut se demander pourquoi l’Ukraine n’est pas capable de prolonger sa contre-offensive de septembre dernier, mais on peut aussi se demander pourquoi les Russes progressent aussi peu.

Comment expliquer les réticences occidentales à donner plus, pour créer une réelle différence ?

Alain De Neve : Du côté occidental, on craint deux risques liés à la fourniture de ce type de matériel. Le premier, c’est qu’il fasse l’objet d’un emploi qui ne rentre pas dans le cadre des restrictions -comme ne pas frapper le territoire russe- qu’imposent officieusement les Occidentaux. L’escalade liée à une dérive d’emploi du matériel livré est donc le premier risque.

Le deuxième risque, c’est que ce matériel tombe entre les mains des Russes, qui pourraient récupérer tous les composants dont ils ont besoin dans l’immédiat. Et de s’inspirer des secrets de fabrication. Même si pour certains armements, il existe des procédures pour les détruire à distance, dans le cas où ils sont capturés par les forces ennemies.

Par ailleurs, il y a également un risque que les Ukrainiens essaient de comprendre comment fonctionne ce matériel, et comment il y aurait moyen de le débrider. Ce n’est pas impossible. On en parle très rarement, car on garde cette idée que les Ukrainiens respectent à la lettre les conditions d’emploi du matériel qu’on leur livre. Mais j’en doute très fortement. Et c’est normal, n’importe quelle force militaire ferait ça si elle reçoit du matériel de l’étranger.

On peut se demander pourquoi l’Ukraine n’est pas capable de prolonger sa contre-offensive de septembre dernier, mais on peut aussi se demander pourquoi les Russes progressent aussi peu.

Alain De Neve

Dès que l’on évoque l’envoi de matériel occidental, la menace de la cobélligérance est brandie par le Kremlin. Comment définir cette notion, et où se situe la limite ?

Estelle Hoorickx : La cobélligérance, c’est une terminologie qui n’a pas de signification précise. Le concept est régulièrement utilisé du côté russe pour menacer les Occidentaux, dès qu’il y a une nouvelle aide. Mais juridiquement, il n’est pas défini. Pour l’instant, l’Occident n’est pas partie prenante au conflit. Donner des armes à l’Ukraine pour leur permettre de repousser l’invasion illégale des Russes et de pouvoir assurer sa souveraineté telle que prévue dans la charte des Nations Unies, c’est tout à fait légal. Pour être en cobélligérance, il faudrait des soldats occidentaux sur le terrain en Ukraine. C’est la limite. Or, elle n’a pas été franchie.

Les messages que Poutine fait passer, c’est beaucoup de gesticulation et de menaces. Dès qu’il sent un nouveau soutien occidental envers les Ukrainiens, il veut faire peur. Il induit l’idée de représailles : c’est de la communication stratégique. Faire peur à la population occidentale, mais aussi manipuler sa propre population. La rhétorique, c’est que l’Occident « collectif », terme régulièrement employé par le Kremlin, en voudrait à la Russie et l’attaquerait.

De toute façon, Poutine est suffisamment occupé avec l’idée d’une nouvelle grande offensive dans les semaines/mois qui suivent. On voit que les Russes sont remobilisés et se préparent à quelque chose. Mais de là à aller attaquer au-delà de l’Ukraine, ce n’est pas leur préoccupation première.

Alain De Neve : La limite, c’est ce qu’il y a dans la tête de Poutine. On peut débattre tant qu’on veut sur la notion de cobélligérance. Mais c’est de la glose pour juristes. Le seul critère pour savoir si on est considéré comme cobélligérant ou non, c’est uniquement la tête de Poutine qui le décidera. Pour l’instant, selon lui, on l’est pas encore tout à fait, même si on sent de grandes réticences.

Ce débat était déjà présent lors des menaces nucléaires. La réponse occidentale, c’est de dire « envoyez toutes les menaces que vous voulez, mais pour l’instant, ce que l’on voit, c’est que vous n’avez pas ouvert vos silos à missile, vous n’avez pas préparé le déploiement d’armes stratégiques, donc tout ce que vous dites, c’est du bluff. » Pour l’instant, on est toujours dans ce bluff, y compris dans le domaine conventionnel.

Poutine a peut-être créé les conditions d’une forme de « libanisation » de l’Europe orientale.

Alain De Neve

L’attitude de Poutine a-t-elle évolué sur la question de cobélligérance ?

Alain De Neve : Quand on entend Poutine dire que des chars allemands menacent la Russie, cela fait partie d’une nouvelle volonté russe de transformer le label original de l’opération militaire spéciale à une guerre populaire, dans laquelle tous les citoyens russes auraient leur rôle à jouer, au travers de plusieurs phases de mobilisation. Ce message-là, de cobélligérance, il est donc avant tout destiné à faire réagir la population russe pour la convaincre de s’engager.

On savait qu’il allait y avoir une manipulation narrative et historique autour des chars allemands, c’était inévitable. Toujours est-il que dans la tête de Poutine et des responsables politico-militaires russes, il semble qu’on ne soit pas encore considéré comme cobelligérants. Du côté occidental, il y a quand même un renseignement actif qui permet de jauger ce que pourrait être la réaction de Poutine par rapport aux différents types d’aides. Le curseur de régulation des Occidentaux, c’est le nombre de chars : il a été fixé à 200 grand maximum. Et comme évoqué, ce n’est pas ce nombre qui va fondamentalement modifier la situation sur le terrain.

Le conflit pourrait tout de même s’étendre sous d’autres formes que purement militaires ?

Estelle Hoorickx : Oui. S’il y a une chose à craindre dans l’idée d’extension du conflit, il s’agirait plutôt -et ce n’est pas une nouveauté- d’une guerre hybride que mènerait la Russie vis-à-vis de l’Occident. On ne parle donc pas d’attaques militaires directes. Mais bien ce qu’on appelle une « guerre du seuil », c’est-à-dire utiliser d’autres moyens que militaires : cyberattaques, désinformation, ingérences. De ce point de vue-là, on est en plein dedans. Dans une guerre, il faut tout prendre au sérieux. Mais il faut également relativiser entre ce qui est dit -on l’a vu avec les menaces nucléaires- et ce qui est fait sur le terrain.

Quel est le scénario à venir le plus probable ?

Estelle Hoorickx : Les Ukrainiens ne sont pas prêts à céder un centimètre de leur territoire aux Russes. Dans les discours officiels, il y a même une volonté de récupérer les territoires d’avant 2014. Ira-t-on jusque-là ? On sait que la Crimée est sujet sensible pour les Russes. Qu’est-ce qui va se passer dans le Donbass ? Poutine a quand même réalisé les déclarations d’indépendance des quatre régions annexées dans le Donbass. Il n’a pas envie de les abandonner.

Savoir vers quel scénario on se dirige est compliqué à déterminer. Tous les pronostics sont ouverts. Certains parlent d’un scénario à la coréenne, avec un conflit gelé. Ce qu’on voit, c’est que les Ukrainiens veulent repousser les Russes jusqu’à la frontière, et que ces derniers veulent garder a minima la Crimée et les zones qu’ils ont déclaré indépendantes à l’est de l’Ukraine. Il ne faut pas sous-estimer ce que les Russes peuvent encore mobiliser, même s’ils sont en difficulté et que tout se passe moins vite qu’ils ne l’avaient prévu.

Le scénario le plus probable, c’est que quelque chose s’engage avant le 24 février. Soit du côté ukrainien, soit du côté russe.

Alain De Neve

Alain De Neve : Certains évoquent la préparation d’une contre-offensive. Oui, mais sur quel front ? Car du côté est, c’est très étendu. Une tentative de percée ukrainienne induirait une contre-attaque russe sur autre front. Donc pour l’instant, la situation est très figée. On est dans une sorte d’immobilisme généralisé.

Et puis, quel timing pour une contre-offensive? Car à partir de mars, la météo et le terrain se prêtera beaucoup moins à une mobilité des unités qu’en hiver. Je suis toujours étonné quand j’entends dire que l’Ukraine attend le printemps pour une contre-offensive. Au regard de l’histoire militaire, c’est l’hiver qui se prête le mieux à une mobilité des unités terrestres. Un sol gelé, c’est mieux qu’un sol boueux. L’été oui, mais pas le printemps. Si cette opération est conduite au printemps, alors c’est dû à des contraintes d’ordre logistique. Le scénario le plus probable, c’est que quelque chose s’engage avant le 24 février. Soit du côté ukrainien, soit du côté russe.

Peut-on dire que le conflit parti pour s’enliser pendant plusieurs années ?

Alain De Neve : Oui. Depuis 25 ans, les crises qui ont concerné l’étranger proche de la Russie n’ont pas évolué. Ce conflit en Ukraine va laisser une cicatrice à très long terme -plusieurs décennies-, dans le paysage sécuritaire européen. La géopolitique de l’Europe va de toute évidence changer dans les prochaines décennies. C’est certain. Il ne faut pas oublier que c’est la première invasion d’un Etat depuis la seconde guerre mondiale. On ne pourra pas faire comme s’il ne s’était rien passé. Dans la meilleure des situations, il deviendra un conflit gelé. Poutine a peut-être créé les conditions d’une forme de « libanisation » de l’Europe orientale.

Estelle Hoorickx : C’est clair que c’est une guerre qui va durer longtemps. Les américains craignaient déjà que la fin de la guerre ne soit pas pour 2023. Les Russes ne sont pas prêts à abandonner le minimum qu’ils souhaitent, et les Ukrainiens encore moins.

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