Carte blanche

Israël – Gaza : qui sont les fouteurs de guerre? (carte blanche) 

Une carte blanche de Manuel Abramowicz, coordinateur du journal RésistanceS.

Ce samedi 7 octobre, à partir de son bastion de Gaza, frontalier de l’Égypte et d’Israël, le Hamas islamiste palestinien a lancé une véritable guerre en territoire israélien. Avec des opérations militaires contre les postes de Tsahal, l’armée israélienne, mais également, dans des kibboutz et de petites villes limitrophes du territoire gazaoui, de nombreux massacres systématiques de civiles sans armes, de familles entières, ce qui constitue des crimes de guerre et contre l’Humanité.

Une attaque terroriste coordonnée a également ciblée un festival de musique techno en plein désert. Parmi les victimes innocentes des commandos sanguinaires du Hamas, il se trouve des Juifs, des Palestiniens et des Bédouins israéliens, mais également des ressortissants étrangers (français, chinois, étatsuniens, allemands…). Plus de cent otages – des adultes, des vieilles personnes, des enfants et des bébés – ont été enlevés, ensuite amenés à Gaza pour y être enfermés dans des cages. Les scènes de ces attaques sanguinaires sont atroces.

Elles se rajoutent à tous les autres épisodes meurtriers de la guerre israélo-palestinienne qui se déroule depuis 1948. Des massacres de masse commis par des commandos de combattants sionistes – issus de la branche militaire de l’actuel Likoud, le parti de droite nationaliste de Benyamin Netanyahou – contre des villages palestiniens aux détournements d’avion d’El Al par des commandos du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, marxiste laïque) ou d’autres organisations de lutte armée.

En passant par les sanguinaires répressions, en 1986 et en 2000, des deux intifada, des soulèvements populaires de la jeunesse palestinienne opprimée par les dizaines d’années d’occupation de leur territoire par Tsahal. La situation de la population à Gaza (dans le sud-ouest d’Israël, à la frontière égyptienne) et en Cisjordanie (dans l’est de l’État hébreu, le long de la Jordanie) est celle d’un peuple meurtri et sans avenir national. Depuis plus de 80 ans, contrairement au peuple judéo-israélien.

À Gaza et en Cisjordanie, la répression militaire, la misère, le chômage, la faim et l’exploitation de milliers de travailleurs transfrontaliers sont des maux quotidiens. Le territoire de Gaza est la reproduction d’un ghetto juif d’Europe de l’Est, sans les nazis à ses portes et la même finalité : le génocide qui sera commis ensuite par l’Allemagne nazie avec ses complices européens, dont l’État français, l’extrême droite et les milieux catholiques maurrassiens belges.

Gaza ressemble également à un bantoustan à l’époque où régnait en Afrique du sud l’apartheid (politique de séparation des « races »). Depuis 2006, la vie de ses habitants se rythme par une détresse quotidienne, la recherche de denrées alimentaires pour faire survivre les bébés et les enfants, l’absence totale d’avenir immédiat et lointain, un pouvoir dictatorial (celui du Hamas), des tirs de missiles vers l’État d’Israël et les ripostes immédiates de ses avions de combat. Après les raids assassins de Tsahal, dans les décombres, les corps atrocement mutilés, déchiquetés, démembrés et sans vie de grands-pères et de grands-mères, de parents, hommes et femmes, d’adolescents, d’enfants et de bébés sont toujours découverts sur les scènes des crimes israéliens.

Israël – Gaza : l’État israélien complice du Hamas

De ce contexte dramatique permanent, entretenu à la fois par l’État hébreu, mais encore des monarchies et dictatures arabes, à Gaza, c’est le Hamas qui en a profité pour y prendre le pouvoir et y instauré une véritable théocratie dès 2006. Le « Mouvement de résistance islamique » – son appellation exacte – a vu le jour en 1987. Il s’agit d’un pseudopode local de la confrérie des Frères musulmans, apparue dans les années 1920 en Égypte pour combattre le colonialisme anglais.

Financé par des pétrodollars islamiques, il a aussi reçu l’appui confidentiel de la fraction colonialiste du pouvoir sioniste. Dont le but machiavélique est alors de faire imploser le mouvement de libération nationale palestinien, conduit jusqu’à ce moment-là par l’Organisation de Libération de la Palestine. L’OLP rassemblait quasi l’ensemble de la résistance palestinienne, sur une base fédéraliste, démocratique et laïque (les Palestiniens sont majoritairement de confession musulmane, mais aussi constitués de minorités chrétiennes et d’un mouvement communiste alors très important dans ses rangs). Le parti dominant de l’OLP, le Fatah de Yasser Arafat, a été chassé en 2006 de Gaza par le Hamas et garde aujourd’hui des lamelles de territoire en Cisjordanie, lézardé par des colonies juives ultra nationalistes et illégales, sur le plan du droit international. Avec l’aide du gouvernement de Jérusalem, le Fatah s’est totalement institutionnalisé, collabore avec lui et est gangrené de nombreux corrompus. 

À Gaza, le Hamas fait régner la terreur sur la population, tout en recevant mensuellement, jusqu’à récemment, près de trente millions de dollars d’États islamiques du Golfe Persique. Une aide financière passant par l’aéroport David Ben Gourion, puis transférée par la sécurité israélienne jusque dans les coffres forts des islamistes gazaoui.

C’est-à-dire que les gouvernements successifs israéliens sont les complices du financement d’une organisation qu’ils considèrent, à l’instar des États-Unis et de l’Union européenne, comme terroriste. Par ailleurs, cette stratégie de division du mouvement national palestinien, a poussé le Hamas de s’allier avec le Hezbollah, le « parti de Dieu » libanais, et les Pasdaran, le « Corps des gardiens de la révolution islamique » iranienne. Faisant de lui, un ennemi idéal à présenter aux alliés européens et américains et autres partisans inconditionnels d’Israël.

L’État palestinien contre les massacres de bébés

Depuis le samedi 7 octobre, jour des multiples attaques des combattants palestiniens et de terroristes du Hamas contre Israël, la découverte de charnier entier dans plusieurs kibboutz, et les premiers bombardements massifs de l’aviation militaire israélienne sur la population civile à Gaza, les propagandistes campistes sont eux aussi passés à l’offensive, dans les médias mainstream, de LCI (TF1) à Al Jazeera par exemple.

Ainsi, l’ancien premier ministre français « socialiste » Manuel Valls n’avait dimanche qu’à la bouche, durant près d’une heure, les mots de « terroristes », « islamistes » et « antisémites » qu’il répétait en boucle. Ce mardi, toujours sur LCI, ce fut autour d’un autre invité vedette de cette chaine d’informations continues, Bernard-Henri Levy, de répéter comme un perroquet, le mot « pogromistes ». L’art de la propagande de guerre dans toute sa malhonnête intellectuelle. Ici, leurs mots, bien choisis dans le stock des éléments du langage belliciste, sont d’autres maux de cette guerre. De l’huile jetée dans le feu qui ravage la frontière israélo-gazaoui où de part et d’autre, les morts civiles sont les plus nombreux. Victimes collatérales d’une guerre qui aurait pu être évitée.

En effet, il faut savoir qu’environ dix jours avant l’attaque massive du 7 octobre, les services de renseignement égyptiens, bien implantés à Gaza pour y surveiller les Frères musulmans qui s’y cachent et restent en Égypte les ennemis numéro un de la dictature locale, auraient prévenu leurs homologues israéliens. Qui n’ont pas profité de cette fuite pour renforcer la sécurité à la frontière. 

Cette situation pourrie qui n’a que trop longtemps durée, relève encore d’un grand paradoxe et d’un grand confusionnisme. Les partisans du mouvement Hamas sont instrumentalisés de toute part, dans le cadre d’enjeux géostratégiques et par les ficelles d’une sinistre realpolitik qui les dépassent. D’un côté de cette pièce sombre, il y a des Mollahs de Beyrouth et de Téhéran, ainsi que des princes richissimes islamiques du Golfe.

De l’autre côté de la même pièce, se trouvent tapi dans l’ombre, les fouteurs de guerre israéliens de Jérusalem qui par la criminalisation internationale du peuple palestinien tout entier, avec l’appui complice indirect des puissances occidentales (étatsuniennes et européennes), poursuivent leur politique hors-la-loi de colonisation des territoires qui devaient former, en 1948, sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU), l’État palestinien (rejeté aussi par les nationalismes arabes de jadis). Sans celui-ci, les enfants et les bébés – juifs israéliens et palestiniens – actuels et à venir continueront à être massacrés.

Manuel Abramowicz 

Coordinateur du journal RésistanceS 

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