Huma Abedin et Hillary Clinton © Reuters

Hillary Clinton et la Fondation Clinton: de nouveaux mails montrent un conflit d’intérêts

Rudi Rotthier
Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

Le ministère des Affaires étrangères a rendu publics de nouveaux mails qui révèlent que la frontière entre Hillary Clinton, lorsqu’elle pilotait la diplomatie américaine, et la fondation Clinton n’était pas aussi hermétique que le voudrait l’étiquette. La Fondation a en effet cherché à plusieurs reprises à s’attirer les faveurs du ministère.

Judicial Watch, un organisme conservateur, a extirpé un dossier de 296 pages au ministère des Affaires étrangères en se basant sur la liberté d’information. Parmi les pages se trouvaient 44 mails qui pouvaient prêter à controverses. Selon ce même organisme, il resterait encore 171 mails qu’Hillary Clinton refuse encore de dévoiler. Ces mails couvrent la période entre 2009 et 2013 lorsqu’Hillary Clinton était ministre des Affaires étrangères.

Selon Judicial Watch, deux mails en particulier montrent un évident conflit d’intérêts entre le ministère des Affaires étrangères et la Fondation Clinton. On notera tout de même que ces mails ne sont pas adressés directement à Clinton, mais bien à deux de ses collaborateurs : Cheryl Mills et Huma Abedin. Ces personnes étaient en contact avec le directeur de la Fondation Clinton, Doug Band.

À travers cette fondation, les Clinton financent toutes sortes de projets autour notamment du Sida ou du droit des femmes. Lorsqu’elle fut nommée ministre en 2009, Clinton avait promis de se retirer complètement de la Fondation Clinton. Celle-ci est principalement financée par d’importants donateurs privés et étrangers. Par exemple l’Arabie Saoudite, un pays pourtant peu connu pour son action contre le Sida ou pour le droit des femmes.

Cette même année 2009, Bang aurait également demandé à Abedin et Mills de mettre en contact un riche donateur Nigéro-Libanais de la Fondation avec la « personne la plus haut placée du ministère au Liban ». Pour Bang, Gilbert Chagoury était une figure clé dans son pays, mais aussi pour eux. Il signalait également que ce dernier souhaitait discuter au plus haut niveau de ses intérêts au Liban.

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Chagoury est aussi un ami personnel de l’ex-président Clinton et a, selon des informations rendues publiques par la fondation elle-même, il a offert entre 1 et 5 millions de dollars à la fondation. Il aurait même, selon Judicial Watch cette fois-ci, promis 1 milliard à la Clinton Global Initiative. L’homme a pourtant, toujours selon Judicial Watch, été jugé en 2000 pour blanchiment d’argent en Suisse. Cette affaire s’est conclue par un accord.

« C’est mieux si tu l’appelles »

Abedin suggère alors de contacter Jeffrey Feltman, l’ambassadeur américain au Liban. « Je suis certain qu’il le connaît. Je vais en parler à Jeff »

Band: « c’est mieux si tu l’appelles. De préférence encore maintenant. C’est très important. Je suis sûr qu’il est réveillé. »

Toujours en 2009, Band rend visite à Abedin en Mills pour leur demander une faveur pour un collaborateur qui avait fait partie de la mission organisée par la Fondation Clinton en Haïti. Ce collaborateur cherchait à obtenir un poste au ministère. On ne sait pas de qui il s’agit, mais Band a fait savoir qu’il était important que cette demande soit traitée au plus vite. Abedin répond alors : « nous l’avons dans notre radar. Le service du personnel lui a envoyé plusieurs options. »

Destruction de mails

Ces nouvelles révélations rentrent dans le cadre du scandale des e-mails qui touche la candidate à la présidence Hillary Clinton. Celle qui aspire à diriger la première puissance mondiale reste embourbée depuis plus d’un an et demi dans une controverse, au départ administrative et technique, qui s’est très vite transformée en une énorme polémique politique.

L’utilisation d’un compte privé à des fins professionnelles, bannie par les règles de l’administration américaine, vaut à Mme Clinton d’être la cible des républicains qui lui reprochent d’avoir mis en péril la sécurité nationale en n’utilisant pas les serveurs officiels sécurisés. Ils l’accusent aussi d’avoir voulu cacher des échanges et des dossiers diplomatiques sensibles.

Lorsque l’affaire avait éclaté fin 2014, Hillary Clinton avait remis 55.000 pages papier d’emails, soit 30.000 courriels, à son ancien ministère. Sous injonction de la justice, le département d’État les a épluchés et publiés au fur et à mesure jusqu’en mars dernier, à l’exception de courriels dont le contenu a été jugé trop sensible et qui ont été requalifiés a posteriori. Environ 2.000 messages ont été ainsi classifiés comme « confidentiels » a posteriori, 65 autres l’ont été à l’échelon supérieur « secret » et ont été en partie expurgés et 22 emails ont été jugés « top secrets » et n’ont pas été publiés.

Le FBI a enquêté sur l’affaire et en a conclu que « Même si nous n’avons pas trouvé de preuve claire que la ministre Clinton ou ses collaborateurs avaient l’intention de violer la loi sur les informations classées secrètes, les éléments montrent qu’ils ont fait preuve d’une négligence extrême »

Mais il s’agit là des mails qu’elle a fournis volontairement.

Judicial Watch, essaye de mettre la main sur des mails qui auraient été effacés et en rapport avec son travail. Il y en aurait au minimum 171. Ces mails auraient été détruits pour cacher le fait qu’il existe des accointances entre Hillary Clinton et la Fondation. Pour Judicial Watch les deux avançaient main dans la main, et ce en totale contradiction avec ce qu’elle avait promis lors de sa nomination.

Les mails montrent aussi que la banque Morgan Stanley, un très important donateur des campagnes politiques des Clinton, avait un large accès au ministère.

Pour compliquer encore le tout, Doug Band n’est pas seulement le directeur de la Fondation Clinton, c’est aussi l’assistant personnel de Bill Clinton. Et Huma Abedin ne travaillait pas seulement au ministère puisqu’elle cumulait trois autres fonctions.

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