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Grève nationale: l’indexation automatique des salaires est-elle en danger?

Eglantine Nyssen
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

Des perturbations dans les transports, les magasins, les bureaux de police… la grève nationale de ce mercredi 9 novembre paralyse de nombreux secteurs. Les syndicats ont notamment peur qu’on touche à l’indexation automatique des salaires. Qu’en est-il?

Dans son appel à la grève encore, la FGTB indique que « les employeurs s’attaquent à l’indexation automatique des salaires ». Un discours récurrent du côté syndical. Lors de la manifestation nationale du 21 septembre, les trois présidents des grands syndicats du pays ont chacun scandé « pas touche à l’indexation salariale » dans leurs discours.

Pourquoi cela n’arrivera pas

L’indexation automatique des salaires permet de protéger le pouvoir d’achat des Belges. La Belgique est un des seuls pays, avec le Luxembourg, Malte et Chypre, à appliquer ce système. Or ce mécanisme a un coût pour les entreprises. On parle, par exemple, pour le million de travailleurs indexés annuellement, d’une augmentation de 11,6% brut en janvier. En septembre déjà, l’administrateur délégué de la FEB, Pieter Timmermans avait estimé que le débat autour de l’indexation des salaires « ne pouvait plus être évité ». Abandonner l’indexation automatique des salaires serait bénéfique pour la compétitivité belge, selon les patrons. « Nous perdons notre attractivité du point de vue de la concurrence et l’on a plus de difficulté à exporter » avait-il estimé. L’organisation patronale flamande Voka plaide également pour une réouverture du débat.

« Certains (c’est le cas par exemple de la fédération de l’industrie technologique, ndlr) avancent l’idée que l’indexation puisse être proportionnelle au revenu ou que les salaires les plus élevés ne soient plus indexés », analyse Mateo Alalouf. A nouveau, une mauvaise chose selon lui, « parce que c’est un droit ». « Contrairement à ce que certains disent, l’indexation ne favorise pas les hauts salaires. Elle ne crée pas d’inégalité mais une solidarité. Son but c’est que le salaire de chacun ne perde pas de sa valeur en période d’inflation. »

« Dans l’immédiat, il n’y a pas de danger concernant la suppression de l’indexation »

Mateo Alalouf, sociologue

L’indexation est-elle cependant en danger ? Actuellement, aucun parti ne soutient formellement un saut d’index. Alexander De Croo l’a confirmé ce lundi sur La Première : « L’indexation est aujourd’hui la meilleure protection qu’on ait contre la perte du pouvoir d’achat et elle restera là. II n’est pas question qu’elle soit remise en cause. » « Dans l’immédiat, il n’y a pas de danger concernant la suppression de l’indexation », confirme le sociologue de l’ULB. « L’indexation et le tarif social sont deux questions qui semblent aujourd’hui acquises. Les autorités les mettent en avant pour nous montrer que nous n’avons pas de quoi nous plaindre. Or ce n’est pas le cas. L’indexation ne couvre pas la totalité de l’augmentation du coût de la vie. »

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