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RIP: le Cristal Park est mort et enterré à Seraing

David Leloup
David Leloup Journaliste

Le Cristal Park est officiellement mort ce lundi 12 décembre 2022. Les sociétés qui portaient ce mégaprojet immobilier ont été déclarées en faillite l’après-midi. Et le soir, le conseil communal de Seraing a décidé que les bois et les prairies du site ne seront pas urbanisés. L’ambitieux projet « vendu » depuis près de 20 ans ne verra donc jamais le jour.

Le tribunal de l’entreprise de Liège a prononcé, ce lundi après-midi, les faillites des sociétés Valinvest Invest, Immoval, Immobilière Deprez et de l’asbl Cristal Discovery. Et le Conseil communal de Seraing a voté, ce lundi soir, à l’unanimité, une motion par laquelle il s’engage à « préserver tous les hectares de forêts et prairies de toutes constructions » sur le site du Val Saint-Lambert. Le Cristal Park, ce projet de reconversion du site industriel des cristalleries du Val Saint-Lambert à Seraing, est donc mort économiquement et enterré politiquement.

Un double avis officiel de décès qui tombe après plus de 15 ans de promesses – dont la création de mille emplois – et plus de 40 millions d’euros de fonds essentiellement publics investis dans l’aventure.

Mini-ville et fausses factures

Le projet comprenait à la fois un centre commercial, un pôle de loisirs, un hôtel, de l’immobilier résidentiel et de bureaux, et même une centrale énergétique pour alimenter cette mini-ville nichée dans un écrin de verdure. Mais de tout ce qui avait été annoncé depuis 2005 – mis à part la rénovation du château, de l’abbaye cistercienne et de trois halles industrielles – rien n’a été concrétisé.

Suite à l’enquête menée par Le Vif et la RTBF et la révélation, début juillet, de fausses factures réalisées par Pierre Grivegnée, la cheville ouvrière du projet, la Ville de Seraing a déposé une plainte pénale et s’est constituée partie civile. Un juge d’instruction a été nommé, des perquisitions ont été réalisées, et Pierre Grivegnée se trouve actuellement en détention à domicile sous bracelet électronique après avoir passé un mois en préventive à la prison de Lantin.

Gestion calamiteuse

La gestion du projet Cristal Park par Pierre Grivegnée a été pour le moins calamiteuse. Outre des fausses factures réalisées pour détourner près d’un million d’euros, l’homme a accumulé les dettes, malgré les millions d’euros d’argent public mobilisés pour concrétiser cet ambitieux projet. Un projet phare pour Alain Mathot, bourgmestre de Seraing de 2006 à 2018, qui a continué à tirer les ficelles du projet en coulisses, après son retrait de la politique pour un lucratif début de carrière dans… l’immobilier.

Le volet immobilier du Cristal Park ambitionnait la construction de plusieurs centaines de logements à la place des bois et des prairies qui entourent le domaine du Val Saint-Lambert. Il avait suscité la colère des riverains et des tiraillements publics entre les échevines socialistes rivales Laura Crapanzano – très proche d’Alain Mathot – et Déborah Géradon – qui par accord politique devrait prendre les rênes de la Cité du Fer quand l’actuel bourgmestre Francis Bekaert se retirera avant les élections communales d’octobre 2024.

Victoire politique pour le PTB

L’échec du Cristal Park est une victoire politique pour le PTB, dont le chef de file à Seraing, le conseiller Damien Robert, a fait de ce dossier sa priorité numéro un. C’est d’ailleurs lui qui avait proposé une motion, le 24 novembre dernier, visant à préserver les forêts et les prairies du site. C’est une version négociée et amendée de cette motion que le conseil communal vient de voter à l’unanimité. Une déclaration politique qui n’est actuellement pas juridiquement contraignante. Mais plus pour longtemps : le conseil communal a décidé « d’entamer les démarches pour que les règlements urbanistiques soient révisés en ce sens ».

Tout développement immobilier dans les bois et les prairies autour du site est désormais interdit. Un éventuel futur projet sera donc limité aux zones déjà construites et non plus, en sus, aux zones constructibles. Une trentaine d’hectares sont situés en zone constructible au plan de secteur, sur la centaine d’hectares de forêts et prairies sur le site du Val Saint-Lambert. Ils devraient désormais être protégés du béton.

David Leloup, avec François Braibant (RTBF)

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