Sophie Wilmès, bien que dans l'ombre, est toujours aussi populaire

Sophie Wilmès, la ‘rockstar’ de la politique, Première ministre en 2024? « C’est une question taboue »

Nathan Scheirlinckx
Nathan Scheirlinckx Journaliste au Vif

Dans l’ombre en tant que députée, Sophie Wilmès est toujours aussi populaire auprès des citoyens. Capitaine de la campagne électorale et tête de liste à Bruxelles pour le fédéral, elle garde un œil attentif sur son président Georges-Louis Bouchez. Et si le poste de Premier ministre échoyait au MR, qui des deux l’emporterait ? La question, « taboue », provoque des remous au sein du parti libéral.

Les années passent, mais n’affectent en rien sa cote de popularité. D’après un sondage commandé par Le Soir Mag, Sophie Wilmès est la 8e femme la plus appréciée des Belges francophones en 2023. Hommes et femmes confondus, l’ancienne Première ministre est la seule personnalité politique de ce Top 50. D’après le dernier Grand Baromètre Le Soir/RTL Info/Ipsos, elle reste encore et toujours la figure politique favorite des Wallons et des Bruxellois. « En tant que femme à la tête du gouvernement pendant la pandémie, Sophie Wilmès s’est construit une aura, indique Caroline Sägesser, chercheuse au sein du Centre de recherche et d’information socio-politique (Crisp). Elle est l’une des rares figures sorties renforcées du 16, Rue de la Loi ». Pour les autres, l’exercice de la fonction se paie généralement dans les urnes.

Depuis, Sophie Wilmès a quitté le devant de la scène politico-médiatique, en deux temps. Premier acte : en octobre 2020, l’Ixelloise laisse les rênes de la Belgique à un Alexander De Croo devenu chef d’orchestre de la Vivaldi. Deuxième acte : en juillet 2022, le visage rassurant des Codeco quitte le ministère des Affaires étrangères, pour se consacrer à son mari, alors malade, et décédé en novembre dernier.

Aujourd’hui, Sophie Wilmès n’occupe plus « que » les fonctions de députée fédérale MR et première échevine à Rhode-Saint-Genèse. Oui, sauf qu’en coulisses, c’est elle qui maintient le cap d’un parti libéral déchiré entre les pro- et les anti-Bouchez. Si le Montois a été prolongé à la tête des bleus francophones jusqu’au 30 novembre 2024, Sophie Wilmès a vu son poids au sein du MR renforcé. Officiellement, « elle sera chargée aux côtés de son président des relations externes du parti, des négociations et de leur coordination ». Officieusement, elle est aussi chargée d’encadrer Georges-Louis Bouchez, pour pacifier les relations avec les partenaires de majorité d’ici les élections.

Quelles sont les véritables ambitions de Sophie Wilmès ?  

Georges-Louis Bouchez aurait été irrité par les déclarations d’Adrien Dolimont. © photonews

En vue des prochaines élections, Sophie Wilmès sera tête de liste à Bruxelles pour le fédéral. Une position qui, avec sa popularité, devrait ramener un nombre important de voix au MR. Et ouvrir de nombreuses portes à l’élue, qui fêtera ses 49 ans au mois de janvier. Mais quelles portes ? Celles menant à un poste ministériel ? Celles la ramenant au 16, Rue de la Loi, qui lui a si bien réussi ? Pour le moment, Sophie Wilmès reste discrète quant à ses ambitions futures. Adrien Dolimont, lui, la verrait bien enfiler à nouveau le costume de Première ministre en 2024. « Qui d’autre qu’elle pour exercer cette fonction au sein du MR ? », s’est demandé le ministre wallon du Budget au micro de Bel RTL.

« Briguer le poste de Premier ministre est le meilleur moyen de ne pas l’obtenir »

Marie-Christine Marghem, vice-présidente du MR

En interne, cette déclaration aurait irrité son président de parti Georges-Louis Bouchez. Qui, s’il n’en veut pas à son jeune ministre, a mis les choses au clair en bureau de parti. « J’ai dit de ne pas citer de nom avant les élections, car ça porte malheur ». Le président des libéraux prend pour exemple le cas de Kristof Calvo. Député fédéral Groen, il avait été cité pour le poste de Premier, alors que les Verts scoraient dans les sondages préélectoraux. Quelques mois avant que De Croo ne brise son rêve. Marie-Christine Marghem, vice-présidente du MR, partage la prudence de son chef de file. « Briguer le poste de Premier ministre est le meilleur moyen de ne pas l’obtenir. Pour autant, Sophie et Georges-Louis incarnent d’excellents candidats ».

Premier ministre: un match Georges-Louis Bouchez-Sophie Wilmès en coulisses ?

Sophie Wilmès et Georges-Louis Bouchez auraient une relation complémentaire au sein du MR © Belga

Off the record, les langues se délient au sein du MR au moment d’envisager le chef de gouvernement idéal. « C’est une question taboue. Si la réponse ne s’impose pas d’elle-même après les élections, les conflits internes resurgiront », prédit un cadre bruxellois. Un ministre bleu embraie : « Elle sait faire converger les points de vue et est trilingue. Deux qualités attendues d’un Premier ministre. On possède dans nos rangs la rockstar de la politique francophone, ce serait une erreur de s’en priver ».

« Sophie Wilmès est plus consensuelle que Georges-Louis Bouchez »

Caroline Sägesser, chercheuse au sein du Crisp

On the record, les déclarations se font plus mesurées. « Choisir entre les deux serait du luxe, mais je pense qu’il n’y aurait pas de compétition, pose le député fédéral Denis Ducarme. La relation entre Georges-Louis et Sophie est bonne, ils sont complémentaires ». Si la fonction Graal était proposée au MR, Caroline Sägesser estime que Sophie Wilmès serait alors la candidate la mieux placée. « Elle est plus consensuelle que Georges-Louis Bouchez, mais il faudra voir si elle en a envie avec l’épreuve qu’elle traverse dans sa vie privée ».

Bouchez: « Ma vie ne sera pas un échec si je ne deviens pas Premier ministre »

Que Georges-Louis Bouchez soit intéressé par le 16, Rue de la Loi est un secret de Polichinelle. Le Montois l’a déjà déclaré par le passé. Son apprentissage (certes approximatif) du néerlandais et sa présence dans les médias néerlandophones en disent long sur ses ambitions. Mais celui qui est toujours sénateur coopté botte d’abord en touche. « Je ne pense pas à ça pour 2024. Le plus important pour moi, c’est que le MR gagne et qu’on impose notre projet de société. Ma vie ne sera pas un échec si je ne deviens pas Premier ministre ». Et si on lui proposait ? Le président du MR ramène la balle au centre : « Ce serait comme un joueur de foot qui refuse un transfert au Real Madrid ».

Didier Reynders et Charles Michel en trouble-fêtes

Charles Michel et Didier Reynders. © BELGA

Georges-Louis Bouchez et Sophie Wilmès n’incarnent pas les seules personnalités capables de revendiquer le poste chez les libéraux francophones. À l’heure d’écrire ces lignes, les places de Didier Reynders et Charles Michel sur les listes électorales ne sont pas encore connues. Le premier aimerait briguer un second mandat en tant que Commissaire européen, tout en n’excluant pas de tenter de reprendre les rênes du MR. L’échéance du mandat à la tête du Conseil européen du second est prévue pour la fin novembre 2024. Un calendrier qui coïncide avec celui de la date de péremption de Bouchez à la tête du parti… Selon Caroline Sägesser, Didier Reynders et Charles Michel pourraient s’aligner au départ du marathon bleu foncé, au bout duquel se trouveront peut-être les lauriers de Premier ministre.

Tous ces éléments seront évidemment à reconsidérer à l’aune du résultat des élections. « À l’heure qu’il est, le MR n’est pas en bonne posture pour obtenir le 16, précise la chercheuse du Crisp. La résurrection des Engagés, qui chassent sur les plates-bandes libérales, fragilise la position de Bouchez ».  

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