Les compteurs électriques communicants vont se généraliser en Wallonie et à Bruxelles. © fluxys

Pourrez-vous garder votre compteur électrique actuel en 2024 ? Voici ce qui vous attend

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Un compteur électrique électromécanique, double flux, digital, communicant ? Beaucoup s’y perdent, alors que 2024 signe la fin du système de compensation pour les nouvelles installations photovoltaïques en Wallonie. Tour d’horizon des scénarios, avec ou sans panneaux.

A l’heure actuelle, 74% des logements wallons sont encore équipés d’un bon vieux compteur électrique électromécanique : ses chiffres tournent progressivement, accumulant les kilowattheures (kWh) consommés depuis son placement. Il peut aussi tourner à l’envers, quand un détenteur de panneaux photovoltaïques (également appelé prosumer) injecte de l’électricité dans le réseau. Ce type de compteur est toutefois en voie d’extinction, pour de multiples raisons.

  • Il ne donne aucune information sur les moments précis où un ménage prélève plus ou moins d’électricité sur le réseau.
  • Il ne comptabilise pas distinctement l’électricité injectée dans le réseau par un prosumer, lorsque ce dernier ne consomme pas celle produite par ses panneaux solaires. Contrairement à un compteur digital, il contraint ainsi les ménages à s’acquitter d’une redevance prosumer forfaitaire de plusieurs centaines d’euros par an, dont le montant dépend de la puissance de l’installation photovoltaïque – là où un compteur digital permet de ne payer que pour l’électricité effectivement prélevée sur le réseau.
  • Il s’avère surtout incompatible avec la nécessaire correspondance entre l’offre et la demande, que requiert une transition énergétique de plus en plus basée sur les énergies renouvelables intermittentes (l’éolien et le solaire). Celles-ci sont susceptibles d’entraîner d’importantes variations de prix du kWh au cours d’une même journée et selon les saisons.

D’où l’arrivée inévitable du compteur électrique digital. Depuis 2023, son placement est systématique pour les nouvelles habitations, pour remplacer les compteurs à budget et les appareils vétustes. Ce type de compteurs offre deux grandes fonctionnalités couramment évoquées :

  • Il peut être double flux (ou bidirectionnel) : quand l’habitation est équipée de panneaux photovoltaïques, il mesure distinctement l’électricité prélevée et celle injectée sur le réseau, permettant au ménage de privilégier l’autoconsommation pour réduire sa facture. Un compteur double flux est donc systématiquement digital.
  • Il peut être communicant (ou intelligent, pour reprendre l’ancienne appellation) : quand cette fonction est activée, le compteur envoie directement ses informations au gestionnaire du réseau de distribution (GRD). Cela permet de communiquer régulièrement et automatiquement les index, mais aussi de bénéficier à l’avenir de contrats dont les prix varieront jusqu’au quart d’heure près – une solution intéressante pour les prosumers qui prélèvent de l’électricité lorsque les prix sont faibles. En vertu d’un décret daté du 5 mai 2022 (à l’article 46), un client peut refuser d’activer la fonction communicante. Mais pas le placement du compteur digital en tant que tel.

Ce qui vous attend

Dans un décret en cours d’élaboration, la Wallonie ambitionne d’équiper, d’ici à 2029, 100% des logements d’un compteur électrique digital, doté de la fonction communicante. Il y a plusieurs cas de figure :

  • Vous disposez d’un compteur électromécanique, sans panneaux photovoltaïques : tant qu’il fonctionne, vous n’êtes pas dans la liste prioritaire des GRD pour le remplacer par un compteur digital. Toutefois, ce changement surviendra inévitablement dans les prochaines années. Si vous décidez de placer des panneaux photovoltaïques à partir de 2024, vous devrez placer un compteur double flux, et donc digital.
  • Vous disposez d’un compteur électromécanique, avec panneaux photovoltaïques : vous pouvez profiter du système de compensation (c’est-à-dire du compteur qui tourne à l’envers) jusqu’en 2030, même si vous êtes amené à changer de compteur. « Le placement d’un compteur communicant ne modifie pas les droits des prosumers relatifs à la compensation », précise la Commission wallonne pour l’énergie (Cwape).
  • Vous envisagez de construire ou de rénover en profondeur un logement : vous devrez placer un compteur digital, avec ou sans panneaux photovoltaïques. Vous pourrez toutefois refuser l’activation de la fonction communicante, auquel cas les fonctionnalités proposées seront plus limitées.

Ce que coûte un compteur électrique digital

Jusqu’au 31 décembre 2023, un compteur électrique digital ne coûte rien du tout. La Wallonie accorde en effet une prime de 152 euros HTVA pour le placement d’un tel compteur. Ce montant, octroyé via les GRD en charge de son installation, permet de couvrir la totalité de l’investissement. Et pour 2024 ? Jusqu’à présent, la Wallonie n’a pas fait part de son intention de reconduire la prime, indique Ores, le plus grand GRD du sud du pays. Si elle disparaît bel et bien, le placement d’un compteur digital de la part d’Ores sera donc à la charge des ménages. Chez Ores, ce montant s’élève à 161 euros. Il ne comprend pas le coût du placement d’un coffret « 25d60 », en référence à ses dimensions, qui ne vaut que pour les nouvelles installations (le coffret d’un ancien compteur électromécanique reste en principe compatible avec un compteur digital).

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