Jonathan Biermann (à gauche), lors de l’inauguration du nouveau centre administratif d’Uccle, en 2022.

Jonathan Biermann (MR), ancien protagoniste dans l’affaire du «Kazakhgate», futur député européen?

Clément Boileau
Clément Boileau Journaliste

Le mandataire ucclois, qui fut le bras droit d’Armand De Decker, est le suppléant numéro 1 sur la liste du Mouvement Réformateur aux élections européennes. Si Sophie Wilmès, tête de liste du parti, est appelée à de plus hautes fonctions, ce dernier pourrait hériter d’un siège d’eurodéputé.

Il n’est «que» suppléant sur la liste européenne du MR, mais se trouve sans doute à la meilleure place possible pour devenir eurodéputé à l’issue du scrutin du 9 juin prochain. Et pour cause, Jonathan Biermann, actuellement échevin ucclois de l’urbanisme et du logement, ancien conseiller au Sénat et avocat de profession, couvre les arrières de Sophie Wilmès, qui tire la liste MR pour cette élection.

Une place qui vaut presque celle de candidat à part entière, l’ancienne Première ministre, dont la popularité est intacte, ayant de bonnes chances d’accéder à de plus hautes fonctions: le fauteuil de Première ministre, pour lequel son nom est régulièrement cité, ou un portefeuille ministériel au fédéral, voire un poste de commissaire européenne. Tout dépendra, bien sûr, des résultats des élections et des négociations qui suivront, mais une chose est sûre: si Sophie Wilmès est appelée ailleurs, son remplaçant au Parlement –Jonathan Biermann, donc– pourrait hériter de son siège.

Affaire tentaculaire

Jusque-là, rien de bien croustillant. Si ce n’est que le nom de Biermann a fait irruption dans l’une des affaires les plus tentaculaires qu’a connu la Belgique ces dernières années, celle du «Kazakhgate». Pour rappel, celle-ci tire son nom de faits de corruption présumée impliquant la France, la Belgique et le Kazakhstan. Au centre du jeu, la vente, en 2011, par la France, de 45 hélicoptères au président Kazakh Noursoultan Nazarbaïev, qui fut soupçonné, à l’époque, d’avoir conditionné cette transaction – d’une valeur de deux milliards d’euros – au sauvetage judiciaire de son ami Patokh Chodiev, un oligarque belge d’origine ouzbèke, à l’époque sérieusement inquiété par la justice belge. Or, dans le même temps, Chodiev et ses associés (Alexander Machkevitch et Alijan Ibragimov) ont effectivement bénéficié d’une loi belge, adoptée dans des conditions suspectes, qui leur a permis de passer une transaction pénale sans être condamnés.

Et Jonathan Biermann, dans tout ça? Il était le bras droit d’Armand De Decker (MR), avocat de Patokh Chodiev en Belgique et ancien ministre, bourgmestre d’Uccle, ainsi que président du Sénat (2007-2010). Inculpé en 2018 pour trafic d’influence dans cette affaire (il aurait profité de ses mandats politiques pour manœuvrer en faveur de son client), De Decker, soupçonné d’avoir empoché de coquettes sommes par l’entremise des avocats de Chodiev en France, est mort l’année d’après, mettant fin aux poursuites en Belgique. En France, Chodiev a, lui été mis en examen en 2019 pour blanchiment.

Jonathan Biermann a été soupçonné par la justice belge de faux, usage de faux et complicité de trafic d’influence, mais n’a pas été poursuivi. Armand De Decker restant actuellement le seul à avoir été inculpé dans l’affaire en Belgique. Contacté par nos soins pour savoir si son implication dans le «Kazakhgate» a été discutée lors de la confection des listes par le parti, Jonathan Biermann n’a pas donné suite.

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