panneaux photovoltaïques
Pour réduire leur facture, les nouveaux détenteurs de panneaux photovoltaïques doivent utiliser un maximum de l’électricité qu’ils produisent. © GETTY IMAGES

Photovoltaïque: comment réduire (facilement) sa facture de plusieurs centaines d’euros par an

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Depuis la fin du compteur qui tourne à l’envers, les nouveaux détenteurs de panneaux photovoltaïques doivent consommer un maximum de l’électricité qu’ils produisent. Pour y parvenir, des solutions domotiques, sans batterie, voient le jour.

Vos panneaux photovoltaïques, vous les prendrez avec ou sans compteur qui tourne à l’envers ? Depuis janvier 2024, cette question ne se pose plus dans aucune région du pays. À son tour, la Wallonie a en effet mis fin à ce mécanisme de compensation, qui permettait aux prosumers d’encoder un index annuel nul, si leur production solaire était supérieure ou égale à leur consommation. Les ménages ayant fait certifier leur installation avant cette échéance peuvent toujours en bénéficier jusque 2030, même si leur gestionnaire de réseau de distribution vient remplacer leur compteur électromécanique par un modèle intelligent. Les nouveaux détenteurs, eux, doivent d’ores et déjà comptabiliser distinctement l’électricité prélevée sur le réseau et celle qu’ils y injectent, quand ils n’autoconsomment pas leur production photovoltaïque.

La fin du compteur tournant à l’envers était dans l’ordre des choses : comme notre mix électrique intègre de plus en plus de sources renouvelables intermittentes (le solaire et l’éolien), il faut faire correspondre au maximum les courbes de consommation et de production. Non seulement pour réduire l’empreinte carbone globale de l’électricité consommée, mais aussi pour réduire le coût moyen du kilowattheure (kWh), logiquement plus faible quand l’offre est abondante et la demande faible. A terme, les fournisseurs d’électricité proposeront d’ailleurs des formules tarifaires au quart d’heure près, comme cela existe déjà en Flandre.

À l’échelle des prosumers, le mécanisme de compensation n’incite aucunement à faire coïncider le plus possible sa production et sa consommation. Lors de journées lumineuses, la plupart d’entre eux injectent une grande proportion de l’électricité produite dans le réseau, au point d’occasionner des décrochages d’onduleurs dans leur rue ou dans leur quartier. Et en matinée ou en soirée, c’est-à-dire quand le soleil ne brille pas, ils prélèvent autant voire davantage d’électricité du réseau qu’un ménage sans panneaux solaires – à moins de disposer d’une batterie domestique, dont les vertus écologiques et financières sont discutables.

Comme la rétribution qu’ils perçoivent désormais pour l’électricité injectée dans le réseau est anecdotique (0,07 euros en moyenne par kWh, selon les tarifs des fournisseurs en décembre 2023), les nouveaux détenteurs de panneaux photovoltaïques doivent utiliser un maximum de l’électricité qu’ils produisent. Plus ils y parviennent, plus leur facture d’électricité annuelle est faible, puisque celle-ci dépend des kilowattheures prélevés sur le réseau. Pour la seule composante « énergie » de la facture, qui ne représente que 41% du montant total, un ménage peut économiser plusieurs centaines d’euros par an en maximisant l’autoconsommation, comme le montre ce graphique :

La domotique à la rescousse des panneaux photovoltaïques

Atteindre un pourcentage d’autoconsommation de 40%, voire au-delà idéalement, n’est cependant pas une sinécure sans batterie domestique. Les ménages peuvent certes programmer certains appareils et en brancher d’autres (à condition d’être à domicile) lors des heures d’ensoleillement, mais c’est à peu près tout. Contrairement aux versions électromécaniques, les compteurs digitaux – à présent obligatoires pour les nouvelles installations photovoltaïques – ont toutefois l’avantage de pouvoir échanger une série d’informations à des modules connectés. C’est là que les solutions domotiques entrent en scène.

La société belge EasyNRJ, par exemple, a mis au point deux types de prise intelligente visant à maximiser l’autoconsommation. Branchée sur une prise classique à un endroit visible, la première signale en temps réel au ménage quand sa production photovoltaïque est excédentaire ou déficitaire, via un petit anneau lumineux. « Il n’y a pas besoin d’un nouvel écran ou d’une énième appli : l’utilisateur sait quand c’est le bon moment pour recharger sa voiture électrique, lancer un programme de machine à laver ou de lave-vaisselle, commente Raphaël Debatty, le fondateur d’EasyNRJ. En 2017, une étude du CNRS (NDLR : le centre national français de la recherche scientifique) et de l’Université de Liège a démontré que le simple fait d’avoir conscience de sa consommation électrique permettait de la réduire de 23%. » Le second type de prise intelligente va encore plus loin : celle-ci ne fournit de l’électricité aux appareils qui y sont branchés que lorsque la production photovoltaïque est excédentaire. « Tablettes, laptops, aspirateurs… Cette solution est idéale pour tout appareil doté d’une batterie », poursuit l’entrepreneur.

L’électricité stockée sous forme de chaleur

Les ménages possédant un chauffe-eau thermodynamique peuvent y gagner encore plus. Trois à quatre fois plus économe en électricité (en fonction de son coefficient de performance) qu’un boiler classique, sa consommation annuelle varie tout de même entre 600 et 1 300 kWh – à titre de comparaison, un ménage moyen consomme 3 500 kWh par an, selon la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG). Depuis plusieurs années, les chauffe-eau thermodynamiques sont équipés du protocole “Smart Grid Ready”, permettant notamment de valoriser en temps réel l’électricité produite à partir de panneaux photovoltaïques.

« Pourquoi installer une batterie chez soi quand on dispose déjà d’une solution écologique et prête à l’emploi comme un chauffe-eau thermodynamique ? », questionne ainsi Raphaël Debatty. Plutôt que de maintenir l’eau chaude à une température constante de 52°C, ce qui nécessite de prélever de l’électricité sur le réseau, l’association domotique entre le chauffe-eau et le compteur intelligent (idéalement par un professionnel) autorise le premier à produire une chaleur supérieure quand les panneaux produisent de l’électricité, évitant ainsi de puiser sur le réseau pour rétablir la température après un usage intensif. « Pendant trois saisons sur quatre, cela permet de réduire significativement sa consommation électrique », conclut-il. A raison de 270 jours par an, l’activation du Smart Grid Ready représenterait une économie approximative de 160 à 400 euros, selon les prix de début 2024.

Des primes en Wallonie et en Flandre

Pour l’ensemble de ces solutions, un ménage devra débourser entre 450 et 750 euros (100 à 350 euros pour les prises intelligentes, 350 à 400 euros pour la solution adaptée au boiler thermodynamique, installation incluse). La Wallonie octroie toutefois une prime pour l’installation d’équipements de domotique, couvrant 40% du coût et plafonnée à 400 euros par particulier. Initialement, elle était censée prendre fin en 2023. Mais le gouvernement régional vient d’approuver en première lecture un projet de modification décrétale, visant à prolonger cette prime en 2024, pour autant que les factures soient communiquées dans les quatre mois suivant l’entrée en vigueur du texte. De son côté, la Flandre accorde, au moins jusque fin 2025, une prime pour l’installation de dispositifs contrôlant la production de chaleur avec de l’électricité (50% de la facture, avec un plafond de 400 euros également). En région bruxelloise, aucune aide n’est prévue à ces fins.

En combinant ces différentes solutions, un ménage peut espérer gagner 10 à 30 % supplémentaires d’autoconsommation, ce qui revient à économiser plusieurs centaines d’euros sur sa facture d’électricité. Dans les faits, tout dépendra bien sûr de ses besoins en électricité, d’autant plus importants s’il combine télétravail, pompe à chaleur et recharge à domicile d’une voiture électrique.

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