Vue aérienne sur les plantations de Lokutu, une des trois zones d'opération de Feronia en République démocratique du Congo, et les villages avoisinants. © Feronia

L’Etat belge se retire de Plantations et huileries du Congo

Quentin Noirfalisse Journaliste

Comme annoncé en mars 2021, l’Etat belge se retirera de Feronia en juin prochain. Ce départ inquiète les ONG belges, qui craignent que, dans la foulée, l’Etat délaisse également les communautés locales.

C’est la fin d’une saga aux conséquences dramatiques. En 2015, BIO-Invest, le bras financier de la Coopération au développement belge, décide de prêter dix millions d’euros d’argent public à Plantations et huileries du Congo, devenue propriété, en 2008, de la société canadienne Feronia. Elle veut raviver des plantations d’huile de palme à l’ouest de Kisangani, ayant jadis appartenu au géant Unilever. D’autres institutions financières européennes prêtent, au fil des ans, plus de 150 millions de dollars. Si la plantation s’est remise à produire, la chute des cours de l’huile de palme et, surtout, des tensions grandissantes avec les riverains, qui se mobilisent contre des cas de pollutions, les mauvais salaires et la sensation d’être privés de leurs terres, ont vite montré les limites du projet.

En février 2021, une manifestation est réprimée violemment par la police et des gardes de Feronia. Quelques jours plus tard, Blaise Sobwe, 33 ans, meurt des suites de ses blessures après avoir été passé à tabac pour vol de fruits de palmier. Cet événement et l’utilisation par Feronia de structures financées offshore ont joué un rôle dans la décision, en mars 2021, de la ministre de la Coopération au développement, Meryame Kitir (sp.a), d’annoncer au Parlement que BIO se retirerait de Feronia en juin 2022. En février dernier, les autres institutions financières annonçaient aussi sortir de la société. BIO n’a pas demandé à être intégralement remboursé de son prêt. Il renonce à 50% de celui-ci et même 80% si le nouveau propriétaire (un fonds d’investissement africain) atteint des objectifs sociaux et environnementaux. Le cabinet Kitir estime que l’intégration de ces objectifs est en bonne voie.

La plateforme d’ONG belges (CNCD, Fian, SOS Faim, notamment) qui travaillent sur le cas Feronia craint que dès cette sortie, l’Etat belge ne se préoccupe plus du sort des communautés locales. «Les banques de développement ont accepté de lancer un processus de médiation foncière en janvier 2019 mais ce dernier n’a vraisemblablement toujours pas commencé», selon Amaury Ghijselings, du CNCD. Les 20% encore à rembourser, espèrent ces ONG, peuvent servir de levier pour que la plainte déposée en 2018 par les communautés locales auprès des institutions de financement du développement ne reste pas lettre morte.

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