Nicolas De Decker

« Le catéchisme du populiste »

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Première leçon : de la condition du peuple et de son esclavage.

Qui es-tu ?

Je suis un esclave.

Tu n’es donc pas un homme ?

Au point de vue de l’humanité, je suis un homme, mais par rapport à la société, je suis un esclave.

Qu’est-ce que le peuple ?

Le peuple est la masse molle des esclaves qui regarde RTL-TVi même le dimanche.

Que voit-il, le peuple, quand il regarde RTL-TVi le dimanche ?

Il voit Pascal Vrebos poser des questions à Pieter Timmermans.

Et que dit-il, Pieter Timmermans ?

Il dit qu’il est le patron des patrons et que les questions que pose Pascal Vrebos sont populistes. Il dit que c’est populiste de demander si on peut vivre avec 1 500 euros brut par mois, c’est-à-dire le salaire minimum, comme le fait le peuple.

Pourquoi le peuple ne gagne-t-il que 1 500 euros brut par mois au salaire minimum ?

Parce que le peuple est lâche, sale, oisif, qu’il vit parfois dans des endroits aussi tristes que le Borinage ou même Charleroi, qu’il n’a créé aucune start-up et qu’il s’adonne à des passions tristes comme le tuning, le petit élevage, la pose d’ongles en gel, la maladie longue durée, la prépension ou le syndicalisme, et parfois même l’islam, et que ce n’est pas comme ça qu’on va sauver notre système de sécurité sociale.

Comment va-t-on sauver notre système de sécurité sociale, alors ?

Je ne le sais pas, mais pas en augmentant ses recettes ni les revenus de ceux qui en ont peu car c’est du populisme, ça.

Pourquoi ne le sais-tu pas ?

Parce que je suis du peuple, que je regarde RTL-TVi, même en semaine, et que donc je ne lis pas L’Echo. Enfin, je fais semblant de ne pas le lire : en fait, je le lis.

Et que lit-on dans L’Echo ?

On lit par exemple une interview du ministre des Pensions en affaires courantes, et administrateur-délégué du Centre Jean Gol, Daniel Bacquelaine.

Et que dit-il ?

Il dit qu’il a sauvé le système des pensions sans populisme.

Comment a-t-il fait ?

En faisant des économies et en faisant travailler les gens plus longtemps mais sans que les gens finissent ni par gagner moins ni par travailler plus longtemps.

Moins de recettes et moins de dépenses, mais autant de prestations ? Comment est-ce possible ?

Je ne sais pas dire, je suis du peuple, je ne comprends rien à part que le populisme, c’est mal. C’est comme le tuning ou le syndicalisme, c’est une passion triste.

Et que dit-il encore à L’Echo, Daniel Bacquelaine ?

Qu’il faut lutter contre l’injustice.

Laquelle ?

Celle du salarié qui a gagné 300 000 euros par an et dont la pension minimum est injustement plafonnée à 1 821 euros net par mois, alors que les populistes ne pensent qu’à donner des pensions au peuple qui ne gagne pas 300 000 euros par an.  » Si on continue d’augmenter la pension minimum sans augmenter ce plafond salarial, tout le monde aura la pension minimum à terme. La notion de récompense du travail disparaîtrait « , a-t-il dit.

Pourquoi le peuple ne gagne-t-il pas 300 000 euros par an ?

Parce qu’il est un esclave.

Tu n’es donc pas un homme ?

Au point de vue de l’humanité, je suis un homme, mais par rapport à la bonne société, je suis un populiste.

Crédit à Alfred Defuisseaux, Pieter Timmermans et Daniel Bacquelaine pour la matière première.

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