« La Belgique n’est pas préparée à une attaque nucléaire »: voici les résultats d’une simulation

Le monde n’est pas préparé aux conséquences d’une attaque à la bombe nucléaire. Telle est la conclusion d’une table ronde organisée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Croix-Rouge de Belgique. La meilleure solution est donc d’empêcher qu’une telle attaque ne se reproduise, ont déclaré à l’unisson ces associations.

Récemment, la menace nucléaire a atteint son niveau le plus élevé depuis la guerre froide, notamment en raison des déclarations du président russe Vladimir Poutine, qui a menacé à plusieurs reprises de recourir à l’arme nucléaire.

C’est dans ce contexte que cette journée de conférences Nuke Expo est organisée pour rendre tangible ce qu’une attaque nucléaire signifierait en termes concrets. Une simulation de largage d’une bombe nucléaire sur Bruxelles a notamment été présentée. Elle serait susceptible de tuer immédiatement 177.000 personnes et d’en blesser (gravement) 300.000 autres. Ce serait dû en partie à l’explosion, mais aussi aux ondes de choc, aux rayonnements thermique et radioactif. Ce chiffre ne comprend que les victimes directes et ne tient donc pas compte des personnes qui ne seront touchées qu’après coup, par exemple par le nuage de radiations.

Le lieutenant-colonel Jan Beeldens, actif dans la protection civile, a notamment dû admettre que la Belgique n’était tout simplement pas préparée à une telle attaque et qu’il n’existait pas non plus d’entraînement spécifique pour un tel scénario. Les intervenants, parmi lesquels le Dr Carlos Umaña, l’expert international en armement Dominique Loye et Michela Matuella, responsable de l’Office européen de protection civile et d’aide humanitaire (ECHO), ont admis d’emblée qu’un tel scénario signifierait que rien ne pourrait être fait pour les quelque 500.000 personnes qui seraient directement touchées par l’explosion.

C’est pourquoi la priorité serait donnée aux personnes vivant dans les zones environnantes. Elles devraient notamment être averties par des systèmes d’alerte qu’il est préférable de rester à l’intérieur afin de minimiser les effets des radiations radioactives. Mais ce, dans l’hypothèse où il y aurait encore des systèmes de communication fonctionnels car l’impulsion électromagnétique provoquée par une telle explosion pourrait mettre tous les systèmes de communication hors service pour une durée indéterminée.

Dans le pire des cas, des « volontaires » munis d’une feuille de papier seraient envoyés pour informer la police, qui transmettrait ensuite le message à la population, a expliqué M. Beeldens. « La communauté internationale ne serait pas en mesure de réagir dans les premiers jours », a reconnu Dominique Loye sans ambages.

Théoriquement, il serait possible de travailler sur des scénarios pour développer et optimiser ces plans d’urgence, mais dans la pratique, selon M. Loye, aucun scénario global de ce type n’existe nulle part « parce que c’est un gaspillage de ressources ».

En effet, la probabilité d’une attaque à la bombe nucléaire est très faible et la communauté internationale doit faire face à de nombreux autres défis. Michela Matuella, directrice d’ECHO, a souligné que l’Union européenne se concentre avant tout sur la prévention. On évoque, par ailleurs, l’idée de se préparer via l’élaboration d’un système de communication par satellite pour envoyer des alertes lorsque tous les autres réseaux sont indisponibles et la constitution de stocks de médicaments et de matériel de protection.

Mais « il est impossible de se préparer aux conséquences du largage d’une bombe nucléaire », rappelle M. Umaña. « C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le slogan est: évitez ce que vous ne pouvez pas réparer. La seule façon de se préparer réellement est d’éviter que cela ne se produise ». Une déclaration à laquelle les autres membres du panel ont docilement souscrit.

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