S'il est élu, "Joe pas Trump Biden" le devra beaucoup à la détestation que provoque l'actuel président. © GETTYIMAGES

Elections USA: Trump, stop ou encore?

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Les républicains voient dans des signes positifs de fin de campagne des raisons de croire au succès sur le fil du président sortant. Joe Biden-le-rassembleur tient pourtant toujours la corde. La mobilisation des électeurs dans les Etats clés sera cruciale.

Quatre ans de plus ou la fin du show Trump à la Maison-Blanche? La campagne présidentielle de 2020 restera dans l’histoire des Etats-Unis comme une des plus atypiques. Pourtant, elle se résumera, malgré l’irruption de la Covid-19 qui a changé tout, à la question que les électeurs se posaient déjà à son entame, soit avant la crise sanitaire mondiale: Donald Trump mérite-t-il de rester président des Etats-Unis?

La réponse aurait sans doute été affirmative pour une majorité d’Américains si le scrutin avait eu lieu le 3 janvier de cette année. Fort de la croissance économique retrouvée et de la baisse du chômage, le président sortant aurait pu vanter les effets salutaires de sa stratégie de focalisation sur les préoccupations premières de ses concitoyens. Et faire oublier les politiques, les dénégations et les mots qui les ont tant divisés. Les ravages d’un « virus chinois » ont bouleversé la donne. La résurgence de la question raciale après le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd sous la pression du genou d’un policier a enfoncé le clou. La mauvaise gestion ou l’absence de gestion par le président de ces dossiers ont annihilé l’élan que sa relance de l’économie, soutenue il est vrai par la fin de la présidence de Barack Obama, avait impulsé à la campagne pour sa réélection.

L’espoir renait

A quelques jours du scrutin, l’espoir renaît cependant dans le noyau dur des républicains. Des électeurs, notamment parmi les jeunes Afro-Américains et hispaniques, se raccrochent aux bienfaits, sur leurs conditions de vie, de la croissance économique d’avant l’épidémie. Donald Trump, lors de l’ultime débat télévisé avec son adversaire démocrate, a pu convaincre certains autres que la transition énergétique prônée par Joe Biden ne serait pas sans conséquence sur l’industrie florissante du gaz et du pétrole. La nomination effective de la juge Amy Coney Barrett à la Cour suprême rassure la base électorale la plus ultraconservatrice du candidat républicain. Mais celle-ci doutait-elle encore que Trump fût son homme?

L’élection suscite un réel engouement à la hauteur du choix fondamental de société qu’elle devrait consacrer.

Le nombre d’indécis pour le vote du 3 novembre est exceptionnellement bas, estimé à 2 à 3% du corps électoral. C’est une autre singularité de cette présidentielle de 2020. Au même titre que le chiffre très élevé (plus de 50 millions de personnes) des citoyens qui ont déjà fait leur choix, par anticipation ou par correspondance. Ces tendances conjuguées réduisent l’impact d’un événement inattendu de fin de campagne. Etant donné que les sondages prédisent une avance constante à Joe Biden depuis des semaines, les jeux seraient-ils faits?

Ni enthousiasme, ni rejet

On veut le croire, côté démocrate, malgré l’échec cuisant en 2016 des instituts d’études d’opinion, désormais plus prudents. L’ancien vice-président ne suscite évidemment pas un enthousiasme délirant au sein de la population. Mais il n’inspire pas le rejet que suscitait la candidature d’Hillary Clinton il y a quatre ans. Il a su réconcilier les ailes centriste, dont il est issu, et gauche, dont il a repris des propositions, de son parti. Et en choisissant comme candidate à la vice-présidence la sénatrice noire Kamala Harris, il espère gagner sur deux fronts, celui de la jeunesse et celui de la communauté afro-américaine. Reste que, s’il est élu, « Joe pas Trump Biden » le devra beaucoup à la détestation que provoque le président.

La mobilisation des électeurs sera la clé de l’élection du 3 novembre. La progression des votes par correspondance et anticipés montre que l’élection suscite un réel engouement à la hauteur du choix fondamental de société qu’elle devrait consacrer, entre le conservatisme nationaliste de Trump et le progressisme sociétal et économique de Biden. En espérant que de ce rendez-vous avec l’histoire puisse émerger une Amérique apaisée.

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