© AFP

Elections USA: Trump domine le dernier débat, mais ne déstabilise pas Biden (analyse)

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le président républicain sortant s’est montré très pugnace, en tant qu’ancien patient atteint du Covid, face à un adversaire qui avait plus à perdre dans l’ultime confrontation télévisée. Mais le candidat démocrate a bien résisté.

Le dernier débat télévisé de la campagne présidentielle américaine offrait une ultime chance à Donald Trump de combler son retard dans les sondages à douze jours du vote du 3 novembre. On escomptait donc qu’il soit le plus offensif lors de la confrontation de ce jeudi 22 octobre organisée à Nashville. Il l’a effectivement été. « Vous n’avez rien fait » ou « Pourquoi ne l’avez vous pas fait ?  » auront été les formules les plus utilisées, jusqu’à l’overdose, par le président sortant pour tenter de discréditer définitivement un adversaire, le candidat démocrate Joe Biden, renvoyé à son inaction supposée lorsqu’il était vice-président de Barak Obama (2009 – 2017) et donc à son impuissance future, dans l’esprit de Trump, s’il devait être élu.

Pour un récent patient d’une unité Covid d’un hôpital de Washington, Donald Trump a fait montre d’une pugnacité étonnante. Parfois incapable de masquer sa nervosité mais sans faire preuve de l’extrême fébrilité observée lors du premier débat le 29 septembre à Cleveland qui avait tourné au pugilat indigne, le président américain a réussi à mettre à quelques reprises son adversaire en difficulté. Lorsqu’il a de nouveau accusé son fils Hunter Biden d’avoir bénéficié d’argent de la corruption en Ukraine et en Russie dont lui-même aurait perçu des commissions (« C’est un aspirateur à argent », a asséné Trump). Quand il a mis en cause le plan énergétique de Joe Biden et que ce dernier a expliqué qu’il mettrait progressivement un terme aux subventions à l’industrie pétrolière. Enfin et surtout lorsque Donald Trump a rappelé que Joe Biden avait approuvé la loi anti-drogue de 1988 qui renforçait drastiquement les peines de prison pour consommation et allait affecter particulièrement la communauté afro-américaine. « C’était une erreur », a concédé Joe Biden.

Elections USA: Trump domine le dernier débat, mais ne déstabilise pas Biden (analyse)
© AFP

Plus efficace dans ses propos que lors de la première joute avec son opposant, Donald Trump a pourtant à nouveau affiché le même travers que le 29 septembre : son incapacité à montrer la moindre empathie à l’égard des Américains qui soufrent. Il en a fourni l’illustration la plus frappante lorsque, à l’injonction de la modératrice du débat, la journaliste de NBC Kristen Welker, de développer ce qu’il dirait aux familles afro-américaines victimes de racisme, il a été incapable du moindre mot de compassion et a de nouveau attaqué le bilan de son adversaire.

A contrario, Joe Biden a, comme lors du premier débat, actionné à plusieurs reprises le registre de la compréhension face aux difficultés de ses concitoyens en les prenant à partie le regard fixé sur la caméra. L’actualité de la crise du coronavirus a été l’occasion pour lui de pousser cet avantage. « Tous ceux qui sont responsables d’autant de morts ne devraient pas être président », a-t-il lâché, brandissant également son masque personnel comme symbole du plan que lui mettrait en oeuvre pour lutter contre la pandémie alors que le président, à son estime, n’a toujours pas été capable d’en présenter un de sérieux. Donald Trump a assuré de son côté que les Etats-Unis disposeraient d’un vaccin d’ici à la fin de l’année, produit par les sociétés Johnson & Johnson ou Pfizer, mais sans pouvoir être plus précis ni plus assertif quand la modératrice lui a demandé les détails de sa mise à disposition des citoyens américains. « C’est la même personne qui nous avait dit que le virus aurait disparu à Pâques, puis à l’été », a ironisé son adversaire démocrate. A Donald Trump qui claironnait que 99, 9 % des personnes infectées se remettent de la maladie à son image, Joe Biden a rétorqué : « On append à vivre avec (le virus). On apprend à mourir avec. Il est dangereux. Qu’est-ce que vous dites ? Il est toujours dangereux« .

Elections USA: Trump domine le dernier débat, mais ne déstabilise pas Biden (analyse)
© AFP

On le voit. Le vice-président démocrate n’a pas manqué de vivacité pour contrer les attaques de Donald Trump. Il l’a contraint à se dédire sur sa médication à l’eau de javel qu’il avait envisagée pour lutter contre le Covid-19 : « Je plaisantais sur la javel », a lâché le président. Joe Biden a à nouveau mis en cause l’honnêteté de son rival en matière d’impôts (Trump a promis que sa déclaration serait rendue publique au terme d’un audit sans donner de date). Il a questionné sa relation supposée ambiguë avec la Chine où le président aurait eu un compte en banque, et avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un (« Un voyou »). Enfin, il s’est interrogé sur sa loyauté à l’égard des institutions américaines après des informations faisant état de nouvelles ingérences étrangères dans l’élection du 3 novembre, de la part de la Russie et également de l’Iran (« Si je suis élu, la Russie, la Chine et l’Iran, en payeront le prix », a assuré Joe Biden).

En définitive, si la dernière confrontation en présentiel entre les deux candidats avant l’échéance fatidique du 3 novembre s’est terminée sur un léger avantage pour Donald Trump par la détermination qu’il a affichée, elle ne marquera cependant pas un tournant majeur dans la campagne. Il en faudra sans doute plus au Président sortant pour espérer être réélu.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire