© Reuters

L’Europe a 60 ans: le pire est derrière elle ?

Le Vif

L’Union européenne (UE) fête samedi ses 60 ans au pire moment sans doute de son existence. Mais son avenir s’annonce sous de meilleures auspices, veut croire Birgid Laffan, Irlandaise, et directrice du Centre d’études avancées Robert Schuman auprès de l’Institut universitaire européen de Florence en Italie.

L’Europe en 60 ans semble être passée de projet porteur d’avenir à institution responsable de tous les maux du continent, que s’est-il passé ?

Deux choses, la première c’est que l’UE est devenue une institution plus puissante ayant un impact beaucoup plus important sur les Etats qui la composent. Deuxièmement, à cause de la grande récession. La crise financière globale a vraiment testé la capacité de l’Europe à rester unie, et juste au moment où l’UE sortait de cette crise, au moins de sa phase la plus aigüe, elle a été frappée par la crise des migrants.

Les citoyens boudent l’Europe, voire s’en méfient, qui est responsable de ce désamour ?

Les responsabilités sont très partagées. Les institutions européennes, Bruxelles… Mais les gouvernements doivent aussi prendre leur responsabilité par rapport à ce qu’ils font à Bruxelles, et le plus souvent ils ne le font pas. Ajouté à cela, vous avez une vague populiste et de partis anti-européens et anti-migrants, et c’est dévastateur. C’est du populisme, de la politique facile et accuser l’UE est la plus simple de toutes les politiques.

L’intégration européenne doit beaucoup au couple franco-allemand, qui semble aujourd’hui totalement en panne. Peut-il être relancé ?

La relation franco-allemande est la plus importante dans l’UE, le moteur de l’intégration et aujourd’hui, il semble qu’il y ait du mauvais pétrole dans ce moteur. Les deux pays doivent changer. La France doit devenir sérieurse quand elle parle de réformes, elle ne survivra pas sans cela. Et l’Allemagne, dans sa façon de gérer la crise, était beaucoup trop attachée à un modèle d’austérité, à un modèle de coupes budgétaires, imposant des ajustements aux autres pays. Mais je pense que l’année 2017 sera très importante pour l’UE et que ce sera une bonne année.

Si quelqu’un comme (le centriste Emmanuel) Macron est élu (président) en France et s’il y a un changement dans la politique intérieure allemande, alors il y aura un nouveau « deal » possible entre la France et l’Allemagne.

Et si Marine Le Pen (cheffe du parti d’extrême droite Front national, anti-euro) gagne l’élection présidentielle en France au mois de mai ?

Si cela se produit, je pense que l’UE fera face à un avenir impossible. Mais je ne pense pas qu’elle gagnera. L’un des impacts du Brexit c’est que les gens sur le continent et dans d’autres Etats membres commencent à réaliser que nous pouvons aussi perdre beaucoup si l’Europe se désintègre.

Quel autre impact aura le Brexit ?

C’est un énorme défi pour l’UE. Mais elle peut survivre au Brexit. En revanche, je ne suis pas sûre que le Royaume-uni survive lui au Brexit, je pense que cela va se terminer avec un royaume désuni et un coût énorme pour les Britanniques.

Sans la Grande-Bretagne, l’Europe peut aller plus vite ?

Je ne vois pas de transformation radicale de l’UE parce que ça ne fonctionne pas comme ça. Mais je pense qu’une fois passées toutes les élections de 2017 avec un paysage politique différent en Europe, ce que nous verrons est ce que j’appelle un élan réformiste. En d’autres termes, un mouvement qui va s’accélérer et mettre l’Europe davantage à l’abri.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire