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Italie : journée de grève contre les plans d’austérité

En Italie se déroule ce mardi une grève nationale contre le plan d’austérité présenté par le gouvernement le 12 août et qui doit être voté par le Parlement en ce début septembre. Au lendemain de la fin de la grève des footballeurs italiens, la CGIL (Confédération Générale Italienne du Travail) lance un appel national à la grève pour protester contre les mesures prises par le gouvernement italien pour réagir à la crise économique qui frappe le pays.

Des manifestations ont lieu dans plusieurs grandes villes, ce qui a produit un mouvement d’une ampleur considérable mais qui reste très bon enfant. Les cortèges avancent dans les différentes villes sous le soleil, munis de pancartes aux couleurs du CGIL et de ballons rouges. Le départ était fixé à 9h00 ce matin et des dizaines de milliers de personnes manifestent maintenant dans les plus grandes villes : Rome, Florence, Bologne, Gênes, Naples, Turin, pour n’en citer que quelques-unes. Les organisateurs soulignent que le nombre de personnes présentes dépasse les prédictions faites et que si les raisons de la présence des gens dans la rue sont multiples, le sens de communauté qui s’en dégage est la preuve qu’une identité commune se reconstruit. A Venise, les acteurs, réalisateurs et scénaristes présents à la Mostra se sont joints à la manifestation.

Le mouvement a été suivi unanimement par les Italiens, car il arrive à point nommé dans un contexte tendu entre le peuple des travailleurs et le gouvernement. Il représente le ras-le-bol des travailleurs qui voient leur situation se dégrader sans aucune amélioration pour le pays en retour.

En juillet, le gouvernement avait bâti un premier plan d’austérité pour calmer les marchés, qui s’affolaient malgré toutes les déclarations du gouvernement soutenant que la situation de l’Italie n’avait rien en commun avec celles de la Grèce, du Portugal ou de l’Espagne. Celui -ci présentait des mesures jamais vues, visant à économiser un total de 48 milliards d’euros sur trois ans. S’y trouvaient des augmentations du cout des prestations santé et visites médicales, l’augmentation de l’âge du départ à la retraite, la suppression de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires, etc. Pourtant, devant la nécessité de réagir face à la crise, les partis et syndicats avaient mis leurs divergences de côté pour former une unité nationale et approuver le plan mi-juillet. La CGIL, plus grande organisation syndicale du pays, avait signé un accord avec la CISL, la UIL et la Confindustria (le syndicat patronal), restaurant ainsi l’unité syndicale brisée depuis 2009.

Le 20 juillet, la Bourse de Milan s’effondre malgré les mesures sévères juste adoptées, démontrant par là que les investisseurs attendent plus encore de la part du gouvernement italien. Se réunissent alors à nouveau autour de la table le gouvernement Berlusconi et l’opposition pour tenter de donner forme à un second plan d’austérité aux mesures encore plus drastiques. Il vise cette fois à récupérer 45,5 milliards d’euros sur 2 ans pour parvenir à l’équilibre budgétaire prévu avec Bruxelles en 2013 au lieu de 2014. Il avait également été question d’instaurer une « taxe de solidarité » sur les très hauts revenus (5% à partir de 90.000€/an, 10% à partir de 150.000) mais cela a été abandonné, au grand dam des syndicats. Les mesures restantes incluent des diminutions de réductions d’impôt, la fusion de plusieurs régions et communes et un durcissement sur l’évasion fiscale. Ce plan d’austérité est ce mardi en cours d’examen au Sénat et le gouvernement souhaite le voir voté avant la mi-septembre.

La CGIL a estimé que ces mesures étaient inadaptées et que le pays « ne méritait pas un plan pareil ». Malgré les multiples pressions de gauche et de droite ainsi que des autres syndicats, elle a appelé à la grève ce mardi pendant 8 heures pour relayer le mécontentement des travailleurs envers un plan qu’ils disent injuste et pousser à une modification des mesures prises.

« Si ce n’est pas maintenant, alors quand ? » interroge Susanna Camusso, secrétaire générale de la CGIL. « Lorsqu’on est au bord de l’abîme, il faut faire un pas en arrière.(…) Bien sûr qu’il faut des mesures plus efficaces a-t-elle commenté, mais il faut indiquer lesquelles, et nous, nous les indiquons. » C’est-à-dire : « taxer les très hauts revenus, placer un impôt sur les patrimoines, et rééquilibrer le poids des mesures vers ceux qui ont moins payé que les autres, ou n’ont pas encore payé du tout ». La CGIL demande un changement dans les mesures adoptées, car elle estime que ces dernières vont gravement léser les travailleurs. En effet, un amendement de l’article 18 du Code du Travail qui assouplit les conditions de licenciement a été proposé. S’il était voté définitivement, il deviendrait possible de déroger aux règles du droit du travail, par accord de branche ou même d’entreprise, signé avec les syndicats. L’article 8, qui définit le statut des travailleurs, est aussi en passe d’être amendé.

Au final, la grève de ce mardi dénonce le malaise et la colère de la population, qui se voit appliquer des mesures d’austérité contraignantes sans résultat pour l’économie du pays, mais qui de surcroît ressent une réelle injustice envers la distribution du poids des mesures. Camusso dénonce non pas l’application de mesures de rigueur, qui sont « nécessaires en temps de crise », mais le choix de mesures qui, selon la CGIL, pèsent sur ceux qui sont déjà les plus astreints.

Le Vif.be

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