Anderlecht MINIATURE

Bruno Govers

Depuis près d’un an, l’ancien international est le manager sportif des Coalisés.

Dimitri M’Buyu (40 ans) a paraphé son engagement au FC Brussels le 1er octobre 2004. En principe, une double tâche de scout et de coordinateur des jeunes âgés entre 15 et 20 ans lui était assignée. Mais après quelques semaines à peine, l’ancien international fut promu manager sportif. Un poste qu’il occupe toujours aujourd’hui, à la satisfaction générale.

Dimitri M’Buyu : C’est à la demande du coach de l’époque, Emilio Ferrera, que j’ai embrassé cette nouvelle fonction. Tout restait à défricher au niveau du blé en herbe, mais il y avait surtout urgence au niveau de l’encadrement de la Première. Non seulement en matière de logistique, avec un problème d’aires d’entraînement à solutionner pour ainsi dire chaque jour, mais aussi au niveau sportif dans la mesure où le noyau était loin d’être complet. Comme la période des transferts d’été était révolue, j’ai essentiellement £uvré en fonction du mercato d’hiver, en étroite collaboration avec Johan Vermeersch. Le président s’est attelé au marché non européen, tandis que je me suis focalisé sur la Belgique et l’Europe de l’Est. La raison de cette répartition coule de source : pour avoir été manager au Verbroedering Geel, j’ai été amené à devoir composer avec l’apport de quatre Hongrois originaires du MTK Budapest, avec lequel le club campinois voulait établir une synergie. Un d’entre eux n’était autre que Szoltan Petö, dont j’ai plaidé chaudement la cause auprès de la direction, et qui, après une adaptation difficile, a donné pleinement satisfaction. J’ai usé aussi de toute mon énergie afin qu’Igor De Camargo puisse rallier nos rangs. Il était impayable en début de saison mais à force de persévérance, il a abouti chez nous et nous a rendu de fieffés services. Idem pour ce qui est de Kristof Snelders. Dans un passé plus récent, je suis heureux d’avoir pu me montrer convaincant aussi afin que Steve Colpaert accepte un bail de longue durée. Mon seul regret est de ne pas avoir étendu cette réussite à Alexis Kubilskis, un garçon que je tiens en haute estime. Mais les arguments financiers du Germinal Beerschot étaient à ce point démentiels que la cause était perdue d’avance. Dommage, mais je comprends le point de vue de Johan Vermeersch qui estime qu’avant de payer un joueur rubis sur l’ongle, il doit avoir fait ses preuves. Certains le comprennent bien mais d’autres n’ont pas cette présence d’esprit. Souvent, ils s’en mordent les doigts après coup. Mais c’est une autre histoire.

 » Je ne veux pas coacher  »

Outre votre rôle de manager sportif, vous avez également porté, la saison passée, la casquette de coach, en remplacement d’Emilio Ferrera, l’espace d’une rencontre victorieuse contre le Germinal Beerschot. A votre place, d’autres auraient sans doute persévéré.

Diriger une équipe n’est pas ma tasse de thé. D’ailleurs, je ne possède pas les diplômes requis. Par la force des choses, j’ai été appelé à un moment donné à prendre la relève de Paul Put, au Verbroedering Geel. Mais dans ce contexte déjà, je m’en étais tenu strictement à l’approche tactique, laissant au coach adjoint, la gestion de l’équipe durant les matches. Dans le cas présent, il en est allé strictement de même puisque Frédéric Renotte était chargé de choisir le onze de base et d’y apporter les correctifs en cours de match. Une tâche qu’il avait exécutée à la perfection car c’est contre les banlieusards anversois que nous avons posé les premiers jalons de notre maintien. Par la suite, Robert Waseige nous a menés à bon port en usant de toute sa science footballistique et de ses dons de psychologue. Mais je m’en voudrais de ne pas rendre hommage à Emilio Ferrera. Je reste persuadé que dans tout autre contexte, il aurait survécu même si son bilan chiffré devenait préoccupant. Il n’empêche que s’il avait pu travailler en toute quiétude dans un club de même dimension, jamais il n’aurait connu le même sort. Hugo Broos s’est plaint dans bon nombre d’interviews récentes de la frénésie entourant Anderlecht et ses joueurs. Mais, toutes proportions gardées, il n’en va pas différemment ici. C’est un Anderlecht miniature. Un quarteron de journalistes suit également, quotidiennement, les évolutions de nos joueurs. Et tout est minutieusement rapporté par eux, les bonnes comme les mauvaises choses. J’ai moi-même été professionnel à Lokeren, à Bruges et au Standard. Dans n’importe quel groupe, il se passe toujours quelque chose de répréhensible. Mais quand personne n’est là pour le rapporter, il n’y a jamais de quoi en faire un plat… Par contre, s’il y a une caméra, un appareil photo ou des yeux pour tout fixer, bonjour les dégâts. Cet impact-là a peut-être coûté cher à l’ancien entraîneur. Car il ne se passait guère de journée sans qu’on rapporte un fait divers ayant trait à son soi-disant manque de communication ou à toute autre considération.

Le Brussels ne fait rien comme les autres non plus. Une coupure d’électricité et un président qui menace de jeter ses joueurs à la mer, cela fait désordre, non ?

Le méli-mélo avec la commune de Molenbeek concernant le compteur nous a valu une fameuse contre-publicité. Ses effets se sont d’ailleurs fait ressentir à l’intersaison puisque plusieurs jeunes nous ont quittés, prétextant qu’ils ne savaient trop ce que l’avenir leur réservait au stade Edmond Machtens. C’est regrettable car il y avait là des éléments promis à une trajectoire intéressante comme Cedric Baes, recruté par La Gantoise. L’un des objectifs, cette année, sera d’éviter ce genre de remous afin de vivre à la fois une saison sans problème. Pour ce qui est des mots durs de Johan Vermeersch, à Ostende, à l’analyse, ils ont peut-être eu le même impact que notre fameuse victoire face au Germinal Beerschot. Ce soir-là, la plupart des joueurs ont cru trop facilement qu’ils n’auraient qu’à paraître pour gagner. Ils ont reçu une fameuse leçon d’humilité de la part des Côtiers. En tant que dirigeant, il n’était pas pensable de cautionner un tel laisser-aller. Certains auraient exposé leurs griefs dans l’intimité du vestiaire mais le président a préféré tout déballer sur la place publique. Une fois encore, je ne sais si les mêmes propos, formulés par le président de Westerlo ou de Saint-Trond auraient eu le même impact. L’histoire a sans doute fait jaser et il est probable que quelques-uns ont ri sous cape. Mais, le club a probablement réussi son opération maintien grâce à l’intervention verbale musclée de son principal décideur. Cette gueulante-là a été notre salut.

 » Le football belge est faible  »

Johan Vermeersch n’est pas facile à vivre mais ce constat ne vaut manifestement pas pour vous.

Il ne m’aurait probablement pas engagé si je n’avais pas épousé le même jugement que lui sur un certain nombre de points. Nous sommes tous les deux d’accord, par exemple, sur l’importance d’une bonne école des jeunes ainsi que d’un suivi adéquat à ce niveau. Il faut s’en faire une raison : notre football est très faible. Il ne soutient pas la comparaison avec ce qui se fait chez ses voisins, qu’il s’agisse des Pays-Bas, de la France ou de l’Allemagne. Pour faire bonne figure, la plupart des clubs sont obligés de recruter, le plus souvent à l’Est, des joueurs bon marché qui n’apportent pas de plus-value par rapport aux étrangers d’autrefois. Il y a donc tout intérêt à former nos jeunes dans les meilleures conditions et on s’y attelle petit à petit. L’année passée, il y avait déjà une demi-douzaine de jeunes dans le noyau et on en dénombrera huit cette fois-ci. A mesure que les années passeront, le projet est de puiser tant et plus dans ce vivier. Pour le moment, vu la jeune histoire du club, cette relève n’est pas encore prête. Nous devons la compléter par des joueurs aguerris. La saison passée, il y a eu maldonne dans certains choix, en raison d’une certaine précipitation. Cette fois, tout porte à penser que la quête sera plus heureuse. A cet égard, nous faisons pleinement confiance au nouvel entraîneur, Albert Cartier. Celui-ci avait bien ciblé ses priorités à La Louvière, où il avait eu la main heureuse avec des garçons qui sont devenus d’authentiques révélations, comme Mario Espartero, que nous espérons toujours recruter, ou Fadel Brahami. Nous lui avons donné carte blanche aussi et, jusqu’à présent, les joueurs qui ont convergé vers nous sont de bonnes surprises. Comme Alex Clement, un roc d’Amiens, un inconnu mais une belle opportunité aux dires de Cartier. En France, pas moins de 600 joueurs se retrouvent sur le carreau avec bien des éléments valables.

Quelles étaient vos priorités ?

Il fallait d’abord un coach qui mette nos idées en musique. Cartier est l’homme tout trouvé car il a cette faculté de prôner à la fois un jeu intéressant et académique, tout en veillant à l’incorporation des jeunes. Avec lui, nous jouerons 20 mètres plus haut que par le passé et le ballon progressera par paliers plutôt que par de longs services à suivre. Pour faire bonne figure, nous avions besoin également de leaders. La saison passée, il n’y avait que le seul Richard Culek pour mériter cette dénomination et, dans sa foulée, Alan Haydock. C’était trop peu pour une équipe jouant le maintien. Une personnalité manquait en défense, notamment, puisque nous ne sommes quasiment jamais parvenus à tenir le zéro au marquoir. Bertrand Crasson aurait dû être ce joueur-là mais pour un tas de facteurs, liés aussi bien au choix de l’entraîneur qu’à la fin de carrière du joueur, nous sommes restés sur notre faim. Aujourd’hui, nous sommes mieux parés dans ce secteur. Non seulement avec Clement mais aussi avec Sofiane Zaaboub, qui a laissé une très bonne impression.

Quel sera l’objectif du club ?

Progresser de quelques crans. Je ne sais si nous serons déjà en mesure de terminer dans la première partie du tableau mais une position dans la moitié supérieure de la deuxième colonne doit être dans nos cordes. Chemin faisant, nous tenterons de donner du temps de jeu aux plus jeunes. Je songe à Gert-Jan Martens ou à Kristoffer Andersen. L’important sera de ne pas rater notre entrée en matière, malgré un programme difficile : au cours des cinq premières journées, nous rencontrerons le Club Bruges, Lokeren et Charleroi. Autrement dit des clubs aux prétentions européennes. Il s’agira de grappiller des points contre eux, malgré tout. La saison passée, nous avions été indigents à domicile. Avec quelques points supplémentaires chez nous, jamais nous n’aurions été mêlés à la lutte pour le maintien. C’est une leçon à méditer.

Bruno Govers

 » Avec Albert Cartier, nous jouerons 20 mètres PLUS HAUT  »

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