Anne-Sophie Bailly

Agressions sexuelles | Trois rappels utiles avant de débattre de Gérard Depardieu

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Gérard Depardieu doit répondre d’accusations d’agressions sexuelles. Il a été placé en garde à vue. Trois rappels utiles avant d’entamer le débat.

Le placement en garde à vue de l’acteur français Gérard Depardieu, le 29 avril, qui doit répondre d’accusations d’agressions sexuelles portées par deux femmes lors de deux tournages distincts, va sans aucun doute relancer les débats polarisés entourant chaque plainte à l’encontre de l’homme, au même titre que chaque divulgation de ses comportements déviants. A l’instar de ceux qui ont divisé la société française après la diffusion d’images montrant le comédien prononçant des propos immondes au sujet d’une fillette et multiplier les allusions sexuelles à l’égard d’une traductrice lors d’un voyage en Corée du Nord. La diffusion de cette émission avait été suivie des incompréhensibles défenses de l’acteur par Emmanuel Macron ainsi que par un collectif de personnalités du monde de la culture.

C’est pourquoi quelques rappels salutaires s’imposent. Des rappels pourtant évidents mais qui ont visiblement été oubliés lors de la séquence précédente.
Un. La justice française ne convoque pas ici un acteur, une carrière artistique, une aura internationale. Ce ne sont ni Obelix ni Cyrano qui se sont rendus dans les locaux de la police judiciaire parisienne. On a placé en garde à vue un homme pour agression sexuelle.

Ni Obelix ni Cyrano n’ont été placés en garde à vue. Mais un homme accusé d’agression sexuelle.


Deux. On ne disserte pas sur une société ou une époque. Celles d’avant dont on dit qu’elles étaient empreintes d’autres repères et d’autres normes. C’est vrai que les choses ont changé. Que ce qu’on cachait hier sous une chape de silence est aujourd’hui dénoncé ou porté devant la justice. Que l’omerta et la complaisance pour l’entre-soi ne peuvent plus être acceptées. Qu’aujourd’hui encore, seuls 10% des femmes victimes de viol portent plainte. Mais qu’importe, on ne remet pas en contexte, on enquête sur le comportement d’un homme accusé de viols.

Trois. On ne procède pas à un lynchage. On ne tient pas un tribunal médiatique. En revanche, on rappelle qu’au moins seize femmes accusent un même homme de violences sexistes et sexuelles. Que celui-ci est mis en examen depuis 2020 pour viols et agressions sexuelles. Que ces procédures judiciaires constituent des faits et non une chasse à l’homme.
Merci de prendre en compte tous ces éléments avant de se lancer dans un débat sur Gérard Depardieu.

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