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Le bouleau omniprésent dans l’air: le calendrier des pollens les plus redoutables pour les allergies

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

La saison a débuté avec l’aulne et le noisetier, conformément au calendrier des allergies. C’est à présent au tour du bouleau. Début avril, la présence de pollen de bouleau dans l’air a dépassé les 2.000 grains par mètre cube. Soit une valeur plus de dix fois supérieure à l’an dernier.

Les «chatons» ont pris leur envol. Les picotements au nez et aux yeux ne vont pas tarder. Les premiers pollens de l’année ont été détectés dès janvier par le Réseau Belge de Surveillance Aérobiologique (AirAllergy.be). Pour le noisetier et l’aulne, le pic a pris fin. Viennent ensuite l’if et les cupressacées, suivis du peuplier, du saule, du frêne, etc.

Les premiers bouleaux, hautement allergènes, ont commencé à fleurir dès la mi-mars, indique AirAllergy.be. C’est plus tôt que les autres années. Selon l’Institut royal météorologique de Belgique (IRM), qui donne également les prévisions pour les pollens, le seuil critique pourrait déjà être atteint dans les prochains jours. La saison pollinique des graminées, responsable du rhume des foins, s’annonce également en avance. C’est le cladosporium, un type de moisissure allergisante, qui boucle la saison à la mi-octobre.

C’est ce qu’on apprend du calendrier pollénique. Cet outil de référence permet non seulement de présumer quel est l’allergène qui fait tousser, pleurer et éternuer (seuls des tests cutanés et/ou sanguins permettent d’en avoir le coeur net), mais également de planifier le traitement de désensibilisation. Ou, à tout le moins, d’anticiper les périodes durant lesquelles la concentration de pollens et de graminées dans l’air sera la plus dense.

Le calendrier des allergies est établi sur la base des valeurs moyennes observées au cours des dix dernières années depuis la station de référence, basée à Bruxelles. « C’est la station qui présente le mieux la diversité de pollens dans le pays. Comme c’est aussi la plus ancienne (1982). Elle fournit les données les plus complètes à l’échelle climatique. Car pour évaluer le changement, il faut au moins trente années de recul« , explique Nicolas Bruffaerts, collaborateur scientifique au service de Mycologie et Aérobiologie de Sciensano.

De fait, décrit l’expert, « on a observé, au cours des trente dernières années, une augmentation des taux saisonniers moyens pour toute une série d’arbres allergisants. Ces modifications ne sont pas forcément observées chaque année mais on constate tout de même une tendance ». C’est par exemple le cas du bouleau, qui n’est pas l’arbre le plus courant en Belgique mais bien celui qui produit le plus de pollen en quantité absolue par individu.

Cycles perturbés

Les experts de Sciensano observent également une perturbation du cycle de production. Selon cette horloge propre à l’arbre, une année riche en pollen est souvent suivie de période de dormance durant laquelle sa production est plus faible. Chaque arbre a son propre rythme, c’est ce qui explique pourquoi certaines années sont très pénibles pour les personnes allergiques à certaines espèces, et d’autres moins. Evidemment, la météo joue elle aussi un rôle important dans la sévérité des symptômes ressentis.

« Pour le chêne, par exemple, on constate une perturbation de ce cycle. La période de dormance, qui est habituellement de trois ou quatre ans après une année de forte production, est de plus en plus courte. Pour 2021, on a enregistré une année record. De même que pour 2022. Ce qui est surprenant étant donné que l’arbre aurait dû être en dormance ».

Ces mouvements dans le timing des allergies ne concernent pas que le bouleau. Des variations sont également observées pour l’aulne, le noisetier et les graminées, dont le potentiel allergisant est le plus élevé. La saison des graminées a tendance a débuter beaucoup plus tôt qu’avant pour ne se terminer qu’un peu plus tôt. De sorte que la durée totale s’en trouve allongée. Des variations qui ne sont pas sans conséquences pour les individus qui souffrent d’allergies croisées puisque le risque que certaines se chevauchent pourrait croître au fil des ans.

Platane et ambroisie sous surveillance

Il est tout à fait possible que d’autres espèces allergisantes viennent s’ajouter à l’avenir aux 21 actuellement reprises dans le tableau que publie Sciensano. Ou que celles-ci deviennent un point d’attention plus important pour la cellule de surveillance. C’est le cas pour le platane, une espèce méditerranéenne dont les pollens sont allergisants, qui a été introduit dans nos régions. Un arbre qu’il faudra surveiller de plus près si le climat belge se rapproche du climat méditerrannéen, annonce Nicolas Bruffaerts.

Egalement introduite en Europe, l’ambroisie est réputée hautement allergisante pour l’homme. C’est aussi une espèce très invasive. « Nous avons identifié quelques foyers en Belgique. La situation reste sous contrôle mais les premiers effets de cette prolifération pourraient être observés dans l’air d’ici peu ».

L’ambroisie © iStock

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