Carte blanche
Covid: le rôle du gouvernement n’est plus d’imposer mais de proposer de nouvelles stratégies (carte blanche)
Après près de deux ans d’urgence, il serait temps que les autorités passent à un autre modèle de gestion, selon Aryan Afzalian, Nour de San et Martin Zizi. « La vaccination ne peut s’envisager que sur la base du consentement libre et éclairé », estiment ces trois spécialistes.
Depuis plus de 22 mois, nous avons appris à vivre comme les variables d’ajustement d’une politique d’urgence sanitaire, censée par définition être éphémère, sans en évaluer correctement les coûts et les bénéfices. Après près de deux ans, nous pensons qu’il est urgent de trouver des solutions plus rationnelles et proportionnées à cette crise.1
Nous sommes convaincus que la plupart de nos concitoyens sont responsables et minimiseront leurs risques et ceux des personnes vulnérables qui les entourent si des mesures adéquates leur sont proposées librement. Nous pensons que la responsabilisation et la confiance sont plus efficaces et obtiendront plus d’adhésion que l’obligation, car elles permettent à chacun de réagir de manière proportionnée et d’adapter les mesures à leur situation propre. Le plan top-down seul, et qui ne s’appuie pas sur une importante contrepartie initiée de type bottom-up fait penser à du micro-management, bien connu pour être contre-productif. Un tel plan ne peut bien fonctionner sur le long terme, ni apporter une qualité de vie satisfaisante car il ne respecte pas les libertés individuelles, le libre arbitre et l’autonomie, bases indispensables à l’épanouissement et à la vie des personnes, ce qui fait partie intégrante de la santé telle que définie par l’OMS, dans une société évoluée.
Nous pensons qu’aujourd’hui, le rôle du gouvernement n’est plus d’imposer mais de proposer pour que chacun puisse choisir librement et avoir la possibilité de se confiner chez lui, de télétravailler, de porter un masque, de se faire vacciner mais uniquement s’il le désire. Il y a d’autres mesures que nous pensons au moins aussi importantes et qui nous permettraient de bien mieux vivre avec le virus. Ces mesures ne nous semblent pas ou trop peu développées et devraient urgemment être mise en oeuvre :
Nous pensons à la ventilation en intérieur et si nécessaire la filtration de l’air, le renforcement structurel des hôpitaux, le traitement ambulatoire précoce, une véritable politique et campagne de sensibilisation à la santé publique et de prévention, et aussi des mesures ciblées sur les personnes les plus à risque avec par exemple un service d’aide à la distribution des courses à domicile pour les plus fragiles en période de recrudescence épidémique.
Le recul montre que les pays qui ont immédiatement fermés leurs frontières et ainsi empêché la propagation du virus ont pu éviter ou limiter la première vague. Quand le virus circule déjà fortement, comme c’est le cas aujourd’hui, ou comme ce fut le cas pour le confinement de novembre 2020 pris après le pic épidémique, il semble qu’implémenter des mesures moins strictes comme le télétravail, la quarantaine en cas de symptômes, recommander aux citoyens d’être prudents et de respecter les gestes barrière – ce qu’ils ont tendance à faire naturellement en cas de pic épidémique – pourrait être aussi efficace et moins pénible et coûteux que d’imposer des mesures plus strictes pour tous comme le confinement obligatoire.2
Les personnes qui sont le plus impactées par les mesures de fermetures sélectives et les confinements sont principalement celles, plus jeunes, qui n’ont rien à craindre du virus. Il est bien établi que la maladie touche beaucoup plus sévèrement les personnes âgées (moyennes d’âge des décès typiquement supérieure à 82 ans) et avec de sérieuses comorbidités.3 Leur facteur de risque est typiquement 1000 fois supérieurs aux personnes dites non-à-risque, qui elles sont très peu impactées. Les données du CDC américain reportent que 90% des personnes hospitalisées, 97% des patients en soins intensifs et 98 % des personnes décédées avaient au moins un et le plus souvent plusieurs facteurs de risques préalables. Selon un rapport de l’Institut supérieur de la santé italien, il apparaît que 97,1 % des personnes décédées du Covid présentaient déjà entre une et cinq comorbidités.
Il semble donc raisonnable de penser que prendre soin de sa santé et de son immunité sont très importants et efficaces pour réduire le risque de forme grave du Covid et nous ne comprenons pas comment après près de deux 2 ans, une véritable politique et campagne de sensibilisation à la santé publique et de prévention n’ont toujours pas été mises en place. D’autant plus que ceci aurait un impact important pour d’autres maladies comme les maladies cardiovasculaires, et les cancers qui représentent la majorité des hospitalisations et des décès. Nous rappelons par ailleurs que, pour l’année 2020 en France, le poids des patients Covid dans l’activité hospitalière a été de 2 à 4 %, calculés en nombre d’admissions ou de jours d’hospitalisations respectivement, et que le Covid n’est que le révélateur d’un problème structurel des hôpitaux décrié depuis de nombreuses années par le personnel soignant. Il nous semble qu’il serait grand temps de s’en occuper et de le régler autrement qu’en privant les citoyens de leur droits et libertés fondamentales et en masquant, maintenant, même les enfants dès six ans pour une maladie qui ne les concerne pas.4
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Aucun masque (ou aucune autre mesure telle que le CST ou même le CST+) ne peut s’approcher de l’efficacité d’une aération ou ventilation suffisante, qui supprime plus de 95 à 99% des contaminations, technique en fait simple à mettre en oeuvre, non-discriminatoire et peu couteuse comparée à toutes les alternatives. Comment expliquer la lenteur de sa mise en oeuvre, alors qu’elle aurait déjà pu sauver de nombreuses vies et permettre un retour à une vie plus normale pour tous ?
Si le vaccin réduit le risque de forme grave du Covid, il ne le supprime pas. Durant le dernier pic épidémique, plus de 2/3 des hospitalisations en USI étaient des personnes complètement vaccinées.5 S’acharner sur le faible pourcentage restant de la population pour la contraindre à se faire vacciner contre son gré ne changera pas fondamentalement la situation, d’autant plus sur les personnes non-à-risques. Cela ne peut servir d’excuse pour cacher le fait que notre système hospitalier souffre du manque de volonté politique d’investissement et du fait d’avoir découragé le traitement ambulatoire précoce. Même si nous n’avons pas de traitement absolu contre le virus, il existe de nombreux protocoles pour en atténuer les symptômes. Ce sont ces complications et pas directement le virus qui tuent et traiter pour les atténuer ou les prévenir rapidement réduit donc les formes graves et les décès.6
Il faut environ 3 semaines pour que le vaccin soit effectif et différentes études montrent que le risque d’attraper le Covid augmente d’au moins 40 % durant cette période, ce qui pourrait être lié à un risque d’immunosuppression temporaire.7 C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles on ne vaccine normalement pas en période épidémique. Les vaccins sont peu efficaces pour bloquer la transmission. Leur efficacité diminue de façon significative après environ 20 semaines après la seconde dose, et après 10 semaines pour la 3è dose et le variant Omicron.
Bien que certains continuent à soutenir qu’il participerait à affaiblir les chaînes de transmission, cet effet ne se rencontre pas dans la vie réelle.8 La théorie qui s’impose et s’observe aujourd’hui sur les variants est qu’une vaccination générale peu efficace contre la transmission, combinée avec un virus qui mute rapidement, produit une pression de sélection qui force l’émergence de formes résistantes du virus aux vaccins actuels.9 Dans ce cas, la véritable action solidaire consisterait à réserver l’efficacité des vaccins anti-Covid aux populations les plus faibles. Pour les populations non à risque, l’infection procurerait l’avantage d’une immunité plus large – donc plus robuste aux mutations du virus – et durable.10 Omicron plus contagieux, montre pour l’instant un taux d’hospitalisation et une mortalité très faible justifiant d’autant plus cette stratégie.11
Au niveau éthique, le choix de la vaccination doit se faire en tenant compte de la balance bénéfice-risque individuelle. Or, si les bénéfices sur la durée se découvrent au fur et à mesure, nous connaissons encore moins les effets indésirables à long terme des vaccins du Covid. Il faut parfois de nombreuses années avant d’identifier un problème. Par exemple, une inflammation des parois endothéliales du système cardiovasculaire liée à la protéine de spike du vaccin en circulation pourrait augmenter le risque de problèmes cardiaques à 3 ou 5 ans12 ou la vaccination pourrait affecter l’immunité de telle sorte à augmenter la susceptibilité au Covid ou à d’autres maladies à long terme.13
Sur les effets à court terme, même s’ils sont rares, on sait déjà d’après les données de pharmacovigilance qu’après chaque injection au moins une personne tous les quelques milliers a des effets secondaires graves impliquant une hospitalisation, des mises en jeu du pronostic vital, des séquelles ou des décès. Ceci concerne en Belgique plus de 2600 personnes.14 Bien que tous ces cas ne soient pas nécessairement liés au vaccin, il est bien connu que seulement quelques % des effets graves sont déclarés via la pharmacovigilance car c’est un système passif. Pour les myocardites ou les chocs anaphylactiques, des effets indésirables pourtant bien identifiés de ces vaccins du Covid, les études de suivi actif montrent une incidence de 1 sur 3000 à 1 sur 6000 à comparer aux chiffres de pharmacovigilance typiquement reportés dans les médias de 1 sur 50.000 à 1 sur 200.000.15
La balance bénéfice – risque est donc douteuse, surtout pour les populations les moins à risques comme les jeunes16 et les personnes déjà immunisées.10 Dans ces conditions, la seule solution éthique et proportionnée possible, conformément à toutes les réglementations internationales et droits fondamentaux des personnes est le consentement libre et éclairé.
Dr Aryan Afzalian
Docteur en Sciences Appliquées, spécialisé en Physique de l’état solide, modélisation quantique atomistique et nano-, opto- et bioélectronique.
Dr Nour de San
Consultante indépendante. Docteur en médecine, spécialisée en biologie clinique (immunologie et microbiologie), anciennement responsable de la gestion des risques en découvertes et développement de l’unité Vaccine de GSK. Chargée de mission en support à la gestion de la crise COVID à l’hôpital Erasme d’avril 2020 à mai 2021.
Prof Dr Martin Zizi
MD-PhD, Biophysique Moléculaire, Hygiène et Santé Publique, Ex- Directeur Epidémiologie et Biostat, ex-Inspecteur Biodéfense ONU, ex-Directeur Scientifique au département Défense, ex-président de Comité d’Ethique.
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