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« Misères d’hiver », un faux marché de Noël dénonce la crise de l’accueil

Installés au pied de la Tour des Finances, le marché de Noël alerte les pouvoirs publics quant à la crise de l’accueil des réfugiés.

Le CIRE, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, Médecins du Monde, la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés, le Samusocial et plusieurs barreaux d’avocats se sont associés pour organiser jeudi midi un marché de Noël parodique. Devant les cabinets ministériels de la Tour des Finances, ils dénoncent la crise de l’accueil. Les représentants des différents cultes du pays et le Centre d’Action Laïque (CAL) se sont également joints à l’action.

Les différentes associations se sont rassemblées devant la Tour des Finances, qui regroupe les cabinets des Vice-Premiers ministres Vincent Van Quickenborne (Open VLD), Petra De Sutter (Groen) et Georges Gilkinet (Ecolo). « L’idée, c’est d’interpeller tout le gouvernement », explique Marie Doutrepont, avocate pour Progress Lawyers Network. « Ce n’est pas une crise de l’accueil, c’est une crise de volonté politique. On est face à une crise humanitaire majeure. Il est vraiment temps qu’on la traite comme telle », poursuit-elle. « On exige un réel accueil. On demande à nos ministres de bien vouloir respecter les bases de notre démocratie, de notre État de droit ». 

« Misères d’hiver »

Intitulé « Misères d’hiver », ce faux marché de Noël a pour but d’offrir des repas aux demandeurs d’asile, ou encore d’effectuer une grande collecte de dons. Cet évènement est organisé pour rappeler que de nombreux demandeurs d’asile vivent dans des conditions difficiles, dans les rues de Bruxelles ou dans des squats insalubres. 

Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées, selon les organisateurs de l’évènement. Des pancartes avec des messages comme « Refugees Welcome » étaient brandies par la foule et des musiques de Noël ont été diffusées depuis une enceinte. Des chants de Noël réécrits avec les noms des différents ministres ont également été chantés par la foule. Différentes prises de parole étaient également prévues. 

Le rassemblement prend d’autant plus d’importance à l’approche des fêtes de fin d’année. « On va tous fêter le réveillon en famille, acheter des cadeaux de Noël et en attendant, il y a des milliers de personnes qui dorment soit dans la rue, soit dans des squats insalubres », déplore Marie Doutrepont. « Ce n’est pas parce qu’on ne les voit pas, qu’ils ne sont pas là », conclut-elle.

Une « carte de vœux » aux Vice-Premiers

Les organisateurs vont également remettre une « carte de vœux » aux Vice-Premiers ministres avec des mesures concrètes à mettre en place. « C’est incroyable que les présidents de partis disent qu’ils ne peuvent pas. Le problème était d’abord un problème de bâtiments et maintenant de personnel. Après ce sera quoi ? », s’est indigné Alexis Deswaef, co-président de la Plateforme citoyenne.

Les représentants belges des différents cultes se sont également exprimés sur la situation. 

« Le Premier ministre affirme que plus personne ne dort à la rue. Il suffit de se promener un peu dans les rues de Bruxelles pour se rendre compte que c’est faux. Les solutions sont assez simples et ne coûtent rien. Le plus important c’est un peu de volonté politique », a conclu l’avocate Selma Benkhelifa, également membre de Progressive Lawyers Network.

L’aile gauche de la majorité réclame des dispositions supplémentaires

L’aile gauche de la coalition Vivaldi a réclamé, jeudi en séance plénière de la Chambre, des dispositions supplémentaires afin de garantir l’accueil des demandeurs d’asile du le territoire belge.

Le PS, par la voix d’Hervé Rigot, a ainsi annoncé le dépôt d’une résolution par laquelle il demande le déclenchement de la phase d’urgence fédérale. Côté écologiste, Eva Platteau (Groen) a suggéré d’accorder aux Afghans un statut de protection temporaire, à l’instar de ce qui se fait pour les réfugiés ukrainiens. Dans leur réponse, le Premier ministre Alexander De Croo et la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Nicole de Moor ont défendu la politique menée. « Le réseau Fedasil compte plus de 30.000 places d’accueil, soit plus que lors de la crise de 2015 », a souligné M. De Croo. « Jamais nous ne pourrons régler tout tout seuls », a-t-il ajouté, appelant à une « meilleure coopération européenne ». « Mais je ne me cache pas derrière l’argument de l’Europe. La responsabilité est collective. »  Nicole de Moor a de son côté indiqué que de premiers demandeurs d’asile occupant le bâtiment de la rue des Palais à Schaerbeek ont reçu une invitation à rejoindre le réseau d’accueil de Fedasil. Un poste médical a en outre été installé sur place par la Croix-Rouge. Désormais, « nous pouvons donner un abri à tous ceux qui dorment dans la rue. Or, tous n’acceptent pas cette offre », a par ailleurs souligné la secrétaire d’État. Plus tard dans la journée, le cabinet de la secrétaire d’État a précisé qu’un « premier groupe » de 23 personnes logeant dans le squat de la rue des Palais avait été « invité » mercredi à rejoindre le réseau d’accueil Fedasil, ce à quoi ces personnes ont normalement droit (si elles sont demandeurs d’asile). Seules neuf personnes parmi ce groupe sont entre-temps dans un centre Fedasil, précise le cabinet. Plusieurs centaines logent à la rue des Palais dans un bâtiment qui n’est pas fait pour, et les associations alertent depuis des semaines sur la résurgence de maladies comme la gale et la diphtérie dans cette population forcée de loger dans des conditions insalubres.  Le cabinet de Nicole de Moor indique que Fedasil va procéder « par étapes », car il faut « conserver suffisamment de places pour les familles et mineurs d’âge qui arrivent et que l’on accueille en priorité ». Pour rappel, l’État belge a été condamné à de nombreuses reprises pour manquement à ses obligations de fournir un accueil décent aux personnes qui ont introduit une demande d’asile.  Depuis l’opposition, Vanessa Matz (Les Engagés) s’est demandée comment les socialistes et les écologistes pouvaient maintenir leur confiance.

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