Un homme passe devant des bâtiments effondrés à Hatay, en Turquie. © Burak Kara/Getty Images

Séisme en Turquie et en Syrie: plus de 7 300 morts, la Belgique envoie une équipe de soins d’urgence

Les secouristes recherchent toujours des rescapés mardi au lendemain du puissant séisme dont le bilan, en constante aggravation, dépasse désormais les 5.000 morts en Turquie et en Syrie, une véritable course contre la montre et le froid glacial. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré l’état d’urgence dans les dix provinces turques touchées.

Vingt-trois millions de personnes sont « potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables », a averti l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a promis son soutien. L’OMS avait auparavant dit redouter « des bilans huit fois plus élevés que les nombres initiaux ». Le séisme, d’une magnitude de 7,8, est survenu lundi à 04H17 locales (01H17 GMT) dans le Sud-Est de la Turquie et a été ressenti jusqu’au Liban, à Chypre et dans le Nord de l’Irak.

Il a été suivi de pas moins de 185 répliques dont l’une de 7,5 lundi à la mi-journée et une autre de 5,5 mardi avant l’aube. C’est le pire séisme en Turquie depuis celui du 17 août 1999 qui avait tué 17.000 personnes dont un millier à Istanbul.

L’aide internationale commence à arriver mardi en Turquie où un deuil national a été décrété pour sept jours. Le bilan en Turquie du puissant séisme qui a secoué le sud-est du pays s’est alourdi à 5.434 morts mardi, selon l’Afad, organisme officiel de secours turc. En Syrie, 1.872 morts ont pour l’instant été recensés, soit un total de 7.306. Le mauvais temps complique la tâche des secours et rend le sort des rescapés plus amer encore, grelottant sous des tentes ou autour de braseros improvisés. Profondément meurtrie, la région turque de Kahramanmaras (Sud-Est), difficile d’accès, est ensevelie sous la neige.

Le bilan devrait « grimper considérablement car des centaines de personnes restent piégées sous les décombres », selon les Casques blancs (volontaires de la protection civile) dans les zones rebelles. La Syrie est ravagée par une guerre civile depuis 2011.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré l’état d’urgence dans les dix provinces turques touchées. »Nous avons décidé de déclarer l’état d’urgence pour permettre de mener rapidement les travaux (de secours) », a déclaré le chef d’État turc, précisant que cette mesure était en place pour trois mois.

Le président américain Joe Biden a, quant à lui, promis à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan « toute l’aide nécessaire, quelle qu’elle soit ». Deux détachements américains de 79 secouristes chacun se préparaient lundi à se rendre sur place, selon la Maison-Blanche. Selon le président turc, 45 pays ont proposé leur aide.

 En revanche en Syrie, l’appel lancé par les autorités de Damas a été surtout entendu par son allié russe, promettant des équipes de secours « dans les prochaines heures », alors que, selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider aux secours.

L’ONU a également réagi, mais en insistant que l’aide fournie irait « à tous les Syriens sur tout le territoire », dont une partie n’est pas sous le contrôle du gouvernement. Dans ces zones tenues par les rebelles, frontalières de la Turquie au nord-ouest de la Syrie, au moins 700 morts ont été dénombrés.

 Profitant du chaos créé par le tremblement de terre, une vingtaine de combattants présumés de l’Etat islamique (EI) se sont évadés d’une prison militaire à Rajo, contrôlée par des rebelles pro-turcs. Les bilans de part et d’autre de la frontière n’ont cessé de s’alourdir et, compte tenu de l’ampleur des dégâts, ils devaient d’augmenter au fur et à mesure des recherches. 243 secousses ont été recensées.

Rien qu’en Turquie, les autorités ont dénombré près de cinq mille immeubles effondrés. Et la chute radicale des températures fait courir un risque supplémentaire d’hypothermie aux blessés, coincés dans les ruines. L’Organisation mondiale de la santé a dit elle-même s’attendre au pire et redouter « des bilans huit fois plus élevés que les nombres initiaux ».

Dans la journée de lundi, pas moins de 185 répliques ont été enregistrées, consécutives aux deux premières secousses: l’une de 7,8, survenue en pleine nuit (04h17 locales), l’autre, de magnitude 7,5, à la mi-journée, les deux dans le sud-est de la Turquie.

Des dortoirs ont été ouverts par les autorités locales dans les gymnases ou les collèges ou même dans les mosquées afin d’héberger les rescapés. Mais par crainte de nouveaux séismes, nombre d’habitants ont préféré passer la nuit dehors, comme à Sanliurfa, dans le sud-est turc. « Qui n’a pas peur? Tout le monde a peur », assurait Mustafa Koyuncu, 55 ans, entassé avec sa femme et ses cinq enfants dans la voiture familiale.

Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17’000 personnes, dont un millier à Istanbul. Le chef de l’Etat turc a décrété un deuil national de sept jours et la fermeture des écoles pour la semaine.

13,5 millions de citoyens touchés

Dix provinces turques et 13,5 millions de citoyens ont été impactés directement par les tremblements de terre, a déclaré le ministre turc de l’Environnement et de l’Urbanisation, Murat Kurum, dans les médias locaux. Ce dernier s’est rendu mardi matin dans la ville de Gazientep qui a payé un lourd tribut à la catastrophe naturelle.

Il a qualifié le double séisme, qui a secoué la Turquie et la Syrie lundi, de plus important désastre pour le pays depuis un siècle lorsqu’un événement similaire était survenu en 1939. L’acheminement des secours est compliqué à cause des conditions météorologiques hivernales et des quelque 285 secousses dénombrées jusqu’à présent. 

Quatre arrestations en Turquie après des posts à propos du séisme

La police turque a annoncé avoir arrêté quatre personnes après des messages « provocateurs » postés sur les réseaux sociaux à propos du séisme de la veille, d’une magnitude de 7,8, qui a frappé le Sud-Est de la Turquie.

Les quatre personnes ont été arrêtées après la découverte par des policiers de comptes partageant « des posts provocateurs visant à créer la peur et la panique », a précisé la police dans un communiqué sans détailler le contenu des messages. Selon elle, des recherches plus larges continuent sur les réseaux sociaux. 

Les réseaux sociaux turcs sont inondés de messages de personnes qui se plaignent d’un manque d’efforts de secours et de recherches des victimes dans leurs zones, en particulier à Hatay. « L’adresse et les informations de localisation des citoyens qui demandent de l’aide est immédiatement vérifiée et une coordination est effectuée », assure le communiqué de la police.

La Turquie s’est dotée en octobre dernier d’une loi sur la désinformation qui punit la diffusion de « fausse nouvelle » de jusqu’à trois ans de prison.

La Belgique envoie une équipe de soins d’urgence en Turquie

La Belgique se prépare à envoyer une équipe médicale d’urgence (Emergency Medical Team, de B-Fast) en Turquie, a fait savoir mardi soir le ministère des Affaires étrangères. « Notre pays installera un hôpital de campagne et enverra du personnel pour fournir l’assistance médicale nécessaire à la population locale et soulager la pression sur les hôpitaux turcs », indiquent les autorités belges. Les premiers experts partent mercredi.

Le comité de planification de B-Fast, la structure du gouvernement fédéral activée en cas d’envoi d’aide d’urgence à l’étranger, s’est réuni immédiatement et a organisé une réunion avec l’ambassade de Turquie à Bruxelles afin d’offrir l’aide la plus efficace possible aux zones touchées, expliquent les Affaires étrangères.

L’hôpital de campagne mis à disposition par la Belgique et qui doit être opérationnel dans le courant de la semaine prochaine, pourra traiter plus de 100 patients par jour et accueillir au moins 20 patients pour passer la nuit sous observation. L’équipe sera composée de médecins belges, spécialisés en chirurgie d’urgence, soutenus par des infirmiers urgentistes et d’autres profils médicaux spécifiques.

En fonction des besoins sur le terrain, l’équipe, composée de 70 à 80 personnes, restera sur place plusieurs semaines. Une unité de reconnaissance partira mercredi pour repérer les lieux où l’hôpital pourra être installé. Une deuxième équipe partira ce week-end pour installer l’ensemble de l’hôpital de campagne qui devra être actif au plus tard jeudi prochain. Le matériel, réparti dans plusieurs dizaines de conteneurs, sera acheminé par des avions de la Défense depuis l’aéroport militaire de Melsbroek. Vu les conditions météorologiques extrêmes, la Belgique a également décidé d’envoyer immédiatement 10.000 sacs de couchage.

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