Bruno Demoulin

La lâcheté de l’Occident en 2023 rappelle celle de l’avant Seconde Guerre mondiale

Bruno Demoulin Professeur d'Histoire des relations internationales, Université de Liège

« Quant à nous Européennes et Européens, nous contemplons sans états d’âme les hommes, les femmes, les enfants ukrainiens se faire massacrer », estime Bruno Demoulin, professeur émérite en Histoire des Relations internationales à l’ULiège.

Le récent sommet de l’Otan à Vilnius en juillet et le communiqué du G20 du 9 septembre 2023 témoignent de la faiblesse de l’Europe et plus largement de l’Occident démocratique face à l’agression russe en Ukraine et rappellent hélas ! la conférence de Munich de 1938.

Depuis le début du conflit en Ukraine en 2022, Emmanuel Macron et Olaf Scholz sont les héritiers d’Edouard Daladier et des chanceliers de la République de Weimar. Le premier, soucieux de préserver ses liens avec Vladimir Poutine, n’a cessé d’entrer dans la guerre à reculons. Alors qu’il aurait pu fournir chars Leclerc ou avions Rafale le président français s’est contenté de déclarations lénifiantes. Emmanuel Macron se serait voulu Bonaparte et terminera comme René Coty, en enterrant la Ve République et en ouvrant un boulevard à Marine Le Pen, descendante de Pétain. Un espoir de sursaut démocratique est néanmoins à espérer en France. Olaf Scholz, lui, le porteur de valise de Gerhard Schröder à qui il doit toute sa carrière, par son incapacité à gouverner l’Allemagne, fait le lit de l’extrême-droite, l’AFD : rappelons-nous 1933. Enfin, Joe Biden, dont les forces déclinent, est semblable à Roosevelt moribond à Yalta, il veut préserver la Russie d’une défaite pour la garder en rempart face à la Chine impérialiste

Quant à nous Européennes et Européens, nous contemplons sans états d’âme les hommes, les femmes, les enfants ukrainiens se faire massacrer, utilisant les combattants ukrainiens comme mercenaires. La Belgique est un triste exemple de cette lâcheté, elle, qui après avoir envoyé des casques usagés et des jumelles pour voir tomber les missiles sur Kiev, est incapable d’interdire l’importation du pétrole distribué par Lukoil et des diamants russes à Anvers ou refuse de fournir des F-16. La Roumanie illustre à son tour cette peur en assurant que le drone russe tombé sur le territoire de l’Otan s’était égaré. Seuls les Anglais sauvent l’honneur occidental dans une rare union travaillistes-conservateurs. Ils prévoient l’avenir.

Que faire ? Se mettre dans la peau de Churchill ou de de Gaulle, car demain, lorsque les retombées de la première explosion atomique décidée par Poutine, serpent à sang froid, descendront sur Varsovie ou Berlin, nous serons pris au dépourvu et nous regretterons amèrement notre faiblesse. Il convient de rompre les relations diplomatiques avec la Russie (dont les principaux alliés sont la Corée du Nord et l’Iran, dictatures impitoyables) à l’instar de l’Islande, pays courageux. Puis, il faut accélérer la fourniture des F16, des pilotes canadiens d’origine ukrainienne, pouvant parfaitement les piloter et fournir sans relâche un équipement militaire adéquat dont des ATACMS, pour assurer la victoire ukrainienne et préserver l’avenir de l’Europe démocratique. Cette défaite militaire russe rappellerait celle de la guerre de Crimée de 1856 et laisserait entrevoir une nouvelle démocratisation de la Russie, comme en 1861 lorsque Alexandre II abolit le servage et libéra plus de 23 millions de serfs.

Nous sommes entrés à reculons dans la Troisième Guerre mondiale et nous devons avoir conscience que nous devons résister maintenant ou sinon demain nous serons les vassaux des nouveaux empires dictatoriaux.

Le titre est de la rédaction. Titre original : De Munich (1938) à Vilnius et au G20 (2023) : la lâcheté de l’Occident.

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