Les recettes d’un bon placebo

Pour la première fois, des chercheurs ont examiné si une séance d’acupuncture  » bidon  » fonctionnait mieux qu’un traitement à base de fausses pilules et, surtout, pourquoi

Pour en savoir davantage sur le fonctionnement de traitements placebo (censés ne contenir aucun élément actif susceptible de traiter les malades), une équipe médicale de l’université Harvard, aux Etats-Unis, a comparé l’efficacité de deux d’entre eux. Résultat : de fausses séances d’acupuncture ont démontré une bien meilleure efficacité à soulager la douleur des patients qu’un traitement à base de pilules composées de sucre.  » Ces découvertes indiquent aussi que le rituel qui accompagne le traitement améliore son effet placebo. Il en va de même pour le temps passé avec le patient, souligne Ted Kaptchuk, responsable de ces recherches. Ces points ont cependant été difficiles à mettre en évidence, car lorsque l’on teste l’efficacité d’un nouveau médicament face à un placebo, il arrive que la moitié des personnes traitées au placebo se sentent mieux !  »

Les améliorations décrites par les patients de cette étude restent cependant hautement subjectives : en mesurant les capacités des membres douloureux qu’il s’agissait de soigner, les chercheurs n’ont noté aucun progrès. Les volontaires, eux, étaient persuadés du contraire. De même, l’étude a prouvé que les effets secondaires du traitement, détaillés préalablement par le médecin, influencent ce que ressentent les patients : 25 % des gens soumis à la fausse acupuncture et 31 % du groupe  » pilules sucrées  » se sont plaints de troubles secondaires annoncés (fatigue, déshydratation, etc.), alors que rien de ce qui leur était administré n’aurait dû en provoquer.

L’effet placebo (mot latin signifiant  » Je plairai « , sous-entendu : à mon patient) a été identifié au début du xixe siècle. Il était espéré en échange de pilules de sucre aux noms latins très compliqués, distribuées par les médecins aux malades et à prendre plusieurs fois par jour, afin de donner l’impression d’un traitement très poussé et savamment étudié. Effectivement, sous leur influence, les patients se sentaient souvent mieux que si on ne leur avait rien prescrit. Actuellement, certaines médecines alternatives continuent à être qualifiées de placebos. La récente étude vient de confirmer l’existence de cet effet, mais avec des différences importantes. De plus, le responsable de ces recherches modère l’usage que l’on pourrait faire des résultats :  » Les placebos, prévient-il, sont inefficaces contre une infection bactérienne, par exemple. Dans ce genre de cas, nous déconseillons donc aux médecins de passer de la théorie à la pratique sur leurs patients.  »

Denis Taquet

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