Usurla souhaite poursuivre sa mission à la tête de la Commission européenne. (Photo by Kay Nietfeld/picture alliance via Getty Images)

Une décision « consciente » et « réfléchie » : Ursula von der Leyen briguera un second mandat à la tête de la Commission européenne

L’actuelle présidente de la Commission européenne dit vouloir poursuivre le travail dans le domaine de la compétitivité, du climat, de la numérisation de l’UE, sans oublier la mise en œuvre du Pacte sur la migration et le renforcement des capacités de défense européennes.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé ce lundi sa candidature à un second mandat. Si l’ancienne ministre allemande est la favorite à sa réélection, la reconduction de son mandat pourrait s’annoncer délicat au moment où l’extrême droite affiche ses ambitions.

Membre de la CDU, le parti conservateur allemand longtemps dirigé par Angela Merkel, Mme von der Leyen a officialisé sa candidature à la mi-journée devant sa famille politique réunie à Berlin.

« Je prends aujourd’hui une décision consciente et réfléchie: je souhaite me présenter pour un deuxième mandat », a indiqué la responsable allemande lors d’une conférence de presse après avoir reçu le soutien de la CDU, le parti conservateur allemand dont elle est membre.

Ursula von der Leyen a souligné lundi que sa candidature pour un second mandat était le fruit d’une décision « consciente » et « réfléchie ». « Au cours des cinq dernières années, ce n’est pas seulement ma passion pour l’Europe qui a grandi, mais bien sûr aussi mon expérience de ce que cette Europe peut apporter à ses habitants », a-t-elle déclaré. Elle a dit vouloir poursuivre le travail dans le domaine de la compétitivité, du climat, de la numérisation de l’UE, sans oublier la mise en œuvre du Pacte sur la migration et le renforcement des capacités de défense européennes.  Lors de la conférence sur la sécurité à Munich ce week-end, la présidente de la Commission a d’ailleurs accentué la nécessité de renforcer la défense européenne, alors que le conflit en Ukraine entre bientôt dans sa 3e année et que le soutien des États-Unis est fortement remis en question par les conservateurs américains. Fixées au 9 juin prochain, les élections européennes permettront d’élire les députés du Parlement européen. Les groupes politiques européens choisissent aussi un Spitzenkandidat, qui est le candidat de chaque groupe à la présidence de la Commission. Le poste est censé revenir au parti qui a récolté le plus de voix. À en croire les sondages, cela devrait être le PPE, qui est la coupole des partis chrétiens-démocrates et conservateurs – à laquelle appartiennent, comme la CDU, Les Engagés et le CD&V.  Les sondages prédisent aussi une progression de l’extrême droite au sein du Parlement, ce qui pourrait durcir la politique migratoire et compliquer l’avancement de législations environnementales. 

Après l’annonce de la candidature d’Ursula von der Leyen, le groupe des Verts s’interroge, dans un communiqué, sur le positionnement du PPE. « Vont-ils travailler avec les forces autoritaires et d’extrême droite qui veulent démanteler la protection climatique, la sécurité sociale et la démocratie en Europe? Ou vont-ils plutôt travailler avec les forces pro-démocratie et progressistes pour façonner un futur sûr, durable et démocratique pour les citoyens européens? » Ces derniers mois, le PPE a bataillé contre plusieurs volets du Pacte vert comme la loi de restauration de la nature, qui s’est trouvée fortement édulcorée, ou le règlement visant à réduire l’usage des pesticides, que le Parlement a rejeté.

Un signe de stabilité européenne ?

Un deuxième mandat von der Leyen serait « un signe de stabilité, d’autant plus nécessaire quand nos valeurs européennes sont attaquées de toutes parts », observe Hendrik Wüst, l’une des figures de la CDU (chrétiens-démocrates).

Durant les cinq années où elle a présidé l’exécutif européen, l’unité des Vingt-Sept a été mise à l’épreuve du Brexit, de la pandémie de Covid-19, de l’offensive russe en Ukraine, du bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine.

Alors qu’elle avait été élue d’une courte tête en 2019, imposée comme candidate surprise par les chefs d’Etat et de gouvernement, Mme von der Leyen, âgée de 65 ans, part cette fois en campagne avec une longueur d’avance.

Prévues du 6 au 9 juin, les élections européennes déboucheront sur un renouvellement des têtes des principales institutions de l’Union européenne, dont celle de la Commission européenne, qui doit refléter l’équilibre politique issu du scrutin.

Nouveaux équilibres et menace de l’extrême droite

Le Parti populaire européen (PPE), dont fait partie la CDU d’Ursula von der Leyen, compte le plus de chefs d’Etat et de gouvernement au sein de l’UE et devrait arriver en tête des élections, selon les sondages.

L’ancienne ministre allemande de la Défense, première femme à avoir dirigé la Commission, devrait être désigné par le PPE comme sa tête de liste pour les élections européennes lors d’un congrès les 6 et 7 mars à Bucarest.

Mais à quatre mois du scrutin, les partis d’extrême droite ne cachent pas leurs ambitions, portés par les inquiétudes des Européens face au ralentissement économique, aux règlementations sur l’Environnement ou à la politique d’asile.

Plusieurs sondages font état d’une forte poussée du groupe Identité et Démocratie (ID), qui réunit le Rassemblement national (RN, France) de Marine Le Pen, le Vlaams Belang belge, l’AFD allemand ou encore le FPÖ autrichien.

La présidente Ursula von der Leyen mettra notamment l’accent sur une nouvelle politique de défense européenne si elle est reconduite à son poste. (Photo by Thierry Monasse/Getty Images)

ID pourrait devenir le troisième groupe dans l’hémicycle de Strasbourg, en doublant les libéraux de Renew, par ailleurs également au coude-à-coude avec l’autre groupe de droite radicale en progression autour de Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, du parti polonais Droit et Justice (PiS) et de l’espagnol Vox.

Si la droite radicale sort renforcée des prochaines élections, elle risque de durcir la politique migratoire et de rendre plus difficile l’adoption de nombreux textes, en particulier les législations environnementales.

Conscients de cette concurrence, les élus conservateurs du PPE se sont battus depuis un an contre des projets législatifs phares du Pacte vert dont un texte sur la restauration de la nature, qu’ils ont largement édulcoré, et une loi pour réduire l’usage des pesticides, dont ils ont contribué au rejet.

Un nouveau commissaire de la Défense ?

Face aux réticences grandissantes sur les réglementations environnementales, Mme von der Leyen elle-même a annoncé à l’automne « une nouvelle phase » du Pacte vert, axé sur la compétitivité des entreprises.

Le renforcement de la défense européenne devrait également occuper une place centrale pour la future Commission, au moment où les Européens s’inquiètent d’un possible retour de Donald Trump à la présidence américaine qui pourrait remettre en question le rôle de Washington dans les pactes de sécurité collective.

Mme von der Leyen veut créer, si elle est réélue, un nouveau poste de commissaire à la Défense.

Elle veut augmenter les dépenses de défense, « dépenser mieux » avec des achats européens conjoints afin de donner des garanties aux industriels et permettre une meilleure interopérabilité entre les forces armées européennes.

Au delà du soutien à l’Ukraine face à la Russie, « il s’agit de savoir si les démocraties prévalent à l’échelle mondiale et si nous sommes en mesure de défendre et de protéger nos valeurs. Et la réponse doit être oui », a-t-elle souligné ce week-end à la Conférence de Munich sur la sécurité.

Les sociaux-démocrates doivent désigner début mars leur candidat pour la présidence de la Commission.

Contenu partenaire