La soldate Ori Megidish a été libérée par l’armée israélienne le 30 octobre. © getty images

Israël-Hamas : les otages au centre d’une guerre psychologique

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

La pression de l’armée israélienne sur le Hamas rend de plus en plus urgente une négociation pour la libération d’un maximum d’entre eux.

Plus se resserre l’étau de l’armée israélienne sur les forces du Hamas, plus se rapproche le moment où se posera la question du sauvetage d’otages. Avec tous les risques pour leur vie d’une libération par la force. Pas étonnant, dès lors, que bruissent des rumeurs de négociations pour mettre fin à la captivité de certains.

De façon qui peut paraître étonnante, la progression de Tsahal dans le nord de la bande de Gaza n’a pas donné lieu à des libérations, hormis celle d’une soldate de 18 ans, Ori Megidish. Elle a pu retrouver les siens grâce à une opération conjointe de l’armée et des services de renseignement intérieur du Shin Beth contre une cellule du Hamas dans la nuit du 29 au 30 octobre.

L’intensification de la guerre inquiète légitimement les familles des captifs. Elles ont lancé, le 14 novembre, une marche depuis Tel-Aviv, qui doit les conduire, le samedi 18, jusqu’au devant de la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahou, sous les slogans «Nous les ramènerons» ou «Un accord sur les otages, maintenant». Mais le gouvernement israélien est-il prêt à y consentir?

Le Hamas a accusé Israël de retarder la conclusion d’un arrangement sous l’égide du Qatar. Selon les versions, il prévoirait la remise en liberté de quatre-vingts à cent femmes et enfants kidnappés le 7 octobre contre cent à 275 femmes et enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, une trêve de cinq jours et l’acheminement d’une aide humanitaire à la population de Gaza. Le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammed ben Abderrahmane al-Thani, a pressé le 14 novembre les deux parties de trouver un terrain d’entente, craignant que la détérioration de la situation sécuritaire ferme pour longtemps la fenêtre d’opportunité d’une libération.

Le sort d’otages à la double nationalité ne semble pas susciter beaucoup de réactions des pays concernés.

Après l’élargissement négocié de quatre captives les 20 et 23 octobre et celui forcé de Ori Megidish le 30 octobre, il resterait 239 otages aux mains du Hamas et du Djihad islamique. La plupart, quelque deux cents, sont des Israéliens ou des binationaux, à côté de 23 Thaïlandais et de 17 Népalais notamment, dont on parle très peu. Pareillement, le sort de ressortissants à la double nationalité ne semble étrangement pas susciter beaucoup de réactions des dirigeants des pays concernés, notamment les Etats-Unis (une dizaine d’otages), la France (huit) ou l’Allemagne (cinq). Tout juste a-t-on appris par le New York Times que Washington avait dépêché en Israël des conseillers et des militaires pour les localiser.

En attendant, le Hamas et le Djihad islamique alimentent les tensions que la question peut provoquer dans la société israélienne en diffusant à intervalles réguliers des vidéos de captifs qu’ils se disent prêts à libérer. Leur plus récente communication, en revanche, a ruiné les derniers espoirs des parents de la soldate Noa Marciano. C’est une photo de son corps sans vie que le Hamas a diffusée le 13 novembre. Ses ravisseurs ont assuré qu’elle avait été tuée dans un bombardement israélien, comme ils l’ont prétendu pour une soixantaine d’autres otages.

La guerre n’a pas de limites. Elle est aussi psychologique.

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