Gérald Papy

C’est la hess de Gérald Papy: le grand écart d’Amélie Oudéa-Castéra ou les déboires des gouvernements en France

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

A chaque gouvernement français, sa ou ses nominations qui suscitent la polémique. Les équipes mises en place depuis l’entame de son premier mandat en 2017 par le président Emmanuel Macron, qui ambitionnait de rompre avec l’ancien monde, n’ont pas échappé à ce fléau national, hormis, dans une large mesure, celle cornaquée entre 2020 et 2022 par Jean Castex, le jovial haut fonctionnaire originaire de Prades. Ceci explique peut-être cela.

Il n’a donc fallu que quelques jours pour que le gouvernement du plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Ve République, Gabriel Attal, connaisse sa première mésaventure. A cette aune, il rivalise avec le premier attelage d’Edouard Philippe qui, en 2017, avait dû surmonter les démissions presque immédiates de Richard Ferrand (pour des montages financiers suspects quand il était à la tête des Mutuelles de Bretagne), de François Bayrou, de Sylvie Goulard et de Marielle de Sarnez (tous trois pour des soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen). Pour son gouvernement inaugural, la macronie pouvait plaider l’héritage du passé, la malchance, l’impréparation. Pour sa quatrième expérience, elle s’expose au reproche de ne pas avoir su ou voulu tirer les leçons du passé.

Dans l’affaire actuelle, il n’est toutefois pas, encore, question de démission. Mais de répétition d’«erreurs», oui. Quels sont les faits? Ancienne joueuse de tennis, Amélie Oudéa-Castéra figurait déjà dans le gouvernement d’Elisabeth Borne, au titre de ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. Dans celui de Gabriel Attal, elle hérite de surcroît du département de l’Education nationale. Une promotion mais aussi une exposition plus grande pour ce poste jugé particulièrement sensible dans l’Hexagone. Aussitôt nommée, aussitôt ciblée: la nouvelle ministre est interrogée sur le choix de l’enseignement privé posé pour la scolarisation de ses trois enfants, qui plus est dans le collège-lycée Stanislas, considéré comme très catholique conservateur, au cœur de Paris, elle qui est censée défendre et promouvoir l’enseignement public. La même critique avait été formulée à l’encontre de Pap Ndiaye, ministre de l’Education de mai 2022 à juillet 2023. Dans sa défense, Amélie Oudéa-Castéra invoque «les paquets d’heures […] pas sérieusement remplacées» auxquels un de ses enfants aurait été confronté dans l’école publique Littré. Double faute: une enquête journalistique révèle que l’accusation n’est pas conforme à la réalité vécue, et, si ce genre de difficultés existe effectivement dans l’enseignement public, comment expliquer que sept années de pouvoir macroniste ne les ont pas comblées? Les excuses de la ministre à la direction et aux professeurs de l’ancienne école de ses enfants, le 16 janvier, n’ont pas nécessairement éteint la polémique.

A ce stade de l’histoire, on est partagé entre l’incrédulité devant la tournure hystérique prise par une affaire un peu dérisoire et beaucoup instrumentalisée (Vous avez aimé «l’affaire Amélie Oudéa-Castéra»? Vous vous régalerez avec «l’affaire Rachida Dati», croit-on déjà entendre) et le malaise que provoque la discordance entre les engagements publics et les actes privés de trop nombreux responsables politiques, de droite comme de gauche.

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