Pierce Brosnan aux commandes du Q Boat, dans The World Is Not Enough. © DR

James Bond roule des mécaniques à Brussels Expo

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Présentée à Bruxelles, l’exposition Bond in Motion réunit une cinquantaine de véhicules tout droit sortis des 25 films de la saga, de la légendaire Aston Martin DB5 apparue dès Goldfinger, à la rame de métro de Skyfall. Epoustouflant.

James Bond se décline aussi en chiffre(s). Ceux de son matricule forcément, mais encore le méchant qu’incarnèrent successivement Orson Welles et Mads Mikkelsen dans les deux versions de Casino Royale. Et enfin ceux de l’exposition Bond in Motion, présentée à Brussels Expo jusqu’en mai prochain, et qui, s’étendant sur quelque 6 000 m2, accueille plus de cinquante véhicules, originaux en taille réelle ou miniatures et maquettes, apparus dans les 25 films de James Bond produits par Eon. Un événement que prolonge un double anniversaire, histoire de faire bonne mesure, puisque Dr. No, qui lançait la saga au cinéma sortait sur les écrans en 1962, il y a tout juste soixante ans, tandis que Casino Royale, le premier roman d’espionnage de Ian Fleming et l’acte de naissance de 007, fêtera ses septante printemps pendant l’expo. Publié le 13 avril 1953 en Grande-Bretagne, l’ouvrage connaîtra un tel succès que trois tirages seront nécessaires pour répondre à la demande, le public francophone attendant pour sa part 1960 pour découvrir Espions, faites vos jeux, le titre initial de la traduction française.

L’ Acrostar BD-5J Jet, vu dans Octopussy.
L’ Acrostar BD-5J Jet, vu dans Octopussy. © DR

Mécaniques anglaises et autres

Depuis, Bond a fait du chemin, c’est peu de le dire, et cela, en recourant aux engins les plus divers. Voitures, motos, avions, blindés, hélicoptères, bateaux, sous-marins, hovercraft, trains, navette spatiale, jetpack…, il y en a eu pour tous les goûts, ou presque, dont un large échantillon se trouve réuni pour l’occasion dans une scénographie bien pensée. A tout seigneur tout honneur, la mythique Aston Martin DB5, apparue dès Goldfinger avant de connaître diverses destructions et améliorations au gré de la saga, a droit ici à un traitement de faveur. Dans sa version 2021 de No Time to Die s’entend, avec l’un des vingt-cinq véhicules reproduits à l’identique de l’original par le constructeur pour le 25e Bond, et que l’on peut admirer sous toutes les coutures: immaculée devant l’iconique photo de Sean Connery dans les Alpes suisses ou sur un plateau tournant et criblée de balles comme dans la scène d’ouverture du film. Les aficionados de la marque à l’emblème ailé sont, du reste, particulièrement choyés, avec une galerie imposante des modèles produits par la firme de Gaydon, jusqu’à la DB10 de Spectre ou la DBS Superleggera de No Time to Die.

Une réplique de la mythique Aston Martin DB5, sur un plateau tournant et criblée de balles.
Une réplique de la mythique Aston Martin DB5, sur un plateau tournant et criblée de balles. © DR

Mais si les mécaniques anglaises sont fort bien représentées – avec encore la Lotus Esprit de The Spy Who Loved Me ou les Rolls-Royce Silver Shadow (The World Is Not Enough) et Phantom III (Goldfinger), parmi d’autres –, Bond leur a fait diverses infidélités. Ainsi l’on retrouve ici aussi bien la BMW Z8 de The World Is Not Enough que la Renault 11 démantelée de A View to a Kill, sans parler de la Ford Thunderbird utilisée par Jinx dans Die Another Day, ou la Chevrolet Bel Air conduite par Ana de Armas dans No Time to Die. Même si, plus qu’aux seuls mordus de bagnoles, Bond in Motion s’adresse à ceux que son univers cinématographique a happés au gré d’aventures qui ont vu l’agent secret se multiplier aux quatre coins de la planète, que ce soit par air, par terre ou par mer.

Halle Berry et sa Ford Thunderbird, dans Die Another Day.
Halle Berry et sa Ford Thunderbird, dans Die Another Day. © DR

Imagination et ingéniosité

D’où un parcours immersif qui entraîne le visiteur au son de John Barry pour une parade intermodale aussi ébouriffante que spectaculaire s’ouvrant en altitude avec Little Nellie, pilotée par Bond au Japon dans You Only Live Twice, avant de se poursuivre entre terre et air avec l’AMC Matador utilisée par Francisco Scaramanga dans The Man with the Golden Gun ou la BMW R1200C s’envolant dans le ciel de Bangkok pour Tomorrow Never Dies. Pour aussi gagner les fonds marins avec la Lotus Esprit submersible de The Spy Who Loved Me, et même l’espace avec la navette de Moonraker. On en passe, et de non moins insolites, comme le jetpack, propulseur ascensionnel conçu par Bell Aerospace pour l’armée américaine qui le déclina, mais qui fit le bonheur de 007 dans Thunderball avant de réapparaître dans Die Another Day. Ou l’étui de violoncelle qui permettra à Bond et Kara Milovy de franchir la frontière entre la Tchécoslovaquie et l’Autriche dans The Living Daylights.

Little Nellie, l’une des trouvailles de You Only Live Twice.
Little Nellie, l’une des trouvailles de You Only Live Twice. © DR

Les concepteurs des aventures de Bond ont rarement été à court d’imagination, comme en atteste encore l’imposante panoplie de gadgets et accessoires peuplant les films, dont certains se sont frayé un chemin jusqu’à Bruxelles, à l’instar du rouge à lèvres truqué de No Time to Die ou de la manchette du Hong Kong Standard annonçant la mort du Commander Bond dans You Only Live Twice. Les fans les plus fétichistes apprécieront, les autres se reporteront sur les extraits de films qui accompagnent les différents modèles exposés, histoire de les resituer dans leur contexte cinématographique. Un bonus précieux, venu souligner aussi l’ingéniosité des équipes présidant aux effets spéciaux de la saga, qu’il s’agisse du crash de métro de Skyfall – la rame est l’un des clous de l’expo – ou de la scène dantesque de l’Eurocopter élagueur ouvrant l’usine de caviar de The World Is Not Enough comme une vulgaire boîte de conserve… Mourir peut attendre, en effet…

Bond in Motion, à Brussels Expo, jusqu’au 14 mai prochain.

Chris Corbould, le maître des effets spéciaux

Magicien de l’ombre, Chris Corbould a rejoint la famille Bond il y a plus de quarante ans, pour The Spy Who Loved Me, avant de devenir superviseur des effets spéciaux à partir de Goldeneye. «Ce que j’apprécie tout particulièrement dans les films de Bond, c’est que tant les producteurs Barbara Broccoli et Michael Wilson que les réalisateurs sont attachés à ce que tout soit fait “in camera” pour avoir l’air aussi vrai que possible.» Si la révolution de la CGI (Computer-Generated Imagery, ou effets spéciaux numériques) est bien passée par là, l’idée a toujours été de rester réaliste et crédible – «On a trouvé un compromis heureux, avec des effets physiques – ce n’est pas un énième film Marvel – et d’autres, visuels, qu’ on ne remarque pas». Un refus du tout numérique qui n’est pas étranger au pouvoir de fascination que continuent d’exercer les films. Quant à la scène la plus difficile qu’il ait eu à préparer? Le crash du métro de Skyfall a ses faveurs: «Les rames hors service qu’on pensait utiliser pesaient soixante tonnes. On a donc dû construire les nôtres, de cinq tonnes, ainsi qu’un monorail qui courait tout le long du plateau 007 à Pinewood, et un sol et des piliers qui s’écartaient quand le métro traverse le plafond.» Pour un résultat plus vrai que nature…

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