Elio Di Rupo crise énergétique
Elio Di Rupo © belga

Voici ce que prévoit le gouvernement wallon face à la crise énergétique: est-ce assez?

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Le gouvernement wallon a adopté un premier train de mesures face à la crise énergétique, principalement pour soutenir les ménages les plus fragiles. L’opposition dénonce des « annoncettes ».

Certaines mesures prises durant la crise sanitaire seront ainsi reconduites pour la crise énergétique, précise le gouvernement. C’est le cas du statut de client conjoncturel protégé qui sera prolongé jusqu’au 31 août 2023. Un moratoire hivernal sur les expulsions domiciliaires sera également mis en place pour les expulsions de logements privés jusqu’au 15 mars 2023 et les coupures d’énergie seront suspendues pour les ménages durant les mois de novembre et décembre 2022. Ensuite, les dispositions relatives au passage devant le juge de paix avant toute résiliation de contrat et de coupure entreront en vigueur.

D’autres mesures de soutien aux ménages seront par ailleurs prises: facilitation de la négociation des plans de paiement ou encore mobilisation de la ligne téléphonique du 1718 pour toute question relative à la situation énergétique et aux aides apportées par la Région wallonne, détaille l’exécutif.

Crise énergétique et surprofits

Ce dernier entend en outre lutter contre les ‘surprofits dans les compétences qui sont les siennes. Dans ce cadre, la CWApE (la Commission wallonne pour l’énergie) a été chargée d’évaluer, dans les 15 jours, si des ‘surprofits’ exceptionnels sont réalisés par les distributeurs de gaz et d’électricité et par les producteurs d’énergie renouvelable.

Pour les entreprises, divers dispositifs existent déjà: Easygreen à destination des PME et WalEnergie pour les plus grandes entreprises. Toutes les demandes des entreprises liées à la crise sont centralisées via le 1890. Par ailleurs, une task force a été mise en place avec le gouvernement, les outils économiques et l’administration, poursuivent les autorités régionales.

Selon ces dernières, toute demande qui concerne une réduction d’un impact énergétique sera traitée par une procédure accélérée (isolation, photovoltaïque, etc.).

Le dernier volet des mesures concerne les économies d’énergie, avec notamment un renforcement du budget global des prêts à taux zéro pour rénover son habitation; la diminution de la consommation d’énergie des bâtiments publics – deux circulaires ont été adressées à l’ensemble des administrations wallonnes et aux pouvoirs locaux afin de leur demander de réduire au maximum leur consommation d’énergie – ou encore la réduction de l’éclairage routier sur le réseau régional tout en tenant compte des impératifs de sécurité routière.

Enfin, le gouvernement « continuera à examiner toutes autres pistes possibles pour aider davantage encore les ménages et les entreprises », a-t-il assuré.

« La Wallonie fera sa part » pour contrer la crise énergétique

« Notre marge de manoeuvre est limitée mais ça ne nous décourage pas. La Wallonie fera sa part » pour lutter contre la flambée des prix énergétiques, a réaffirmé le ministre-président régional, Elio Di Rupo, au cours du débat extraordinaire organisé sur le sujet au parlement wallon. L’opposition, qui n’a de cesse de dénoncer « l’inaction » de l’exécutif, est quant à elle restée « sur sa faim » face aux « mesurettes » annoncées.

« La Région aidera les familles et les entreprises en fonction de ses compétences et de ses capacités financières. L’idéal, c’est évidemment un paquet coordonné de mesures prises par l’Union européenne, le fédéral et les Régions dans les limites de leurs compétences », a répété Elio Di Rupo alors que son gouvernement a décidé d’un premier train de mesures destinées à soutenir les ménages (prolongation du tarif social, moratoire sur les expulsions hivernales, suspension des coupures électriques en novembre et décembre,…).

« Le noeud du problème se trouve chez les producteurs. C’est là qu’il faut agir et pour ce faire, c’est l’Union européenne qui est la plus pertinente« , a-t-il ajouté en citant des chiffres de la Cwape, le régulateur wallon du secteur, selon lesquels 82% de la facture de gaz relèvent des producteurs (russes, norvégiens, qataris, algériens, etc) et 11% sont liés au transport et à la distribution. « Le reste comprend les redevances de voirie pour les communes, le tarif social des clients protégés, les compteurs à budget et les raccordements standards gratuits », a détaillé le ministre-président.

Quant à l’électricité, le coût imposé par les producteurs représente plus de 60% du prix total de la facture, auxquels s’ajoutent 20% pour les frais de transport et de distribution.

« A l’aube d’une grave crise »

Malgré cette marge de manoeuvre limitée, la Région doit prendre « des mesures additionnelles », a toutefois reconnu Elio Di Rupo. « Nous sommes à l’aube d’une grave crise, une des plus importantes depuis la fin de la 2ème guerre mondiale. Notre devoir est donc de prendre des mesures supplémentaires. Certaines ont déjà été prises, avec notamment 2 milliards dégagés pour les rénovations énergétiques, mais je suis convaincu que nous devons aller plus loin », a-t-il encore estimé.

« La Wallonie a déjà pris des mesures d’urgence et elle en prendra encore en adéquation avec ses compétences. Mais ce que les citoyens demandent également, ce sont des solutions à long terme, seul moyen d’assurer l’avenir de la Région », a abondé le ministre wallon de l’Energie, Philippe Henry.

L’opposition, elle, reste sur sa faim. « Il y a une série de mesures pour les plus fragiles mais ce n’est qu’un pansement sur ce qui nous préoccupe tous: comment les citoyens vont-ils payer leur facture? » a ainsi réagi le chef de file des Engagés, François Desquesnes. « On est vraiment sur des annoncettes. Nous avions demandé au gouvernement de se bouger et là, il n’y a que son petit doigt qui a frémi », a-t-il conclu.

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